Le rebond des actions devrait résister à des rendements plus élevés

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les investisseurs ont commencé à intégrer la perspective d’un resserrement monétaire plus rapide que prévu.

©Keystone

Il y a dix jours, les rendements souverains ont augmenté. En effet, les investisseurs ont commencé à intégrer la perspective d’un resserrement monétaire plus rapide que prévu jusque-là. 

Cette évolution reflète les signes de regain d’orthodoxie de la Réserve fédérale américaine (Fed), ainsi que le relèvement des taux directeurs de la Banque centrale de Norvège et la perspective d’un retrait plus précoce que prévu des mesures de relance par la Banque d’Angleterre.

Toutefois, cela n’a pas déstabilisé les actions. Et, selon la Recherche d’UBS, cela n’est sans doute pas de nature à perturber ou à enrayer leur rebond. Point de situation.

Les annonces de la Fed sont rassurantes

La Fed est parvenue à dévoiler un calendrier de réduction des achats d’obligations sans provoquer une flambée des rendements obligataires. Ces derniers mois, la Fed avait à cœur d’éviter une réédition du «taper tantrum» de 2013. A l’époque, l’annonce inattendue d’une diminution de ses achats d’actifs avait engendré une forte hausse des rendements obligataires et une correction des actions. 

Le point culminant du cycle conjoncturel est peut-être passé mais la croissance devrait rester forte.

Il y a dix jours, lors de leur réunion, les responsables de la Fed ont indiqué que la réduction des achats d’obligations pourrait débuter cette année et s’achever d’ici la mi-2022, sous réserve que les données économiques le permettent.

L’optimisme est de mise

L’inflexion graduelle de la politique de la banque centrale américaine reflète l’optimisme quant à la croissance économique plutôt que la crainte de l’inflation. Le point culminant du cycle conjoncturel est peut-être passé mais la croissance devrait rester forte. 

La Fed table sur une croissance du PIB des Etats-Unis de 5,9% cette année et de 3,8% l’an prochain, ce qui suggère que la reprise suit son cours. Elle prévoit une décrue de l’inflation sous-jacente à 2,3% en 2022 (contre 3,7% cette année), un modeste dérapage qui semble acceptable étant donné le nouvel objectif symétrique de 2% que la Fed s’est fixé. 

Les indices des directeurs d’achat (Purchasing Managers Index, PMI) publiés il y a dix jours confortent le scénario d’une légère décélération de l’activité économique. Malgré un quatrième mois consécutif de repli, le PMI composite aux Etats-Unis est ressorti à 54,5 points, un niveau nettement supérieur au seuil des 50 points qui marque la limite entre expansion et contraction. Les indices PMI de la zone euro et du Royaume-Uni sont ressortis à des niveaux similaires.

La prudence des investisseurs: un signal positif

Les investisseurs semblent inhabituellement réservés quant aux perspectives des actions, ce qui constitue historiquement un signal contrarien. C’est-à-dire que, comme il est trop tranché, ce signal doit être interprété à l'inverse de sa signification. Le sondage hebdomadaire de l’American Association of Individual Investors (AAII) est ressorti à son plus bas niveau depuis plus d’un an, avec seulement 22% de répondants qui tablent sur une hausse des actions dans les six prochains mois. Ce taux est inférieur à 95% des résultats publiés depuis la première édition de ce sondage en 1987. 

Même si les rendements à dix ans atteindraient 1,8% d’ici la fin 2021 et 2% dans les mois qui suivent, les actions resteraient attrayantes.

Ce baromètre est un indicateur contrarien fiable. Les actions ont tendance à bien se comporter dans l’année qui suit lorsque moins de 25% des répondants sont haussiers. Le signal est encore plus puissant lorsque le climat des affaires est bon, comme cela est le cas actuellement. 

Si les investisseurs sont prudents lorsque l’indice ISM manufacturier est supérieur à sa moyenne de long terme de 53 points (il était à 60 points le mois dernier), le S&P 500 progresse de 22% en moyenne dans l’année qui suit. Le taux de réussite est également élevé. Lorsque ces conditions étaient réunies, les actions ont toujours progressé au cours des douze mois suivants. La performance la plus modeste a été de 4%.

L’impact positif de la hausse des taux d’intérêt

Plutôt que d’enrayer le rebond des actions dans leur ensemble, une légère hausse des taux d’intérêt devrait avoir un impact sur la performance relative des différents secteurs. Depuis 1997, une augmentation des rendements américains à dix ans inférieure à 100 points de base en l’espace de trois mois est associée à une performance positive des actions. Seules les fluctuations plus marquées et plus rapides ont perturbé les marchés d’actions. 

Quand bien même les rendements à dix ans atteindraient 1,8% d’ici la fin 2021 et 2% dans les mois qui suivent, les actions n’en resteraient pas moins attrayantes, toutes choses étant égales par ailleurs, à en juger par la prime de risque actions (qui mesure l’attractivité relative des actions par rapport aux obligations). 

Plutôt que d’enrayer le rebond des actions, la hausse des rendements obligataires devrait avoir une incidence favorable sur les secteurs cycliques comme la finance et l’énergie. Ceci au détriment des valeurs de croissance (technologiques notamment), qui sont davantage pénalisées par l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur la valeur présente des flux de trésorerie futurs.

Privilégier les secteurs cycliques

Par conséquent, il est toujours recommandé aux investisseurs d’acheter les titres appelés à surfer sur la croissance mondiale. Même si le resserrement monétaire sera plus ou moins rapide selon les régions du monde, les principales banques centrales devraient rester globalement accommodantes pour ne pas compromettre la résorption des écarts de production et du sous-emploi. Dans ce contexte, les secteurs cycliques comme l’énergie et la finance, ainsi que les actions japonaises devraient vraiment surperformer. 

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