BWM Value: résolument à contre-courant

Yves Hulmann

2 minutes de lecture

Le gérant de fonds schwyzois n’a peur d’investir ni dans les banques, ni dans les médias. Il compte CS et ProSiebenSat.1 parmi ses positions.

Les temps sont-ils difficiles pour investir? «Non, au contraire, la période actuelle est passionnante», rétorque d’emblée Thomas Braun, co-fondateur de BWM Value Investing, un gérant d’actifs schwytzois spécialisé dans l’approche dits «value» qui s’intéresse en particulier aux sociétés considérées comme sous-évaluées par rapport à leur juste valeur. «Mieux vaut entrer sur le marché lorsque l’on arrive après une correction», ajoute le gérant.

Environnement de marché toujours positif

Sur le plan macroéconomique, l’environnement de marché reste globalement toujours positif. L’économie continue de croître, l’inflation reste contenue et les évaluations restent correctes, résume le gérant qui souligne rester investi sur le marché. Aucun nuage à l’horizon? Bien sûr, ils ne manquent pas: qu’il s’agisse des risques d’escalade de la guerre commerciale ou de la situation en Italie. Seule précaution, le gérant de fonds a acheté des options «put» pour protéger une partie de son portefeuille. Pour autant, il ne s’agit pas d’un pari baissier sur le marché, insiste Thomas Braun qui compare une telle mesure avec un assurance. «Quand vous achetez une assurance incendie, vous ne faites pas un pari sur le fait que votre maison va brûler. C’est juste une protection au cas où quelque chose devait arriver», compare-t-il.

Deux tiers des actions en portefeuille
se traitent à moins de 60% de leur fair value.

Si les deux fonds phare de la société affichent actuellement une performance négative depuis le début de l’année, la bonne nouvelle est, selon Thomas Braun, que la sous-évaluation de certaines sociétés s’est encore accentuée suite aux chutes des cours survenues sur les marchés. BWM Value Investing illustre son argumentation à l’aide de deux critères: la «fair value» et les ratio cours / bénéfices (PER). Du côté de la juste valeur, la société investit dans plusieurs actions dont le cours atteint moins de 60% de la «fair value». Il s’agit par exemple dans le secteur des médias des groupes allemands ProSiebenSat.1 (52%) et français TF1 (58%) ou dans la banque de Credit Suisse (54%) ou d’EFG International (59%). 

A un niveau de décote encore plus bas, on trouve dans son portefeuille les actions du groupe d’horlogerie Fossil (41%), de l’équipementier Leoni (47%) ou du spécialiste du travail temporaire Kelly (47%). Tout en bas de l’échelle, le gérant a encore une position dans la banque italienne Monte dei Paschi dont l’action ne se traite qu’à 24% de sa «fair value». 

En moyenne, le rapport cours/fair value des actions figurant dans les deux fonds de BWM Value Investing se situe respectivement à 52 et 54%. Le gérant de fonds procède à une analyse similaire des ratios cours/bénéfices: le ratio PER des sociétés contenues dans son portefeuille se situe à moins de 10 en moyenne. Parmi ses positions les plus importantes de son portefeuille à fin septembre, on trouvait notamment Fossil, Credit Suisse et le britannique AerCap Holdings.

La télévision n’a pas dit son dernier mot

Les récentes corrections survenues sur les marchés ont aussi été l’occasion pour le gérant de procéder à nouveaux engagements dans des sociétés. C’est le cas notamment du groupe allemand de médias ProSiebenSat.1. Pour Pascal Prüss, analyste chez BWM Value Investing, la demande pour les contenus télévisuels se maintient à un niveau élevé et l’impact de la publicité augmente grâce à la mise en place de formes publicitaires innovantes permettant de mieux cibler leur public. «Même les géants du commerce en ligne comme Amazon font de la publicité à la télévision», souligne-t-il. En outre, la télévision reste toujours un canal publicitaire important pour construire une marque. Par ailleurs, les groupes actifs dans la télévision développent aussi des offres non linéaires de diffusion de leurs contenus et exploitent les nouvelles possibilités d’adresser la publicité de manière personnalisée.

Exagérations des risques liés à la guerre commerciale 

Parmi ses autres nouveaux engagements, BWM Value Investing a investi dans l’équipementier allemand Leoni. Le gérant considère la correction subie par le titre comme exagérée étant donné que moins de 10% des voitures produites en Europe sont effectivement exportées vers les Etats-Unis. Le reste des produits est directement fabriqué sur place et ne serait pas concerné par d’éventuels taxes douanières supplémentaires imposées par Washington.

Autre nouvel engagement: le joaillier danois Pandora, connu surtout pour sa gamme de produits «Charms». Selon le gérant de fonds schwytzois, beaucoup d’investisseurs ont ignoré que la société s’est entretemps continuellement diversifiée et qu’elle dépend désormais moins de son produit phare.

Côté performance, BWM Value prend soin de comparer l’évolution de ses fonds par rapport aux indices de référence sur une période de vingt ans. «La patience est la recette de l’investisseur value», ne manque pas de rappeler Thomas Braun.