L'action climatique n'est pas remise en cause par les tensions USA-Chine

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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L’optimisme est de mise quant à la perspective d’une accélération de la lutte contre le changement climatique. Explications.

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Il y a dix jours, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Li, a prévenu que les relations compliquées avec les Etats-Unis étaient susceptibles de contrarier les efforts communs dans la lutte contre le changement climatique.

«La coopération sino-américaine sur la question du climat ne peut être envisagée séparément des relations entre les deux pays», a-t-il affirmé. Cette déclaration est intervenue pendant une visite de l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry. Ce dernier a exhorté la Chine à «prendre de nouvelles mesures pour réduire ses émissions», considérant que Pékin «peut en faire plus». Jusqu’ici, la visite de John Kerry n’a pas débouché sur de nouvelles initiatives de lutte contre le changement climatique.

Dans l’immédiat, une coopération plus étroite entre les principaux pays émetteurs ne saute pas aux yeux. Toutefois, l’optimisme est de mise quant à la perspective d’une accélération de la lutte contre le changement climatique. Explications.

Le président Xi Jinping a déclaré qu’il visait la neutralité carbone à l’horizon 2060, ainsi qu’une amorce de diminution des émissions avant 2030.
Des annonces liées au climat en perspective

Les pays attendent probablement la réunion de la 26e conférence annuelle des Nations unies sur le climat (COP 26) de début novembre pour faire des annonces. Il s’agit du principal forum de discussion sur le climat entre les pays depuis la signature de l’Accord de Paris.

Les pays qui ont de nouveaux plans de réduction des émissions devraient profiter de cette tribune pour dévoiler leurs intentions. Il serait également surprenant que les grands émetteurs de CO2 se rendent à cette conférence sans avoir de nouvelles annonces sous le coude. Les déplacements de John Kerry visent probablement à négocier les modalités de ces accords de coopération en vue de la COP 26 et non à conclure à l’avance un accord bilatéral d’approfondissement.

Le gouvernement chinois a également pris des mesures pour réduire les émissions. Le président Xi Jinping a déclaré qu’il visait la neutralité carbone à l’horizon 2060, ainsi qu’une amorce de diminution des émissions avant 2030. Par ailleurs, Pékin a lancé un programme pilote dans la province de Zhejiang axé sur la réduction des inégalités qui comporte un volet environnemental.

Ce programme a de bonnes chances d’être étendu à l’ensemble du pays. Il prévoit la création d’un système de surveillance de l’observance des normes et de marchés de droits (pollution, énergie, eau, émissions de CO2) pour divers produits. En outre, il prévoit un plan de réduction des émissions de CO2 avec divers objectifs à l’échelle de la province.

L’investissement dans le secteur privé augmente à travers le monde entier

Malgré un soutien limité des pouvoirs publics, les Etats-Unis ont installé l’an dernier dix-sept gigawatts (GW) de capacités de production d’énergie éolienne. Dans leur ensemble, les énergies renouvelables représentent 80% des nouvelles capacités de production d’électricité aux Etats-Unis.

A l’échelle mondiale, les capacités de production d’électricité renouvelable ont augmenté de 45% en 2020 pour atteindre 280 GW. Il s’agit de la plus forte augmentation en glissement annuel depuis 1999, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

La préférence des consommateurs pour les produits respectueux de l’environnement est également en train de stimuler l’innovation dans l’agroalimentaire.

Les capitaux privés jouent un rôle de plus en plus important dans le financement de ces projets. A l’échelle mondiale, l’encours des investissements durables dépasse désormais les 35 000 milliards de dollars. Ce qui représente 36% de l’encours total des fonds institutionnels, selon un rapport de la Global Sustainable Investment Alliance publié en août.

Les consommateurs incitent les entreprises à réduire leur empreinte carbone

La prise de conscience du changement climatique fait augmenter la demande pour les moyens de transport plus propres. L’amélioration de la rentabilité permet aux alternatives vertes de remplacer des biens à forte intensité carbone sans recourir aux subventions, comme en témoigne la diminution graduelle des aides à l’achat de voitures électriques en Chine. En 2020, 3,17 millions de voitures électriques ont été vendues dans le monde, selon les chiffres de l’AIE, soit près de cinq fois plus qu’en 2015 (682 845 unités).

La Recherche d’UBS a récemment revu à la hausse ses prévisions de ventes de voitures électrifiées à l’échelle mondiale. Désormais, elle prévoit qu’elles représenteront 25% des ventes en 2025 et 60 à 70% en 2030.

La préférence des consommateurs pour les produits respectueux de l’environnement est également en train de stimuler l’innovation dans l’agroalimentaire, un secteur qui représente environ un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’essor rapide des substituts de viande d’origine végétale en est un bon exemple

La décarbonisation a le vent en poupe

Par conséquent, on peut s’attendre à de nouvelles avancées dans la lutte contre le changement climatique de la part des gouvernements et du secteur privé à l’occasion de la COP 26 qui se tiendra en novembre. La tendance à la décarbonation est solidement ancrée et elle ne sera sans doute pas remise en cause par les tensions entre les Etats-Unis et la Chine.

Dans les mois à venir, les meilleures opportunités résideront certainement dans les fabricants de composants qui fournissent les acteurs de la «greentech» et dans les technologies habilitantes sous-jacentes.

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