L'inflation dans la zone euro révisée à la hausse

Alan Mudie, Woodman Asset Management

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Si l’euro continue à se renforcer, il faut s’attendre à ce que la BNS intervienne activement sur les marchés FX.

Le relèvement des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne n'a pas été une surprise: la Banque a suivi la Réserve fédérale, la Banque nationale suisse et la Banque d'Angleterre au cours des dernières 24 heures en augmentant de 50 points de base le taux de dépôt pour le porter à 2,0%.

Ce qui a vraiment retenu l'attention du marché, c'est la révision à la hausse des projections de l'inflation des prix à la consommation (IPC) et les perspectives de resserrement quantitatif (QT).

Le grand bénéficiaire a été l’euro. Christine Lagarde s’étant montrée encore plus dure que Jerome Powell.

Les économistes de la BCE ont procédé à des ajustements substantiels à la hausse de leurs perspectives d’inflation. Le chiffre global moyen pour cette année a été révisé de 8,1% à 8,4%, ce qui n’est guère surprenant compte tenu du dépassement des rapports sur l’IPC depuis la dernière mise à jour en septembre. La grande surprise provient des perspectives pour les années suivantes, où les révisions ont été importantes – l’estimation pour l’année prochaine passe de 5,5% à 6,3% et de 2,3% à 3,4% en 2024, tandis que la première estimation pour 2025 a été fixée à 2,3%. Les prévisions relatives à l’inflation sous-jacente (qui élimine les composantes volatiles telles que les denrées alimentaires et l’énergie) sont également en hausse – après 3,9% cette année, la BCE prévoit désormais 4,2% en 2023, contre 3,4% dans les projections précédentes, et une augmentation de 2,3% à 2,8% en 2024, tandis que sa première estimation pour 2025 est de 2,4%, toujours au-dessus de l’objectif à moyen terme de 2,0% de la BCE. En ce qui concerne le QT, la présidente Lagarde a annoncé que la BCE commencerait à réduire son programme d’achat d’actifs (APP) à partir de mars 2023 d’une moyenne mensuelle initiale de 15 milliards d’euros. Cette réduction ne sera pas réalisée par des ventes d’actifs, mais par le biais du remboursement d’environ la moitié du produit des obligations arrivant à échéance.

Si l’on ajoute à cela la précision que les hausses de taux «significatives» se poursuivront à un rythme régulier — c’est-à-dire que d’autres hausses de 50 points de base sont prévues — et que la BCE doit faire plus que ce que le marché attend actuellement, le message de la présidente Lagarde était beaucoup plus belliqueux que prévu par les investisseurs. Il n’est donc pas surprenant que les obligations aient été vendues, entraînant les actions dans leur sillage.

Le grand bénéficiaire a été l’euro. Christine Lagarde s’étant montrée encore plus dure que Jerome Powell hier, les investisseurs s’attendent à une réduction du différentiel de taux d’intérêt entre la monnaie unique et le dollar.

L’euro a également enregistré des gains cet après-midi par rapport au franc suisse, bien que l’écart de taux soit resté inchangé après que les deux banques centrales ont augmenté leur taux d’intérêt du même montant aujourd’hui. La vérité simple est que la BNS doit procéder à un resserrement moins important que la BCE – l’IPC global de novembre en Suisse était de 3,0% (le plus bas de l’OCDE) contre 10,0% dans la zone euro et la BNS s’attend à ce que l’inflation baisse à 2,4% l’année prochaine et à 1,8% en 2024. Toutefois, le président de la BNS, Thomas Jordan, a souligné une nouvelle fois aujourd’hui l’importance de la force du franc suisse pour contenir l’inflation. Si l’euro continue de se renforcer, il faut s’attendre à ce que Jordan tienne sa promesse d’intervenir activement sur les marchés des changes si nécessaire.

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