Au cours de l’année écoulée, l’inflation a sensiblement reculé dans les pays industrialisés. Dans un tel contexte, les investisseurs ont tendance à délaisser quelque peu les obligations indexées sur l’inflation (linkers). Toutefois, dans l’environnement macroéconomique actuel, il est possible d’acquérir une protection contre l’inflation à des conditions intéressantes, ce qui peut se révéler profitable.
Si l’inflation devrait se normaliser cette année, il n’est pas certain qu’elle atteigne l’objectif de 2% fixé par les banques centrales. L’inflation globale demeure en effet obstinément supérieure à ce niveau : en décembre, elle pointait à 3,4% aux États-Unis et à 2,9% dans la zone euro.
Une évolution difficilement prévisible
Le régime d’inflation a changé, ce qui signifie qu’à l’avenir l’inflation moyenne devrait être plus élevée et plus difficilement prévisible qu’au cours des dix dernières années. Cette situation est exacerbée par des facteurs tels que les risques géopolitiques (qui pourraient accroître les pressions sur les prix des matières premières), le changement climatique et la transition énergétique vers une économique «plus verte».
Si la transition énergétique est absolument nécessaire, son prix sera considérable. Afin de décourager l’utilisation des énergies fossiles, les taxes seront probablement accrues, ce qui pourrait entraîner des hausses de prix. Les nouveaux investissements dans les énergies renouvelables, bien qu’indispensables, peuvent également se traduire par une augmentation des prix à court et moyen terme, ce qui est susceptible d’entraîner un déséquilibre temporaire entre l'offre et la demande. Enfin, la fréquence croissante d’événements climatiques ravageurs à l’échelle mondiale pourrait également faire grimper les prix, ce qui affecterait particulièrement les produits alimentaires et les services de transport.
Protection avantageuse contre l’inflation
L’une des principales leçons tirées de la pandémie de Covid sur les conséquences de l’inflation a été que, même faible, celle-ci est susceptible d’influencer la valeur réelle des actifs. Par conséquent, la protection contre l’inflation peut être vue comme une composante clé de l’allocation de base d’un portefeuille. Ainsi, lorsque l’inflation ralentit, des opportunités d’investissement se présentent à l’investisseur qui souhaite protéger son portefeuille contre les risques d’inflation. L'achat d'une protection contre l'inflation est meilleur marché que lorsque l’inflation augmente.
Actuellement, les points morts d’inflation (c.-à-d. le niveau d’inflation auquel une obligation indexée sur l’inflation est plus rentable qu’un titre à taux fixe) à court et moyen terme sont inférieurs à 2%, ou en sont proches, ce qui implique des primes de risque très faibles.
Dès lors que les points morts d’inflation ont baissé, la deuxième partie du rebond obligataire devrait résulter d’une baisse des rendements réels, étant entendu que les économies connaissent un recul de l'inflation et que les banques centrales abandonnent en conséquence leurs politiques restrictives. En effet, les rendements réels sont un indicateur de croissance à long terme.
Stratégies flexibles pour couvrir les risques d’inflation
Les investisseurs qui souhaitent se prémunir contre le risque d'inflation persistant ou bénéficier des prix intéressants de la protection contre l'inflation peuvent envisager une approche flexible axée sur les linkers. Une stratégie de duration courte est indiquée pour tout investisseur qui cherche à se protéger contre l’inflation en évitant dans le même temps un risque de taux d’intérêt trop important en période de taux accrus. Cette approche devrait permettre d’atteindre une corrélation plus élevée entre le rendement total et l'inflation réalisée dans un environnement de taux d'intérêt bas.
Bien que l'inflation globale continue de baisser, il est impossible de prévoir son évolution de manière fiable. C’est pourquoi les obligations indexées sur l’inflation ont toujours leur place dans les portefeuilles des investisseurs.