Un chemin long et semé d’embûches

Philipp Vorndran, Flossbach von Storch

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Des taux d'inflation élevés entraînent une hausse des revenus des entreprises et des rendements réels. A long terme, ceux-ci devraient être plus élevés que ceux des obligations.

Le sujet de l’inflation devrait nous occuper longtemps encore. Autrement dit: le chemin à parcourir pour atteindre l’objectif d’un taux d’inflation de 2 % des grandes banques centrales devrait être parsemé d’embûches. En tout cas, une baisse prochaine des taux d’intérêt et une nette chute du rendement des obligations sont peu probables. Les taux d’intérêt n’ont pas atteint leur niveau le plus haut, mais se situent plutôt au départ d’un plateau qui augmentera peut-être encore légèrement. Selon nous, une poursuite de la hausse des taux pour atteindre un niveau nettement plus élevé n’est toutefois pas à prévoir.

En effet, des taux d’intérêt à la hausse constituent un fardeau croissant pour les émetteurs privés et publics et donc également pour l’équilibre du système financier. Une hausse notable des crédits en souffrance ferait office de nouveau test de résistance pour les banques; l’adéquation de leurs fonds propres est certes meilleure qu’avant la crise financière de 2008/2009, mais elle ne serait pas suffisante si le stress subi par le système devait s’accentuer fortement.

La fragilité du système financier et bancaire limite la marge d’augmentation des taux d’intérêt des banques centrales dans le cadre de leur lutte contre l’inflation persistante.

La patience est de mise

Entre-temps, les obligations offrent à nouveau des rendements qui contribuent à la préservation du capital après déduction de l’inflation prévue ou la garantissent même dans le cas des titres indexés sur l’inflation. Ainsi, à l’issue des années non rentables, elles peuvent redevenir une source de rendement fiable qui profitera en particulier aux portefeuilles équilibrés.

L’augmentation des rendements obligataires fait également pression sur la valorisation des actions. Souvent, il faut du temps au marché boursier pour digérer le niveau élevé des taux d’intérêt et pour que la correction de valeur soit effectuée. Comme le montre l’évaluation nettement plus basse des actions de qualité sensibles aux taux d’intérêt, nous avons sûrement déjà parcouru une grande partie du chemin. Le rapport risque/rendement s’est également amélioré ici, car certains secteurs et titres affichent des valeurs encore nettement supérieures à leur moyenne historique.

Si la correction de valeur se poursuivait, elle n’impliquerait pas nécessairement une chute du cours des actions à moyen et à long terme. Cela s’applique tout du moins aux sociétés de qualité dont les bénéfices augmentent durablement et qui peuvent ainsi surcompenser un recul modéré de la valorisation. Des taux d’inflation élevés et durables entraînent des revenus et des bénéfices élevés pour les sociétés ainsi que des rendements réels attrayants qui devraient rester plus élevés que les obligations pendant longtemps. Pour en profiter, il faut faire preuve d’un peu de patience.

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