Les actions en 2024 ne sont pas comparables aux années 2000

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La technologie présente des valorisations qui ont fortement augmenté. Néanmoins, la situation reste différente de celle des années 2000 et de la bulle des dotcoms.

Une hausse rapide des indices boursiers ne débouche pas nécessairement sur une situation source de bulle spéculative. Les entreprises technologiques, liées à la numérisation et à l’intelligence artificielle, sont au cœur des attentions. Comme en 2000, le secteur technologique présente dorénavant des valorisations qui ont fortement augmenté. Néanmoins, la situation actuelle reste très différente de celle des années 2000 et de la bulle des dotcoms. En 2024, les prix des sociétés informatiques américaines valent 40,9 fois leurs bénéfices, tandis que le rendement des capitaux propres est de 29,8%. Les valorisations sont soutenues par la croissance de la trésorerie. Depuis 10 ans, celle-ci a été multipliée par 2,5 pour le S&P500 et par 4,5 pour les «7 Magnifiques». Ces niveaux de valorisation contraignent l’investisseur à être plus sélectif.

Il y a environ 25 ans - à l'époque de la bulle spéculative des dotcoms - les indicateurs concernant les cash-flows, l'évolution des bénéfices ou le taux d'endettement étaient dépassés. Le critère portait donc souvent sur le taux d’épuisement net ou la rapidité avec laquelle une entreprise pouvait dépenser ses liquidités. Cela a conduit à des faillites et à l’échec de nombreux investissements. Aux États-Unis, le vendeur de mode sur internet Boo.com a ainsi perdu 188 millions de dollars en 6 mois. Le vendeur de nourriture pour animaux sur internet Pets.com a dépensé 300 millions de dollars puis a cessé ses activités pour avoir dépensé 12 millions de dollars en budgets publicitaires tout en présentant des recettes de 619'000 dollars. En Europe, près de 200 milliards d’euros ont été perdus. Les exemples de Brokat, Gigabell, Biodata ou Infomatec sont les plus importants.

En 2000, le PER des sociétés informatiques de l'indice S&P 500 était ainsi de 73,4, soit près du double du niveau actuel, alors que leur rendement des capitaux propres n’atteignait que 18,3%. Ces valorisations se basaient, non sur les fondamentaux financiers, mais sur des intuitions commerciales dont les chances de succès n'avaient jamais été testées sur le marché.

Cette année, les hausses des cours s’expliquent par des révisions sur les bénéfices. Les actions qui en profitent se distinguent aussi par un niveau de cash supérieur à la moyenne, et un niveau d’endettement relativement plus faible. On ne peut donc comparer la situation de 2024 à celles des années 2000.

Si une correction des indices actions est envisageable, un tel événement serait également une opportunité pour les investisseurs. Si celui-ci se produisait, nous augmenterions alors notre exposition aux marchés actions.

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