Le réveil des valeurs technologiques chinoises

Salima Barragan

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Le temps est-il venu d’investir à nouveau en Chine? L’avis de Daryl Liew de REYL Singapore.

Suite au rebond spectaculaire des titres des géants technologiques chinois, l’Empire du Milieu est-il de nouveau en odeur de sainteté? Pas si vite, tempère Daryl Liew. Selon le Chief Investment Officer de REYL & Cie basé à Singapour, une pause dans le cycle du relèvement des taux américains offrira un point d’entrée opportun sur les actions chinoises. Mais pour l’instant, il mise sur les paniers d’obligations à haut rendement.

Les investisseurs hésitent à revenir sur le marché chinois en raison de la politique «zéro covid» qui coûte cher au pays: environ 2 points de croissance annuelle selon les estimations de Daryl Liew. La baisse continue de nouveaux cas et la réouverture progressive de certaines grandes villes depuis le début du mois de juin soutiendront sans aucun doute la conjoncture (dont les chiffres macro-économiques pour le mois de mai sont en légère amélioration), mais ne suffiront pas à rattraper le retard de croissance abyssal que le gouvernement tente de compenser à coups de mesures ciblées sur certains secteurs clés et d’émissions d’obligations sur les infrastructures.

Un cycle monétaire désynchronisé

Depuis 2020, la consommation des ménages progresse en dessous de la tendance pré-covid malgré un raccrochage temporaire durant le mois de juillet 2021. «Les ventes de détails sont problématiques, mais elles n’ont pas autant souffert que les revenus des restaurants lors du confinement», commente Daryl Liew. L’indicateur de l'activité manufacturière (PMI) évolue toujours au-dessous de la barre des 50 points, c’est-à-dire en zone de contraction alors que celui des services (également sous les 50 points) a légèrement repris depuis la réouverture graduelle de quelques mégapoles chinoises. «Les exportations, déterminées par la demande mondiale, devraient rester modérées en raison des risques de récession en Europe et aux États-Unis», ajoute-t-il.

Les titres des géants technologiques profiteront de l’assouplissement à venir des mesures qui avaient été édictées à leur encontre.

En avance sur ses homologues occidentaux avec une première hausse de taux en 2021, la Banque centrale chinoise dispose de quelques cartes à jouer. «La PBOC, qui n’est pas sur le même cycle, est en train de couper son taux directeur et augmenter son stimulus monétaire», relève Daryl Liew.

Ainsi, le gouvernement compte mettre tous les moyens possibles en œuvre afin de compenser le coût onéreux de sa politique «zéro covid». «Malgré ses efforts, elle n’atteindra pas son objectif de croissance de 5,5%, mais au mieux 3,5%», reconnait-il.

Des élections présidentielles prévues en novembre

Sans surprise, le président Xi Jinping a amendé la constitution chinoise afin de briguer un troisième mandat. Quelles sont les implications de ce scrutin? «Le président actuel continuera à enrayer le COVID-19 afin d’assurer sa réélection», estime Daryl Liew qui n’attend aucun étonnement du côté des suffrages ainsi qu’une continuité dans l’inflexion des politiques gouvernementales. «Pékin a changé sa position envers les secteurs technologique et immobilier», souligne le spécialiste.

Les titres des géants technologiques profiteront de l’assouplissement à venir des mesures qui avaient été édictées à leur encontre. Le secteur immobilier, qui représente 25% du PIB, a bénéficié d’une première baisse de 20 points de base du taux hypothécaire. De plus, certaines rumeurs circulent sur l’autorisation d’anciennes IPOs en attente. Le sort des titres chinois cotés aux États-Unis (ADRs) soulève toutefois des interrogations.

Des valorisations attrayantes sur la tech chinoise

La surperformance des actions technologiques chinoises sur leurs pairs américains donne le ton. Mais Daryl Liew recommande «d’attendre la prochaine pause dans le cycle du relèvement de taux d’intérêt américain pour se positionner dessus». Il apprécie le leader local de l’e-commerce, Alibaba, qui a enregistré une contreperformance depuis le début de l’année de -7,5%, mais qui se traite à seulement 15,1x les bénéfices, ainsi que le mastodonte Tencent qui affiche un p/e de 26,7x.

En attendant un point d’entrée servi par la Fed, le spécialiste table sur les indices obligataires asiatiques à haut rendement, qui comportent une part importante d’immobilier chinois: «J’escompte des rendements de l’ordre de 12 à 14%, ce qui constitue un profil intéressant si l'on considère que le prix des obligations va rebondir».

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