Les Real World Assets sur blockchain sont en plein développement

Manuel Valente, Coinhouse

2 minutes de lecture

Chronique blockchain. Blackrock a relancé l’intérêt pour ces représentations de produits existants du «monde réel» avec la récente annonce de la création d’un fonds.

L’acronyme RWA pourrait bientôt devenir familier pour le monde de la finance. Les Real World Assets (RWA) sont des représentations de produits existants du «monde réel» sur une blockchain. On parle ici principalement d’obligations, mais également d'œuvres d’art, d’immobilier, ou bien encore d’equity.

L’intérêt autour des RWA vient d’être relancé par une annonce récente de Blackrock: le géant financier annonce la création d’un fonds, BlackRock USD Institutional Digital Liquidity Fund («BUIDL»), destiné aux investisseurs institutionnels. Ce fonds sera établi sur une composition en espèces, en bons du Trésor américain et en accords de rachat, et représente sous la forme de jetons sur la blockchain publique Ethereum, la deuxième valorisation actuelle sur le marché des crypto-actifs.

La tokenisation sur la blockchain présente pour Blackrock un certain nombre d’avantages: trading 24h/24, sécurisation, transparence et auditabilité des transactions sont au rendez-vous. Le rendement du produit sera en outre versé à travers la blockchain directement aux porteurs du jeton.

La Bank of New York Mellon sera le gestionnaire des fonds garantissant la valeur des jetons et des partenaires de renom du monde des crypto-actifs seront également impliqués.

Les RWA représentent une valeur totale de 2 milliards de dollars, principalement concentrés sur la tokenisation de l’or et d’obligations. Ce chiffre a été décuplé en un an.

Les RWA peuvent également concerner d’autres produits à faible liquidité. L’or tokénisé représente désormais une valeur de plus d’un milliard de dollars. Dans l’immobilier, des entreprises comme Landshare lancent des projets de tokenisation d’appartements ou de maisons, l’équivalent blockchain d’une SCI. On trouve également des exemples dans le monde de l’art, ou même celui des crédits carbone. Dans ce dernier cas, la traçabilité des transactions sera évidemment primordiale. Et bien entendu, les stablecoins basés principalement sur le dollar sont primordiaux sur ce marché.

En ce qui concerne les banques, c’est la Société Générale qui avait défriché le concept de RWA, par le biais de sa filiale Forge, qui dès 2019 avait tokénisé des obligations de financement de l’habitat (OFH). L’entreprise est depuis allée encore plus loin, puisqu’elle a noué des partenariats avec des projets de finance décentralisée qui permettent désormais d’utiliser ces jetons comme collatéral pour des emprunts.

Aujourd’hui, sans compter les stablecoins, les RWA représentent une valeur totale de deux milliards de dollars, principalement concentrés sur la tokenisation de l’or et d’obligations. Ce chiffre a été multiplié par dix en un an, et la majorité des analyses s’accorde à dire qu’il pourrait atteindre entre quatre et dix mille milliards de dollars avant la fin de la décennie.

Le marché private equity pourrait également être bientôt transformé par cette nouvelle technologie, qui pourrait notamment lui accorder une liquidité qu’il ne connaît pas actuellement.

Seule ombre au tableau : la technologie avance beaucoup plus rapidement que la régulation, et aucun État n’a encore légiféré sur ce genre de produit. Les limites posées par les régulateurs pourraient donc en réduire la portée et l’intérêt.

Après l’arrivée des ETF spot sur Bitcoin en janvier, il est clair que la frontière entre le monde de la finance traditionnelle et celui de la blockchain est de plus en plus poreuse, à la fois par un accès simplifié aux crypto-actifs pour le monde de la finance, et la tokenisation d’actifs avec tous les avantages que la blockchain procure. Ces deux univers vont donc pouvoir se nourrir mutuellement de leurs qualités respectives.

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