La musique accompagne beaucoup de gens une vie durant. Elle permet de ressentir de nombreuses émotions représentant des situations bien particulière. L'argent est un autre thème central façonnant et affectant la vie. Celui-ci est omniprésent et fait l'objet de nombreux débats. C’est pourquoi nombreuses chansons ont été écrites sur l'argent et la manière dont il affecte notre existence.

L'apparition des services de streaming représente la plus grande évolution de l'industrie de la musique au cours des trois dernières décennies. Dans les années 1990 et aux débuts d’Internet, il s'agissait surtout de téléchargements illégaux de chansons, nuisant aux rétributions des artistes.

Depuis les années 2000, des plateformes de streaming légales (telles que Spotify ou Apple Music) ont émergé et proposent aujourd'hui une grande variété d'artistes, de chansons et de podcasts. Pour les artistes établis, cette solution assure un revenu régulier (environ 0,003-0,005 USD par stream).

Toutefois, pour les artistes émergents, il est difficile de vivre uniquement des streams. En 2021, Spotify a versé 7 milliards de dollars aux détenteurs de droits musicaux. Sur ce montant, 130 artistes ont reçu plus de 5 millions de dollars et 52'600 artistes plus de 10'000 dollars.

Pour les plateformes, les avantages sont évidents puisqu'elles reçoivent des flux de trésorerie par l'intermédiaire des streams individuels, des comptes utilisateurs premium et des publicités. En tant qu'investisseur, il est aussi possible de participer à ce modèle en achetant des actions de services de streaming tels que Spotify.

Depuis peu, les artistes de renom vendent leurs droits musicaux à des sociétés de capital-investissement (telles que KKR, Apollo ou encore Blackstone) ou à des fonds spécialisés (tels que Hipgnosis). A chaque écoute ou diffusion en streaming d’une chanson une petite somme d’argent est donc versée à une société financière.

En octobre 2022, Hipgnosis détenait les droits de 74 des 304 chansons les plus écoutées sur Spotify. Les dépenses globales consacrées aux catalogues musicaux sont passées de 1,9 milliard à 5,4 milliards USD entre 2020 et 2021.

Cela permet à l’artiste d'obtenir instantanément une somme forfaitaire relativement importante au lieu d'attendre les revenus émanant de la diffusion en continu ou des stations de radio. Ce modèle est intéressant pour les artistes confirmés souhaitant planifier leur succession ou donner une seconde vie à des chansons susceptibles de devenir virales grâce aux médias sociaux.

Pour les investisseurs, il s'agit simplement de diversification. Les droits musicaux génèrent des flux de trésorerie réguliers et sont que peu corrélés avec d’autres classes d'actifs. Ils présentent même l’avantage d'être de la propriété intellectuelle et donc des actifs incorporels.

Toutefois, les perspectives en période d'inflation, la hausse des taux d'intérêt et la frénésie dans ce domaine, avec des fonds qui risquent de surpayer les titres, laissent présager des temps plus sombres.

L'effet atmosphérique de la musique sur les décisions et la satisfaction des consommateurs a fait couler beaucoup d'encre. La musique peut aussi nous affecter en influençant notre comportement sur les marchés financiers. Les économistes comportementaux préconisent l'utilisation de la psychologie et du comportement humain pour expliquer la manière dont les préjugés comportementaux et les émotions affectent nos décisions sur les marchés financiers.

Une étude récente montre que le sentiment musical est directement lié aux sautes d'humeur des investisseurs, car il reflète les émotions climatiques ou saisonnières. Ce sentiment musical a une incidence temporairement positive sur les rendements boursiers, car on observe un renversement des prix lorsque l'humeur se stabilise ensuite.

Une étude connexe indique que les investisseurs qui envisagent un marché plus risqué préfèrent écouter de la musique simple et douce. Cette préférence musicale pourrait être due à un effet de contrepoids lors de la planification de décisions futures complexes. Une expérience réalisée en laboratoire a obtenu des conclusions similaires, où les participants étaient soumis à des décisions financières tout en étant exposés à de la musique à différents tempos (élevés ou faibles), ou en l'absence de musique de fond. Dans l'ensemble, la musique à faible tempo a conduit à des investissements plus risqués.

Depuis longtemps, les musiciens écrivent et chantent sur l'argent. Aujourd'hui, la musique et les marchés financiers sont étroitement liés. Non seulement le marché a fortement évolué afin de permettre aux artistes de promouvoir au mieux leur créativité et leurs chansons et d'en vivre, mais les possibilités d'investissement musical sont devenues plus variées en réponse à la numérisation de l'industrie.

Enfin, la musique peut même nous permettre de mieux comprendre les décisions que nous prenons sur les marchés financiers et leur impact sur notre vie quotidienne.