Cap maintenu sur les actions et le crédit

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L’économie mondiale a été résiliente malgré deux chocs d’une rare intensité: l'inflation et la hausse des taux d'intérêt.

Ces prochains mois, la désinflation restaurera la confiance des consommateurs et stimulera la consommation, tandis que des taux d'intérêt plus bas allégeront les pressions financières sur les entreprises et encourageront l'investissement. Néanmoins, cinq facteurs limitent une plus forte reprise de l’économie mondiale. Premièrement, les disparités de croissance persistent: le PIB excède le niveau potentiel aux Etats-Unis, l’Europe stagne et la Chine ne reprend pas significativement. Deuxièmement, la détérioration des finances publiques limitera les politiques fiscales et contraindra celles monétaires. Troisièmement, le libre-échange n'est plus considéré comme une vertu bénéficiant à tous les pays et le commerce international poursuit sa fragmentation. Enfin, le risque politique (élections américaines notamment) va prendre de l’importance tandis que les risques géopolitiques persistent (tensions entre la Chine et les Etats-Unis, tensions au Moyen-Orient et conflit militaire en Ukraine). Il est donc encore trop tôt pour anticiper une reprise rapide du cycle économique.

Les valorisations actuelles sur les actions américaines sont élevées mais justifiées. 

Sur les marchés actions, nous restons neutres. Nous augmenterons en cas de correction de 10% des marchés actions. Malgré nos attentes de taux élevés sur une période prolongée, nous pensons que cela n'affectera pas les marchés actions. Les valorisations actuelles sur les actions américaines sont élevées mais justifiées. Les valeurs de qualité sont très recherchées. Par ailleurs, la comparaison avec la bulle tech des années 2000 est fausse. Le secteur technologique vaut actuellement 28 fois ses bénéfices contre 48 fois en 1999: la prime de risque actions est donc plus généreuse. Les valeurs qui portent les indices présentent cette fois des marges bénéficiaires confortables et une faible dette. La majorité des valeurs technologiques sont rentables car elles bénéficient d’avantages concurrentiels très importants. La marge EBITDA de Microsoft depuis 5 ans est par exemple de 50%. Par conséquent, le S&P500 a enregistré 75 milliards de dollars de flux nets entrants depuis début février. Depuis octobre 2023, la surperformance des valeurs technologiques sur le S&P500 est de 7,3%. Accorder un biais sur les grandes capitalisations, de qualité, aussi technologiques et bénéficiant de révisions haussières sur les bénéfices fait donc toujours sens selon nous.

Sur les marchés obligataires, l’assouplissement monétaire démarrera en juin pour la zone euro et au second semestre pour les Etats-Unis et la Suisse. Les attentes des investisseurs (i.e. 3 baisses des taux Fed en 2024) nous semblent désormais en ligne avec les fondamentaux. Nous achetons dorénavant des obligations 5 ans et augmentons notre duration sur le 10 ans américain car le risque d’une hausse de 20-30 bps est compensé par le portage. Les taux 10 ans à 4,3% sont proches de leur niveau d’équilibre de 4,5%. Sur le crédit, nous privilégions donc toujours le risque de crédit qui est moins important que celui souverain. Nous priorisons le crédit de qualité, notamment européen et suisse. Sur la partie spéculative, nous envisageons un niveau de 300 bps sur le High Yield avant de prendre nos profits. Le portage du crédit reste déterminant.

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