Les signes d’inflation persistante entraînent les actions américaines à la baisse

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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L’indice des dépenses de consommation personnelles aux Etats-Unis affiche une hausse plus marquée que prévu. Point de situation.

©Keystone

Il y a dix jours, les actions américaines ont chuté et le rendement des bons du Trésor américain a grimpé face aux nouveaux signes de persistance de l’inflation. L’indice des dépenses de consommation personnelles (PCE) aux Etats-Unis a enregistré une hausse plus marquée que prévu. Point de situation.

L’indice PCE a augmenté de 0,6% en glissement mensuel en janvier, aussi bien pour l’indice global que celui qui fait abstraction des prix de l’alimentation et de l’énergie. En glissement annuel, l’inflation globale est ressortie en hausse de 5,4% en janvier, contre 5,3% en décembre.

L’inflation sous-jacente s’est établie à 4,7% (contre 4,6% en décembre), alors qu’elle était attendue à 4,3%. Corrigées de l’inflation, les dépenses de consommation personnelles ont augmenté de 1,1% en janvier. Il s’agit de leur plus forte progression en glissement mensuel depuis mars 2021.

Les secteurs des services de communication, des technologies de l’information et de la consommation discrétionnaire sont ceux qui ont le plus souffert.

Récemment, l’indice S&P 500 a cédé 2,7%. Les secteurs des services de communication, des technologies de l’information et de la consommation discrétionnaire sont ceux qui ont le plus souffert, lestés par leur sensibilité au taux d’intérêt. L’indice Nasdaq, qui fait la part belle aux valeurs technologiques, a lâché 3,3%.

Hausse des rendements obligataires

La hausse des rendements obligataires est imputable à la peur que l’inflation persistante et le dynamisme de l’économie américaine n’obligent la Réserve fédérale américaine (Fed) à relever encore ses taux et à les maintenir durablement à un niveau élevé.

Dans le même temps, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté de 13 points de base (pb), à 3,95%. Quant aux bons du Trésor américain à deux ans, leur rendement a atteint 4,83% (+20 pb), au plus haut depuis 2007.

Les anticipations de marché concernant le point culminant (prévu en août) des taux directeurs aux Etats-Unis ont grimpé à 5,395%, tandis que le taux implicite pour le mois de décembre a grimpé à 5,32%.

A quoi faut-il s’attendre?

On ne sait pas encore si l’économie américaine se dirige vers un atterrissage brutal ou en douceur. Les signes de bonne tenue de la consommation des ménages suggèrent qu’elle résiste bien à la hausse des taux d’intérêt.

De même, la persistance de l’inflation et de la pénurie de main d’œuvre aux Etats-Unis suggère que la Fed devra encore augmenter ses taux, peut-être même substantiellement, pour ramener l’inflation vers son objectif. Face à cette incertitude, les marchés hésitent à poursuivre leur belle progression depuis le creux du mois d’octobre.

Une année d’inflexions

La Recherche d’UBS anticipe une année d’inflexions qui verrait la croissance économique ralentir avant de réaccélérer vers le milieu de l’année. A l’échelle mondiale, ce scénario devrait rester intact. Mais les derniers indicateurs économiques suggèrent que les inflexions n’interviendront pas partout au même moment.

Les investisseurs feraient bien de privilégier certaines zones géographiques plutôt que d’accroître ou, au contraire, de réduire leur prise de risque de manière générale.

Les économies chinoise et européenne se redressent plus tôt que prévu. En revanche, la bonne tenue de l’économie américaine accentue peut-être le risque d’une récession plus marquée par la suite, avec, à la clé, une période d’incertitude un peu plus longue.

Compte tenu de ces divergences, les investisseurs feraient bien de privilégier certaines zones géographiques plutôt que d’accroître ou, au contraire, de réduire leur prise de risque de manière générale. Chez UBS, on appréciera ainsi certaines possibilités d’arbitrage sur la valeur relative permettant de se positionner dans l’optique des points d’inflexion qui se présenteront dans les différents marchés mondiaux, tout en atténuant les risques baissiers.

Comment investir?

D’un point de vue tactique, l’environnement actuel appelle une diversification au-delà des Etats-Unis et des valeurs de croissance. Premièrement, le redressement plus rapide de l’Europe et de la Chine conforte dans l’idée que les actions émergentes et certains marchés d’actions européens comme l’Allemagne surperformeront les actions américaines. Deuxièmement, la trajectoire incertaine de l’inflation et des taux d’intérêt suggère que les valeurs décotées (notamment celles du secteur de l’énergie à l’échelle mondiale) surperformeront les valeurs de croissance.

Troisièmement, compte tenu des risques baissiers qui pèsent sur l’économie américaine, on préconisera toujours une certaine exposition aux secteurs défensifs, avec un bémol toutefois: les valeurs de la consommation de base semblent désormais plus intéressantes que celles de la santé.

Enfin, comme les rendements obligataires sont élevés, des opportunités semblent apparaître dans les différents segments obligataires (high grade, investment grade et obligations des marchés émergents notamment). Toutefois, la prudence est de mise à l’égard des obligations d’entreprises à haut rendement.

Contre le risque persistant d’inflation

Les indices élargis des matières premières devraient progresser étant donné l’équilibre précaire entre l’offre (limitée) et la demande (forte). Les matières premières devraient profiter du déconfinement en Chine et cette classe d’actifs devrait être un bon moyen de se couvrir contre le risque d’une inflation plus persistante.

Enfin, les stratégies de hedge funds moins corrélées peuvent jouer un rôle important de diversification des portefeuilles sur des marchés corrélés influencés par les anticipations de politique monétaire.

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