Six leçons pour l’automne

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

3 minutes de lecture

De l’économie à l’écologie, c’est l’occasion de faire ressortir quelques-unes des grandes questions à résoudre d’ici la fin de l’année.

Tour d’horizon des thèmes d’actualité de ces prochains mois et de leur impact potentiel sur les portefeuilles.

1. Biologie: l’efficacité des vaccins

C’est le temps qui dira si les vaccins contre le Covid-19 peuvent empêcher un reconfinement. Des revers au niveau local dans la lutte contre la pandémie sont susceptibles de freiner la reprise économique dans tel ou tel pays. Toutefois, on observe toujours des progrès à l’échelle mondiale et un reconfinement est peu probable dans les pays où le taux de vaccination est élevé.

2. Politique: l’adoption d’un plan de relance aux Etats-Unis

On peut se demander si l’administration Biden parviendra à faire adopter un plan de relance de 3500 milliards de dollars avec de courtes majorités à la Chambre des représentants et au Sénat. Le premier projet de loi sur les infrastructures, doté d’une enveloppe de 550 milliards de dollars, a déjà été accepté par le Sénat. Il en ira, sans doute, de même avec la Chambre des représentants, même si le timing est incertain.

Compte tenu de l'opposition des Républicains et des divisions des Démocrates, un compromis est probable sur le deuxième train de mesures. En effet, le chiffre de 3500 milliards de dollars évoqué par les médias est susceptible d’être ramené dans une fourchette de 1500 à 2000 milliards de dollars.

Certains secteurs connaissent des difficultés d’approvisionnement qui pourraient perdurer pendant plusieurs mois encore.

Même si les marchés tablent sur une rallonge budgétaire, dans la mesure où les impôts seront également augmentés et que le montant net de l’enveloppe consacrée à la relance sera étalé sur une bonne dizaine d’années, le plan de relance n’aura, sans doute, pas un impact déterminant sur les marchés d’actions.

3. Economie: la réduction des achats d’obligations de la Fed

Il se pourrait que la Réserve fédérale américaine (FED) réduise ses achats d’obligations sans enrayer la hausse des marchés d’actions. Elle se prépare d’ailleurs à en donner le coup d’envoi. Mais elle a rassuré les marchés en précisant que la barre pour le relèvement des taux d’intérêt serait placée «nettement plus haut».

Les rendements obligataires augmenteront certainement à mesure que la situation sur les fronts de l’inflation et de l’emploi se rapprochera des objectifs de la Fed (la Recherche d’UBS table sur un rendement de 1,8% pour les bons du Trésor américain à dix ans d’ici la fin 2021). Cette approche graduelle devrait éviter une réédition du «taper tantrum» de 2013. A l’époque, les rendements obligataires avaient augmenté et les actions avaient enregistré une correction.

4. Conjoncture: des marges bénéficiaires élevées

Il est intéressant de se pencher sur les raisons pour lesquelles les marges peuvent rester élevées malgré les nombreux signes de hausse des coûts des biens de production et malgré les ruptures de chaîne d’approvisionnement dans certains secteurs.

Les difficultés d’approvisionnement sont, sans doute, un problème microéconomique, et non macroéconomique. La faiblesse des ratios de rotation des stocks suggère que le problème est lié à une flambée de la demande plutôt qu’à une offre limitée. Cela dit, certains secteurs connaissent des difficultés d’approvisionnement qui pourraient perdurer pendant plusieurs mois encore. En outre, la hausse des coûts des biens de production devrait rejaillir sur les résultats du troisième trimestre et les prévisions formulées par les entreprises à cette occasion.

En 2021, les cours des principales matières premières employées dans la production d’électricité ont augmenté substantiellement.

Cependant, la forte croissance des chiffres d’affaires compense l’augmentation des coûts, ce qui soutient les bénéfices. Dans l’ensemble, le chiffre d’affaires du S&P 500 a augmenté de 4,9% entre le premier et le deuxième trimestre. Du coup, les marges bénéficiaires sont ressorties à leur plus haut niveau depuis plusieurs décennies, à près de 14%, stables ou en hausse dans tous les secteurs. Dans les trimestres à venir, les marges devraient bien résister grâce à une croissance toujours forte et à une atténuation de la pression à la hausse des coûts.

5. Histoire contemporaine: l’Allemagne et le Japon

A présent, les regards vont se tourner vers l’Allemagne et le Japon, où de nouveaux dirigeants sont en passe de prendre leurs fonctions. Au Japon, le parti au pouvoir, fort d’un nouveau chef, restera probablement majoritaire à la chambre basse du Parlement à l’issue des législatives qui se tiendront au plus tard en novembre. A la clé de ces élections: un probable plan de relance budgétaire de grande ampleur.

Historiquement, les élections en Allemagne n’ont jamais vraiment hanté les investisseurs car le système électoral favorise la stabilité et l’évolution graduelle. Ce sera encore le cas. Toutefois, les marchés financiers doivent s’attendre à plus de volontarisme réglementaire et budgétaire pour rendre l’Allemagne plus ingénieuse, plus verte et plus digitale.

6. Ecologie: la neutralité carbone en vue

L’impact de l’inflation induite par l’écologie sera à prendre en compte. En 2021, les cours des principales matières premières employées dans la production d’électricité ont augmenté substantiellement. Par exemple, le mois dernier, le cours du gaz naturel a atteint son plus haut niveau depuis sept ans.

Cette année, plusieurs facteurs spécifiques ont fait grimper les cours. Mais la hausse traduit également le désir de parvenir à la neutralité carbone, ainsi que la nécessité d’investir pour développer les énergies renouvelables.

La transition énergétique devrait continuer de profiter aux entreprises qui développent des technologies vertes.

En bref, la volonté de réduire les émissions de CO2 a abouti à une diminution de l’investissement dans le charbon, alors qu’il faudra du temps pour développer suffisamment les capacités de production dans le domaine des énergies renouvelables.

Par conséquent, investir dans les énergies traditionnelles et les métaux industriels, ainsi que dans les technologies vertes, est un moyen réaliste de participer à la quête de la neutralité carbone tout en diversifiant son portefeuille.

L’essor de l’investissement durable

Ces réponses reflètent les opinions de la Recherche d’UBS en matière d’investissement. Les progrès dans la lutte contre le Covid-19, le probable compromis sur la relance budgétaire aux Etats-Unis, le resserrement graduel de la politique de la Fed et les confortables marges bénéficiaires sont autant d’éléments qui suggèrent que les actions ont encore une marge de progression. On pense notamment aux titres appelés à surfer sur la croissance mondiale, comme les valeurs de l’énergie et de la finance, ainsi qu’aux valeurs japonaises.

Les avis de la Recherche d’UBS sur l’énergie sont également conditionnés par la transition vers la neutralité carbone. Dans ce contexte, les producteurs d’énergie, tels que les grandes entreprises intégrées, sont à privilégier. En effet, ces dernières ont pris des engagements crédibles en matière de neutralité carbone et elles font une place grandissante aux énergies renouvelables dans leur mix énergétique.

La transition énergétique devrait continuer de profiter aux entreprises qui développent des technologies vertes et des solutions pour améliorer la qualité de l’air, tout en créant de nouvelles opportunités sur les marchés du carbone. Toutes ces stratégies s’inscrivent dans le cadre d’un essor général de l’investissement durable, qui est l’approche préférée de la Recherche d’UBS pour ceux qui investissent à l’échelle mondiale.

A lire aussi...