Ne pas perdre le cap de vue

Fabiana Fedeli, Robeco

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Nous sommes au courant de beaucoup de choses, vraiment. Peut-être pas assez, mais nous avons l’impression que c’est déjà trop.

Chaque jour, on nous bombarde de données, de commentaires et de prévisions sur tous les aspects de la conjoncture économique, les différents scénarios de vaccin contre le coronavirus, les sondages relatifs à l’élection américaine et même la probabilité qu’à un moment donné nous assisterons à la remontée tant attendue de l’inflation. Mais toutes ces informations sont-elles utiles pour décider comment allouer nos capitaux d’ici à la fin de l’année, et même à plus long terme? Sûrement pas.

Dans ce déluge d’informations reçues en temps réel, la priorité en tant qu’investisseurs est de déterminer quelles sont les données et les prévisions les plus utiles. C’est pourquoi, et comme toujours, il est primordial de maintenir un cap. Savoir quelle trajectoire suivre pour y parvenir est tout aussi important.

Le vaccin n’est pas la seule réponse

Les perspectives de marché deviennent plus sombres, ce qui a notamment pesé sur la performance des valeurs européennes. Après le choc initial, les données macroéconomiques du troisième trimestre ont créé la surprise par rapport aux attentes très pessimistes. A présent, le marché redoute que la reprise ne s’essouffle et que les bonnes surprises soient déjà passées. Mais il est possible que ces craintes soient exagérées. 

Le nombre de traitements efficaces est en augmentation.

Les mesures de reconfinement ne devraient pas stopper la reprise, car cette deuxième vague semble moins grave que la première, du moins en Europe. Il est vrai que le nombre de cas de COVID-19 a sensiblement augmenté, mais cela est très probablement dû à l’augmentation des tests réalisés. Les taux de mortalité ont nettement baissé car les personnes vulnérables, les personnels soignants et les gouvernements savent mieux comment soigner la maladie. 

De plus, le nombre de traitements efficaces est en augmentation: deux ont d’ores et déjà été autorisés (le dexaméthasone et le remdesivir), deux autres sont disponibles et autorisés pour d’autres indications mais pas encore pour le coronavirus (le tocilizumab et le baricitinib), et deux autres encore devraient bientôt être approuvés (dont le cocktail d’anticorps de la société Regeneron, qui a été administré au président Trump).

Par conséquent, savoir si un vaccin sera disponible en mars, en avril ou en mai ne préoccupe pas outre mesure les investisseurs. En revanche, les effets à long terme de la pandémie sur certaines entreprises sont très préoccupants. Les premières mesures de soutien public aux entreprises et aux travailleurs touchent à leur fin, et les nouveaux plans d’aide – même s’ils sont approuvés – seront probablement moins généreux. 

Les revenus des ménages américains ont baissé en août,
en grande partie à cause de la fin de certaines aides aux chômeurs.

Sur le front de l’emploi, certains signes de fléchissement sont d’ores et déjà visibles aux Etats-Unis, où les chiffres du chômage montrent que les entreprises ont continué de récréer les emplois supprimés pendant la pandémie, mais à un rythme deux fois moins rapide que durant l’été. Des plans de licenciements commencent également à être annoncés par de grandes entreprises. Dans le même temps, les revenus des ménages américains ont baissé en août, en grande partie à cause de la fin de certaines aides aux chômeurs. Il est clair que le plan de relance très discuté aux Etats-Unis contribuerait à soulager les consommateurs et à soutenir l’économie jusqu’à ce que la dynamique soit relancée. 

Tous les marchés ne sont pas bien valorisés

La polarisation actuelle des marchés signifie qu’ils n’ont pas tous atteint des niveaux de performance et de valorisation extraordinaires, ce qui est certainement le cas aussi des titres. Ces dix dernières années, le Nasdaq Composite a surperformé les plus grands marchés actions du monde, suivi par le S&P 500. D’autres marchés ont largement sous-performé.

Dans un marché volatil très influencé par l’actualité, la patience
et la sélection des points d’entrée sont et doivent rester des mots d’ordre.

Les valorisations relatives sont également bien plus raisonnables que celle du marché américain (actuellement de 21x le PER de l’exercice 2020), la Chine et son indice CSI 300 se négociant à 16,7x le PER de l’exercice 2020 et l’Europe à 16x. Il va sans dire que la croissance des résultats sera le véritable facteur discriminant, et c’est ce qu’il faut continuer de surveiller. A ce jour, les différences entre les prévisions de croissance des résultats aux Etats-Unis, en Europe et en Asie du Nord ne présagent pas une telle disparité entre les valorisations. 

Des inquiétudes qui s’apaisent

Elément important, les sources d’inquiétude sont sur le point de disparaître, qu’il s’agisse des élections américaines, d’un vaccin anti-coronavirus ou de la mise sur le marché de nouveaux traitements. Même le Brexit, bien que toujours flou, peut être circonscrit à quelques scénarios (peu optimistes, il est vrai). Cela ne signifie pas que tout va être facile à partir de maintenant, mais simplement que le pire est passé, ou que les voiles se regonflent. 

Certes, certaines valeurs auront besoin de plus de temps pour se remettre des effets post-COVID-19 (si tant est qu’elles s’en remettent un jour), et les éviter reste préférable tant qu’il n’y aura pas plus de visibilité sur ce que l’avenir nous réserve. Dans un marché volatil très influencé par l’actualité, la patience et la sélection des points d’entrée sont et doivent rester des mots d’ordre. Compte tenu des nombreuses directions qui s’offrent à nous actuellement, il est important de maintenir le bon cap pour faire la différence en matière de performance d’investissement.

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