Les bonnes actions...

Philipp Vorndran, Flossbach von Storch

2 minutes de lecture

Après la nette hausse des rendements obligataires, de nombreux investisseurs s'interrogent sur les perspectives des actions. La patience sera récompensée.

L'intérêt est la force de gravité sur les marchés financiers. Un taux d'intérêt plus élevé fait baisser l'évaluation de tous les placements. Pour les obligations déjà émises, la force agit directement : la hausse des rendements entraîne une baisse des cours.

Pour les actions, un niveau d'intérêt plus élevé se traduit avec un certain retard par une baisse des multiples de bénéfices. En bref, il faut un peu plus de temps pour que les investisseurs considèrent la hausse des taux d'intérêt comme durable et prennent en compte un taux plus élevé correspondant lors de l'actualisation des bénéfices futurs. Plus le taux d'actualisation appliqué est élevé, plus la valeur actuelle des bénéfices futurs et donc la valeur de l'entreprise considérée comme juste sont faibles.

Dans un contexte inflationniste, les investisseurs ne devraient surtout pas renoncer aux participations dans les entreprises.

A cela s'ajoute l'augmentation des coûts d'intérêt qui, pour les entreprises fortement endettées, pèsent sur le bénéfice et ont donc un double effet négatif sur le cours des actions. Cet effet se fait encore sentir plus tard, lorsque les anciens crédits à faible taux d'intérêt ont été peu à peu remplacés par des crédits à taux d'intérêt plus élevés.

Que signifie «qualité»?

Faut-il en conclure qu'il vaut mieux ne pas toucher aux actions? Non, cela ne veut certainement pas dire cela! Dans un contexte inflationniste, les investisseurs ne devraient surtout pas renoncer aux participations dans les entreprises. Ce ne serait pas une bonne idée à long terme. Toutefois, une entreprise n'est pas une entreprise. Regardez donc les bons titres, les titres de qualité si souvent cités, même si le terme est désormais assez galvaudé.

Mais qu'est-ce qui caractérise ces entreprises, ou plutôt que signifie «qualité» dans ce contexte? Il existe probablement des définitions très différentes. Pour nous, l'évaluation d'une entreprise porte essentiellement sur sa stabilité bénéficiaire et son potentiel de croissance. La première signifie la robustesse et la fiabilité des bénéfices de l'entreprise. Dans quelle mesure une entreprise est-elle dépendante des cycles économiques, des changements technologiques ou de facteurs externes non influençables? Dans l'idéal, à peine. Quel est son niveau d'endettement? Il est préférable qu'il soit faible. Et peut-elle, dans le contexte actuel, répercuter la hausse des prix sur ses clients? Nécessairement oui.

La phase de consolidation sur le marché des actions va se poursuivre, indépendamment de la reprise de ces derniers jours.

Nous définissons le potentiel de croissance par les taux de croissance attendus du chiffre d'affaires, du bénéfice et du cash-flow, dans la perspective des cinq à dix prochaines années.
Pour illustrer l'influence de la hausse des taux d'intérêt sur la valorisation des entreprises sur le marché des actions, nous avions constitué à la fin du troisième trimestre un panier de 20 actions de qualité ; la majeure partie d'entre elles se trouve également dans nos portefeuilles. Pour les autres, nous attendons encore des prix d'entrée plus bas.

Lorsque le cycle sera terminé…

Par rapport à son sommet de fin 2021, le panier d'actions a parfois chuté de près de 20%. Mais comme les bénéfices des entreprises ont augmenté de 15 pour cent pendant cette période, la valorisation s'est encore plus nettement réduite; le rapport cours/bénéfice de ces titres de qualité est passé temporairement d'un copieux 32 à un modeste 23. Le panier était donc entre-temps valorisé un tiers de moins que fin 2021. Nous avons alors renforcé certaines positions.

Nous partons du principe que la phase de consolidation sur le marché des actions va se poursuivre, indépendamment de la reprise de ces derniers jours. Il est donc tout à fait possible que les cours baissent encore plus nettement - et que des opportunités d'investissement se présentent à nouveau. Le processus s'achève lorsque le cycle de hausse des taux d'intérêt est terminé.

Par nature, un investisseur ne touchera jamais le fond de la correction. C'est pourquoi il est judicieux d'investir par étapes. Les actions de qualité présentent l'agréable caractéristique qu'une baisse de l'évaluation est surcompensée à long terme par une hausse des bénéfices de l'entreprise. L'investisseur patient est donc récompensé.

Ou, en d'autres termes, les bonnes entreprises croissent avec l'inflation, ce qui n'est pas le cas des bonnes obligations.

A lire aussi...