Les dilemmes de l’investissement durable: ESG ou pas ESG

Masja Zandbergen, Robeco

2 minutes de lecture

Les investisseurs restent fidèles à l’ESG à long terme, malgré l’augmentation de la charge de la preuve.

Les investisseurs durables doivent-ils reconsidérer leurs positions alors que la charge de la preuve quant à l'efficacité de l'ESG implique des investissements toujours plus importants?

On pose souvent aux professionnels de l’investissement durable la question cruciale de la performance et des évolutions obtenues à travers leur rôle d’actionnaire actif. Les réponses à toutes ces questions sont plus compliquées que prévu.

Les connaissances et les différents outils utilisés pour mettre en œuvre la durabilité se sont améliorés au fil des années. De nombreux investisseurs sont désormais bien conscients de ce qu'ils peuvent faire en matière d’exclusion, d’intégration ESG, de portefeuilles net zéro ou d’alignement sur les objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD). Ils comprennent également beaucoup mieux l’impact réel de l’ESG sur le rendement.

Toutefois, il ne suffit plus de comprendre ces questions et de pouvoir y répondre car la charge de la preuve qui pèsent sur les acteurs de l’investissement durable est de plus en plus importante. Cela conduit les spécialistes à effectuer des investissements considérables dans le but d’améliorer leur degré de transparence, notamment afin de se conformer au règlement européen sur la divulgation des informations financières relatives au développement durable (SFDR).

Avec une plus grande attention portée à la transparence, au greenwashing et aux résultats réels, la question qui se pose aux investisseurs aujourd’hui est de savoir s’il faut ou non adopter l’approche ESG.

De fait, les acteurs du marché améliorent leurs politiques existantes en matière de durabilité, d’exclusion et de représentation. En parallèle, l’accent se déplace de plus en plus vers les impacts réels. Les PRI (Principles for Responsible Investment) ont initié cette évolution dans le cadre de leur nouvelle évaluation des investisseurs institutionnels. Ils ne demandent plus seulement des directives et des processus, mais aussi des résultats concrets et des informations sur les portefeuilles. Ainsi, les investisseurs déploient des efforts considérables pour élaborer une feuille de route «zéro émission» afin d’atteindre leurs objectifs et s'assurent que les mesures prises reposent sur des données de qualité permettant un reporting annuel de leurs progrès.

De même, le SFDR oblige les investisseurs à rendre compte non seulement des émissions de gaz à effet de serre et du pourcentage de combustibles fossiles dans un portefeuille, mais aussi de l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes et du rapport entre le nombre de femmes et d’hommes au sein des conseils d'administration.  

Ces développements sont instrumentaux dans un processus qui permet de séparer le bon grain de l’ivraie. En effet, certains investisseurs ne partagent pas la conviction que la prise en compte de la durabilité permet de prendre des décisions mieux fondées, de réduire les risques ou d’obtenir de meilleurs résultats dans la réalité. De fait, on peut mieux les identifier.

Parfois, cette démarche est également motivée par des considérations politiques, comme c'est le cas actuellement aux États-Unis. La difficulté de tenir les promesses de durabilité et d'expliquer clairement ce qu'est l'investissement durable amène certains acteurs du marché à modifier leur comportement de manière positive ou à prendre du recul.

Avec une plus grande attention portée à la transparence, au greenwashing et aux résultats réels, la question qui se pose aux investisseurs aujourd’hui est de savoir s’il faut ou non adopter l’approche ESG. Malgré ces obstacles croissants, les professionnels s’accrochent à l’investissement durable en adoptant une vision à long terme tout en suggérant que la charge de la preuve soit étendue à l’ensemble des marchés financiers.

A lire aussi...