L’économie mondiale en mode décélération

Yves Hulmann

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Selon Ariel Bezalel de Jupiter AM, la probabilité d’une récession augmente aux USA. Peu de mesures de relance sont à attendre de la Chine.

La divergence entre l’évolution des marchés des actions et celle des fondamentaux de l’économie mondiale est un sujet récurrent chez les experts. L’activité économique mondiale est clairement en train de ralentir, observe Ariel Bezalel, gestionnaire de fonds chez Jupiter Asset Management, qui n’hésite pas à parler à ce sujet de «japonisation du monde développé». «Nous anticipons de nouveaux ajustements sur les marchés alors que les fondamentaux continuent de se détériorer», a résumé l’expert en marchés obligataires lors d’une présentation devant les investisseurs en mai à Zurich. Et d’étayer son argumentation en citant quelques grands indicateurs mondiaux qui vont dans ce sens.

L’indice PMI global en recul sur douze mois consécutifs
entre avril 2018 et avril 2019.

A commencer par l’indice des directeurs d’achat pour l’industrie manufacturière mondiale («JP Morgan Global Manufacturing PMI»), qui a reculé durant douze mois consécutifs entre avril 2018 et avril dernier, même s’il se maintient encore au-dessus du seuil de 50 points. Autre exemple : l’indice de Citi qui mesure les surprises économiques positives et négatives des données économiques publiées évolue aussi en territoire négatif depuis un an. Et pour ne rien arranger, un indicateur de la Réserve fédérale de New York qui estime la probabilité d’une récession aux Etats-Unis durant les douze prochains mois est nettement remonté récemment.

L’industrie slovaque, indicateur avancé du PIB de l’UE

Du côté de l’Asie, il ne faut pas s’attendre à de nouvelles mesures de relance spectaculaires de la part de la Chine, estime Ariel Bezalel. «Les politiques actuellement mises en place par la Chine sont axées avant tout sur le marché intérieur», estime l’expert.

En Europe, la situation de départ est un peu différente mais pas vraiment plus encourageante. En Allemagne, les inventaires des entreprises actives dans l’automobile, la chimie ou l’industrie notamment sont en hausse depuis 2018. L’indice de confiance de l’industrie slovaque – connu pour présenter une corrélation élevée avec les chiffres du PIB de la zone euro – est aussi en net recul cette année.

Les rendements des obligations d’Etat à 10 ans
ont poursuivi leur baisse dans la plupart des économies développées.

Du côté du marché des actions, les secteurs cycliques classiques – énergie, industrie, matériaux, financières – ont affiché aussi une performance inférieure à celle du reste du marché durant le premier trimestre, un signe qui va aussi dans le sens d’une plus grande prudence.

La course aux taux zéro se poursuit

Si les marchés des actions ont su rebondir durant les quatre premiers mois de 2019, les rendements des obligations d’Etat à 10 ans ont, eux, poursuivi leur baisse dans la plupart des économies développées. Le montant total des obligations affichant un rendement inférieur à zéro est remonté à plus de 10 trillions de dollars fin mars, le niveau le plus élevé depuis l’automne 2017. Aux Etats-Unis, la probabilité que la Fed abaisse ses taux en décembre prochain, selon les attentes des participants au marché, dépasse celle du maintien des taux à un niveau inchangé à cet horizon.

Dans ce contexte, l’expert estime qu’un grand nombre de données incite à la prudence pour la deuxième moitié de 2019. Il privilégie dès lors par exemple les segments du crédit avec des durations courtes ainsi que les situations spéciales. Quant aux bons du Trésor américains, ils constituent toujours la première position dans le fonds obligataire qu’il gère avec une part de 30% du total des actifs sous gestion.

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