Optimiser son impact en tant qu’investisseur

Masja Zandbergen, Robeco

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Les mesures pour accroître son impact positif en tant qu’investisseur ne manquent pas.

L’allocation de capital constitue l’essence même de l’activité d’investissement. Mais quand les gérants d’actifs investissent au travers des marchés secondaires, il est difficile de faire le lien avec l’allocation effective de nouveaux capitaux. Pourtant, ces mêmes gérants sont tenus pour responsables de tout investissement qui se révèle avoir un impact négatif et, à l’inverse, sont critiqués lorsqu’ils s’attribuent la responsabilité pour des investissements à impact positif.

Le rôle de l’allocation des capitaux

Le marché secondaire ne manque jamais ni d’acheteurs, ni de vendeurs. La vente ou l’achat d’actifs, qu’il s’agisse d’actions ou d’obligations, permet d’influencer les prix mais n’a pas nécessairement d’impact concret dans le monde réel. Cela ne revient pas à dire qu’il est impossible, pour les investisseurs, de jouer un rôle dans la transition vers un monde plus durable. Au contraire, certains mécanismes existent bien.

Le fait de se baser sur des critères ESG pour décider si allouer ou non des capitaux à une entreprise peut provoquer une augmentation du coût du capital de cette même entreprise ou peut servir à signaler à ses parties prenantes que certains ajustements sont nécessaires. L’on manque cependant de données empiriques suffisantes pour déterminer la réelle efficacité de cette approche. Et ce d’autant plus que les entreprises dont les coûts de capital sont élevés nécessitent aussi des rendements plus élevés, ce qui peut représenter un intérêt pour l’investisseur dont leur seul objectif est le gain financier.

Les entreprises tendent à être évaluées sur la base de leur modèle de flux de trésorerie. Une approche, plus long terme, considère qu’une augmentation du coût du capital mènera in fine à de meilleurs rendements pour les gros pollueurs. Mais il y a aussi une autre approche, plus court terme, qui tient compte du changement climatique et de la manière dont ce dernier, avec les risques qu’il comporte, pourrait affecter les flux des entreprises. Il est tout à fait possible d’imaginer l’intégration, dans les cinq prochaines années, d’une «prime climatique» dans les prix qui engendrera une diminution des rendements des entreprises polluantes.

Il est difficile de concevoir que l’achat et la vente d’actions sur le marché secondaire n’ait aucun impact sur la transition climatique.
Intervenir sur tous les fronts

Les investisseurs sont aujourd’hui confrontés à un défi de taille: réduire leur impact négatif sur notre planète et augmenter leur impact positif. Les faits probants manquent pour pouvoir déterminer si cet objectif est atteignable par le biais de l’allocation de capitaux. Mais il existe un certain nombre d’autre moyens pour exercer une influence matérielle positive dans le monde. Se fixer des objectifs de zéro émission nette, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, constitue un exemple de mesure allant dans ce sens.

La décarbonation de ses actifs constitue, dans ce contexte, un élément fondamental. Mais vendre ses actifs à plus forte intensité de carbone ne va pas, pour autant, réduire la quantité de CO2 émise à l’échelle mondiale. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre des mesures complémentaires, telles que la décarbonation de ses propres activités. Cette mesure a un impact concret et direct et démontre, par ailleurs, que les paroles sont suivies par des actes.

L’accélération de la transition climatique passe également par le dialogue. Ce dialogue doit être actif, et peut être engagé aussi bien avec les entreprises qu’avec les gouvernements. Enfin, les investisseurs peuvent également coopérer entre eux, ou avec des chercheurs et des initiatives sectorielles, afin d’établir des normes et de promouvoir un investissement axé sur la lutte contre le changement climatique.  

Les entreprises innovantes peuvent changer la donne

Ceci dit, il est difficile de concevoir que l’achat et la vente d’actions sur le marché secondaire n’ait aucun impact sur la transition climatique. Force est de constater, en effet, que le développement durable gagne en importance et que certains secteurs d’activité deviennent de moins en moins acceptables en tant que cibles d’investissement. Citons seulement l’industrie du tabac, de l’armement et du charbon.

Dans le même temps, certaines entreprises sont devenues plus intéressantes pour les investisseurs dans des domaines tels que l’efficacité énergétique et les véhicules électriques. C’est un signal clair qui est ainsi envoyé aux sociétés qui opèrent dans ces segments. Si les investisseurs ne pourront pas en profiter immédiatement, il s’agit bien là d’une période de transition qui s’annonce.

Mais il existe aussi une seconde manière d’avoir un véritable impact sur les marchés secondaires, qui consiste à identifier dans quelle mesure les entreprises élaborent des produits et des services qui répondent clairement à certains des enjeux du développement durable. Cela inclut la conception de nouveaux modèles d’entreprise et l’expansion de leurs activités dans des marchés, des pays ou des régions peu desservis. L’on peut citer, par exemple, les entreprises qui réduisent leur empreinte carbone grâce au recyclage ou les groupes pharmaceutiques qui travaillent sur des modèles de tarification reposant sur l’efficacité du produit. Ces solutions permettent d’accéder à moindre coût aux soins médicaux, grâce au numérique, ou de fournir des médicaments dans les marchés insuffisamment desservis. Plutôt que de maintenir le statu quo, ces entreprises ont choisi d’avoir un véritable impact. Investir dans ces sociétés signifie leur apporter un actionnaire qui saura soutenir leur mission et leur orientation à long terme et qui les aidera à atteindre soit leurs objectifs financiers que leurs objectifs d’impact.

Ainsi, en tenant compte à la fois de critères ESG et de critères financiers de rentabilité, tout en jouant le rôle d’actionnaire actif auprès des entreprises, des gouvernements et de ses clients, les investisseurs peuvent bel et bien accroître la portée de leur impact.

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