L'inflation renchérit les prix et confronte la Suisse à de nouveaux défis, mais elle peut paradoxalement représenter une véritable opportunité dans le secteur de l’immobilier, plus particulièrement en ce qui concerne l’achat d’un logement. En effet, si la valeur d'un bien immobilier ne diminue pas en période l'inflation, les hypothèques deviennent pour leur part de plus en plus avantageuses. Profitant de ce phénomène, un acheteur avisé peut donc continuer à investir dans l'immobilier, sans devoir faire face à une dépréciation. Cela explique pourquoi les prix sur le marché de l'immobilier poursuivent leur ascension, bien qu'il y ait actuellement davantage de biens à vendre, comme le démontre la dernière analyse réalisée par Bestag.

L'inflation nous oblige à faire face à de nouveaux défis et ce dans une période déjà incertaine. Notre monnaie perd de sa valeur, rendant les dépenses plus conséquentes et grevant le budget de nombreux ménages. L’immobilier et plus particulièrement l’acquisition d’un logement répond à une logique différente: un bien foncier bien entretenu ne perdra pour ainsi dire pas de valeur sur le long terme.

En cas d'inflation, l’hypothèque se comporte de la même manière que l’épargne, elle se dévalue. En prenant l’exemple d’un acquéreur ayant conclu avec son organisme bancaire une hypothèque sur dix ans avec mensualités fixes: le revenu de ce dernier est susceptible d’augmenter en période d’inflation, a contrario de l’hypothèque qui elle restera stable, ce qui par conséquent allégera la charge de l’acquéreur.

«A titre d’exemple, les économies réalisées sur l’acquisition d’un bien d’une valeur d'un million de francs suisses, avec une inflation de 3,5%, peuvent se monter à 400'000 francs sur 10 ans. Grâce à l'inflation, la valeur du bien augmente pour atteindre 1,4 million de francs. Ainsi, un investissement de 200'000 francs (20% du prix d'achat) aura également augmenté pour atteindre 600'000 francs au cours de ces 10 ans, grâce à l'inflation. De nombreux acheteurs continuent d’investir dans l’immobilier en suivant cette même logique, ce qui participe à faire grimper les prix et cela même si davantage de biens sont mis en vente» explique Patrice Choffat, CEO de Bestag.

L’analyse annuelle réalisée par Bestag scrute le nombre de biens immobiliers à vendre en Suisse, en détailant les résultats au niveau des cantons et des districts. Pour ce faire, Bestag analyse l’ensemble des biens en vente, ainsi que l’activité des courtiers, sur les 18 principaux portails immobiliers du pays.

Les résultats de cette dernière analyse sont particulièrement marqués, alors que le nombre de biens à vendre avait fortement baissé pendant la pandémie, le volume de biens disponibles sur le marché a très fortement augmenté depuis le dernier trimestre 2021. Entre le 1er octobre 2021 et le 1^er juillet 2022, le marché a vu une augmentation de 73% au niveau du volume total des biens mis en vente.

Plus surprenant encore, l'augmentation du taux directeur par la Banque nationale suisse n'a en rien enrayé cette tendance. Au dernier trimestre 2022, le nombre de biens immobiliers à vendre a encore augmenté de 24%, soit 7’152 logements supplémentaires, une hausse exceptionnellement élevée sur un marché traditionnellement atone.

L’ensemble des cantons romands se distinguent par une même tendance: une augmentation spectaculaire de l’offre immobilière durant le deuxième semestre 2022. Arrivent en tête les cantons de Fribourg (+59%), Neuchâtel (+55%) et Genève (+44%), suivis des cantons du Jura (+34%), de Vaud (+32%) et du Valais (+20%). Certains districts atteignent même des résultats impressionnants, à l’image du district de la Broye dans le canton de Fribourg et son augmentation de +126%, entre les mois d’avril et juillet 2022.

Cette tendance peut s’expliquer par plusieurs facteurs, comme le souligne Francisco Hernandez, Directeur Suisse romande de Bestag «Certains acheteurs doivent faire le deuil de taux hypothécaires historiquement bas et sont maintenant réticents face à des taux qui s’élèvent. Les vendeurs quant à eux reviennent sur le marché, après une pause forcée par la crise du COVID-19. Il existe également un sentiment d’urgence influencé par la crainte d’une chute des prix. Nous pouvons dès lors imaginer une certaine stabilisation du marché, lorsque les acheteurs auront digéré les taux bas du passé».