Le value investing n’est pas mort

Georg von Wyss, BWM Value Investing

2 minutes de lecture

La prise en compte de la perspective historique peut aider le ressenti à l’égard du style value dans des phases de grande sous-performance.

Ces dernières années, les performances du style value ont été relativement mauvaise, ce qui est très inhabituel dans une perspective historique. Les valeurs de croissance à forte capitalisation ont connu une évolution plus favorable que les actions value depuis 2014. Les différences en termes de valorisation atteignent désormais des niveaux record. C’est particulièrement vrai des valeurs à petite capitalisation, précisément le segment sur lequel se concentrent principalement les investisseurs deep value. Il semblerait donc qu’il n’est plus payant d’acquérir des actions valant un franc pour 60 centimes dans l’attente d’une correction de cette valorisation erronée par le marché.

Conclusion du lauréat du prix Nobel

Cette situation est cependant de nature temporaire. Une comparaison entre les actions les plus chères et les moins chères, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, montre que les différences de valorisation sont devenues extrêmes. Des comparaisons à long terme, par exemple par le Professeur Ken French et le Professeur et lauréat du prix Nobel Eugene Fama, montrent par ailleurs que les actions value ont toujours réussi à long terme à surperformer nettement le marché. 

Pourquoi les investisseurs valeur peuvent-ils être confiants dans la supériorité à long terme de leur style? Parce que les lois de la microéconomie déterminent les cours à long terme, notamment la règle selon laquelle une affaire conduite normalement devrait atteindre des taux de croissance et des marges usuelles pour le secteur. Si les entreprises en tant que telles sont saines et profitables, les évaluations négatives seront remplacées à plus ou moins long terme par des évaluations plus optimistes à la motivation objective. C’est notamment pour cette raison que le value investing fonctionne avec un horizon de placement relativement long. Il faut juste un peu de patience.

Les investisseurs valeur avaient peu de raisons d’être optimistes
ces cinq dernières années. Mais un retournement de tendance se profile.

Avouons que les investisseurs valeur avaient relativement peu de raisons d’être optimistes ces cinq dernières années. En raison des taux d’intérêt faibles, voire négatifs, de nombreux investisseurs ont désespérément cherché des possibilités de placement et se sont principalement reportés sur de présumées valeurs refuges, à savoir les grandes sociétés performantes dont les bénéfices ont progressé ces dernières années. Du fait de cet instinct grégaire, ces titres n’ont cessé de progresser, bien qu’ils affichassent déjà depuis longtemps des valorisations particulièrement élevées. A l’inverse, nous relevons depuis quelques semaines les premiers indices d’un nouveau retournement de tendance.

Cela coïncide avec notre conviction selon laquelle le marché ne peut pas être durablement irrationnel. Cela voudrait dire en effet que les investisseurs ignoreraient sciemment des opportunités de gain. La raison devrait plutôt en être que les investisseurs n’achètent pas actuellement d’actions value malgré leur sous-évaluation évidente, parce qu’ils craignent des baisses de cours à court terme. 

Les avantages à long terme prédominent

La question qui se pose de plus en plus souvent est de savoir si le style value a fait son temps et si les investisseurs vont à l’avenir ignorer durablement et pas seulement temporairement les sociétés massivement sous-évaluées. Dans une phase de grande sous-performance, il est en effet difficile de croire dans les avantages à long terme du value investing. La prise en compte de la perspective historique peut cependant aider dans de telles situations. Et il est également utile de penser que de telles phases de faiblesse ont toujours existé et qu’elles ont été suivies de périodes de très bonnes performances. Tôt ou tard, la chance a toujours tourné, souvent suite à quelques nouvelles moins favorables, permettant aux titres fortement sous-évalués d’afficher une bonne performance et au value investing d’être à la hauteur de sa bonne réputation.

A lire aussi...