
Le 19 juin approche, et c’est le jour de l’annonce du nouveau taux directeur de la Banque nationale, qui pourrait voir le retour au taux zéro. A la suite d’un sondage d’économistes fin mars qui tablait sur la stabilité après 5 baisses consécutives, les déclarations du président de la BNS, Martin Schlegel, début mai semblent indiquer une baisse probable.
Officiellement mandatée pour maintenir l’inflation entre 0% et 2%, la BNS scrute également la force du franc suisse qui influence les importations et les exportations. Monsieur Schlegel a déclaré début mai que la faiblesse de l’inflation est également causée par des importations meilleures marché, c’est-à-dire par la force du franc. On ne mentionne pas l’industrie d’exportation, mais on sait depuis 2011 qu’elle a son importance aux yeux de la Banque nationale.
Quelles conséquences pour l’immobilier?
La baisse des taux directeurs a des répercussions majeures sur le marché immobilier. Les emprunteurs, qu’il s’agisse d’acheteurs, de propriétaires ou de promoteurs, bénéficient directement de conditions de financement plus favorables. A l’inverse, cette politique met sous pression les acteurs qui doivent générer du rendement, notamment les caisses de pension.
Pour les acheteurs, la baisse des taux rend l’acquisition d’un logement toujours plus attrayante par rapport à la location. Cette dynamique encourage l’utilisation accrue des avoirs du 2e et 3e pilier pour financer l’achat immobilier. Face à cette tendance, la Finma a récemment rappelé aux banques la nécessité de prudence dans l’octroi des crédits hypothécaires. L’entrée en vigueur de Bâle III depuis le 1er janvier devrait également contribuer à tempérer la hausse des prix, puisque cette régulation renforce la discipline du marché et pourrait freiner certaines transactions spéculatives.
Du côté des propriétaires, la hausse des prix de l’immobilier se poursuit. Toutefois, ceux qui souhaitent vendre pour acheter un nouveau bien doivent composer avec des prix d’achat également élevés, ce qui limitera leur marge de manœuvre.
Pour les investisseurs institutionnels, et en particulier les caisses de pension, l’immobilier résidentiel et commercial reste une classe d’actifs attractive dans un contexte de taux bas. Cet appétit soutient la demande et exerce une pression haussière sur les prix des immeubles de rendement. Reste à voir si les caisses de pension intensifieront leur activité de prêts hypothécaires aux particuliers, comme cela a déjà été observé par le passé.
Enfin, la construction, seule réponse durable à la pénurie de logements en Suisse, pourrait profiter de conditions de financement plus avantageuses. Toutefois, la relance du secteur reste entravée par des obstacles administratifs persistants: multiplication des normes, délais d’obtention des permis de construire, et nombre record d’oppositions. La baisse des taux constitue donc un soutien bienvenu, mais ne saurait à elle seule résoudre les défis structurels du marché immobilier suisse.