Les facteurs techniques poussent les obligations vers le haut

Salima Barragan

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Les fondamentaux ne sont pas la meilleure raison pour acheter de la dette corporative. Le point avec Ariel Bezalel de Jupiter.

Les bénéfices ne retrouveront probablement pas leur niveau de la pré-crise avant 2022. Ce qui signifie que, vis-à-vis des cycles précédents, les entreprises maintiendront des ratios d’endettement plus élevés, (à moins qu’elles ne réduisent leurs dettes, ce qui semble pour l’instant compromis). En conséquence, les rendements obligataires sont dramatiquement bas: seulement 10% des émissions rapportent plus de 2%. Dans ces conditions, Jupiter AM privilégie une stratégie «barbell» en investissant simultanément dans des échéances très longues et très courtes, avec une couverture composée d’obligations gouvernementales.

Risques désinflationnistes

Le débat sur la déflation vs l’inflation est au cœur des préoccupations des investisseurs. Alors que chaque Quantitative Easing a amené des espoirs de reflation, Jupiter AM constate qu’elle n’est en fait jamais revenue. Et la pandémie a retardé son arrivée. «Face aux difficultés que traversent les compagnies d’aviations, les restaurant et les hôtels touchés par le coronavirus, un choc déflationniste est plus probable», explique Ariel Bezalel, responsable de la Stratégie Obligataire chez Jupiter AM.

Le problème est que les fondamentaux actuels
ne forment plus qu’une infime partie de l’équation des prix.
L’influence des banques centrales

Stimulés par les milliards des banques centrales qui rachètent à tour de bras toutes les dettes corporatives éligibles, les écarts de crédit ont atteint leur point mort: «les spreads se sont détachés et deviennent plus serrés. La prime de risque est réduite», note le spécialiste. En soi, cette évolution semble saine. Mais le problème est que les fondamentaux actuels ne forment plus qu’une infime partie de l’équation des prix alors que la qualité des bilans devrait déterminer les amplitudes des écarts de crédit. «Il est vrai que les spreads des bonnes entreprises sont proches de leur point bas sur dix ans. Cependant, il a une multitude de points d’interrogation sur les moins bonnes entreprises. Un clivage que nous retrouvons aussi sur les marchés actions où les sociétés aux bilans forts ont de meilleures performances», relève le spécialiste pour qui les obligations sont encore trop chères au vu de fondamentaux qui se détériorent.

Enfin, en réduisant le flottant des titres à revenus fixes disponibles aux gestionnaires d’actifs, «la pondération de la part obligataire dans les portefeuilles a mécaniquement diminué et les excès de liquidités sur le marché laissent les investisseurs structurellement sous-investis», constate Ariel Bezalel. La faiblesse des rendements a également obligé un grand nombre d’entre eux à descendre dans la qualité des notations pour se risquer avec des entités dont les fondamentaux sont questionnables.

Eviter le secteur bancaire

Depuis quelques temps, près de deux tiers de la poche High Yield du portefeuille du gestionnaire se composaient de titres issus de secteurs défensifs comme la Technologie-Media-Télécommunication (TMT), la consommation courante et la santé; des domaines qui ont évolué favorablement durant le confinement. En revanche, il ne détient aucun titre bancaire: «les intérêts négatifs se reflètent sur les banques», commente-il.

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