Les autres «profiteurs» de la hausse des coûts de l’énergie

Yves Hulmann

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Des mid-caps suisses, comme Meier Tobler, bénéficient des investissements accrus liés à la transition énergétique. Rebond des valeurs du solaire aux Etats-Unis.

©Keystone

Avec un bond de 73% depuis le début de l’année, l’action de l’équipementier du bâtiment lucernois Meier Tobler, figure parmi les dix valeurs helvétiques qui affichent les plus fortes progressions en 2022. En hausse de 29% depuis janvier, le titre de Meyer Burger, une société bernoise spécialisée dans la production de modules et panneaux solaires, compte également parmi les dix titres qui affichent cette année les meilleures performances à la bourse suisse, alors que l’indice SPI s’inscrit en repli de 13% cette année. Point commun entre ces deux sociétés: leur envol a coïncidé presque exactement avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a accéléré la hausse des prix du pétrole et du gaz à la fin de cet hiver. En dépit du léger repli des cours du prix du pétrole en juillet et août, nombre de titres de sociétés liées aux énergies propres ou actives dans les techniques du bâtiment ont poursuivi leur tendance haussière ces dernières semaines.

Meier Tobler tire parti de la forte demande pour les pompes à chaleur

Meier Tobler, spécialisé dans les techniques du bâtiment, a été porté au premier semestre par une demande exceptionnelle pour les pompes à chaleur destinées aux rénovations de chauffage. Après six mois, le chiffre d’affaires de l’entreprise lucernoise, issue de la fusion entre Walter Meier et Tobler il y a cinq ans, a augmenté de 7,6% à 258,3 millions de francs, tandis que son bénéfice a plus que triplé à 11,5 millions en comparaison de la même période un an plus tôt.

L’action voit son objectif de cours être rehaussé malgré la prudence dans les prévisions pour la seconde moitié de l’année.

Même si la société est restée très prudente dans ses prévisions pour la seconde moitié de l’année, évoquant notamment les incertitudes liées au contexte géopolitique, lors de la présentation de ses résultats semestriels à la mi-août, l’action a vu son objectif de cours être rehaussé à 24 francs (22 francs précédemment) par la société d’analyse Research Partners.

La rénovation des bâtiments, un thème porteur pour Arbonia

En recul de 36% depuis le début de l’année, l’action de l’équipementier du bâtiment Arbonia n’a pas, jusqu’ici, profité dans une même mesure de la demande pour la rénovation énergétique des bâtiments. L’entreprise a été pénalisée par la hausse des coûts de production et par des difficultés d’approvisionnement, comme c’est le cas pour de nombreux secteurs de l’industrie. Toujours est-il que le groupe thurgovien estime être en mesure de pouvoir augmenter les prix de ses produits en seconde moitié pour compenser la hausse de ses coûts. Surtout, il se montre très confiant au sujet de la demande en pompes chaleurs qui devraient bénéficier notamment des programmes d’incitation mis en place par le gouvernement allemand pour favoriser l’installation d’un demi-million de pompes à chaleur par an, soit plus de trois fois plus qu’en 2021.

Meyer Burger remonte la pente

Peu de petites capitalisations helvétiques ont fait l’objet d’autant de spéculations au cours de ces dernières années que Meyer Burger. Après avoir subi une longue descente aux enfers, l’action du fabricant de modules et de panneaux solaires a connu un rebond spectaculaire depuis la fin de l’hiver en dépit d’une situation toujours déficitaire. En effet, même si le chiffre d’affaires du groupe bernois a pratiquement triplé sur un an pour atteindre 56,7 millions de francs entre janvier et juin, la société basée à Thoune a aussi creusé sa perte à 41 millions au premier semestre (37,2 millions un an plus tôt), selon ses chiffres publiés à la mi-août.

Les annonces du fabricant de modules et de panneaux solaires concernant l’augmentation de ses capacités de production captent l’attention des investisseurs.

A cette occasion, ce sont surtout les perspectives présentées par la société ainsi que ses annonces concernant l’augmentation de ses capacités de production, notamment sur ses sites en Arizona et en Allemagne, qui ont intéressé les investisseurs. Lundi dernier, le courtier américain Jefferies a rehaussé son objectif de cours sur le titre à 0,8 franc (0,75 franc) auparavant) assorti d’une recommandation à l’achat. Vendredi, le titre a clôturé en repli de 4% à 0,502 franc dans un marché en recul dans son ensemble.

Net rebond de First Solar et Sunpower aux états-Unis.

D’autres titres emblématiques de l’industrie solaire ont enregistré un rebond spectaculaire cette année. C’est le cas de First Solar, l’un des poids lourds du secteur, dont le titre a progressé de plus de 39% depuis le début de l’année, suite à un rally spectaculaire cet été, porté notamment par l’annonce d’importants projets d’investissement aux Etats-Unis communiquée par le gouvernement démocrate début août. Dans la même veine, l’action de Sunpower a regagné progressé de 23% cette année sur le Nasdaq après avoir connu un net rebond depuis la fin du mois de juillet. Le titre de SolarEdge Tech a, lui, regagné 7% cette année.

Ces promesses d’investissements accrus dans les énergies renouvelables ont aussi largement profité à Plug Power, l’un des leaders du secteur de l’hydrogène aux Etats-Unis, dont le titre affiche à nouveau une performance positive cette année après avoir regagné 64% au cours des trois derniers mois. Malgré ce rebond récent, le titre reste encore inférieur de moitié à son niveau record atteint début janvier 2021, lorsque l’engouement pour les titres des sociétés actives dans l’hydrogène était à son comble.

Reste que, dans son ensemble, la tendance de fond reste favorable pour les titres des sociétés liées à la thématique des énergies propres. Ainsi, le fonds indiciel (ETF) iShares Global Clean Energy, composé à hauteur de 45% d’actions basées aux Etats-Unis et de 16% de titres de sociétés chinoises, affichait vendredi une hausse de plus de 9% depuis le début de l’année, comparé à une baisse de 14,5% pour l’indice MSCI World.

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