Le répertoire des émetteurs d’AMC s’étend à grande vitesse

Cyril Gomez

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Chez Exane, l’un des premiers émetteurs, la masse sous gestion des certificats activement gérés a doublé en un an.

© Keystone

Il existe une tendance notable concernant les produits d’investissement passifs consistant à emprunter les caractéristiques de la gestion active. C’est le cas, entre autres, des fonds négociables en bourse (ETF) smart beta et factoriels. Cette tendance s’observe également sur le marché des produits structurés, à travers la forte croissance des certificats activement gérés ou actively managed certificates (AMC), l’un des développements les plus dynamiques au sein de l’industrie de la gestion d’actifs.

Un AMC est un droit de créance qui prend la forme d’un produit indiciel, mais dont les actifs et/ou stratégies sous-jacentes sont gérés, partiellement ou en totalité, de façon discrétionnaire. Les banques Vontobel, Julius Bär, UBS ou encore la fintech indépendante basée à Zurich, GenTwo, pour ne citer qu’elles, figurent au sein d’une liste d’émetteurs d’AMC qui ne cesse de s’allonger depuis une dizaine d’années.

Sans parler d’un des leaders mondiaux de la finance de marché, Exane (dont BNP Paribas détient 50% tout en garantissant l’autonomie par 40% des droits de votes), pour qui les AMC ne sont pas nouveaux, puisque ce dernier a lancé son premier certificat en 2005 via sa division Exane Derivatives qui émet des AMC en marque blanche pour le compte de ses clients institutionnels. «L’encours de la masse sous gestion de nos AMC a été multiplié par deux depuis l'année dernière», constate Julien Morizot, Head of Sales chez Exane Derivatives à Genève.

«L’AMC est un outil d’allocation personnalisé, à travers lequel un gérant
peut implémenter une stratégie de placement commune pour tous les clients.»

Flexibilité, transparence et faiblesse des coûts font en effet des AMC des solutions de plus en plus incontournables et complémentaires par rapport aux produits d’investissement plus traditionnels tels que les fonds de placement ou les ETF. Dans le cadre d’un mandat de gestion traditionnel de la fortune des clients, l’administration individuelle de leurs comptes s’avère souvent lourde et fastidieuse et pas toujours extensibles à mesure qu’augmente le nombre de mandats.

À ces défis opérationnels s’ajoutent l’impossibilité pour des clients disposant d’une fortune modeste d’avoir accès à de nombreuses solutions d’investissement exigeant des montants planchers d’investissement initial. Pour un nombre important d’asset managers, cette entrave réduit de façon considérable l’univers des clients potentiels. Même lorsqu’un asset manager décide de lancer son propre support de placement personnalisé, celui-ci se heurte à des barrières élevées telles que les frais de mise en place et de mise sur le marché (time-to-market) de la structure, ainsi qu’à des contraintes réglementaires à la limite du supportable.

«L’AMC est un formidable outil d’allocation entièrement personnalisé, à travers lequel un gérant peut implémenter une conviction ou stratégie de placement commune pour tous les clients», explique Julien Morizot. L’univers des actifs sous-jacents pouvant être intégrés dans un AMC est pratiquement sans limite, allant des actifs traditionnels (actions, obligations, matières premières, devises) aux alternatifs (dérivés et autres produits à levier, voire des produits structurés). La gestion est en outre centralisée, avec un seul code ISIN, et l’asset manager gagne en efficacité en réalisant d’importantes économies liées, par exemple, aux passages d’ordres au sein du portefeuille et avec les banques dépositaires, avec reporting mensuel et track record.

«La structure d’un AMC consiste en un advisor, qui est l’asset manager, un émetteur et un agent de calcul, ces deux dernières fonctions pouvant être assumées par une même entité. Cette structure permet au manager, typiquement un gérant de fortune, de se concentrer sur la gestion, laissant à l’émetteur le soin de prendre en charge toute la partie administrative, telle que l’exécution et l’émission du certificat», poursuit Julien Morizot. Qui précise que la mise en place d’un AMC ne prend qu’une semaine environ contre un à trois mois pour un fonds commun de placement. L’expert ajoute qu’un AMC peut être lancé avec un seuil minimal d’investissement de seulement trois millions de francs, un montant qui rendrait la gestion d’un fonds traditionnel difficilement rentable.

«Le risque de contrepartie est géré à travers la création d’un compte ségrégé
qu’Exane Derivatives ouvre chez BNP Paribas Securities Services.»

«Les sous-jacents étant gérés de façon discrétionnaire, la qualité du suivi constitue la clé de la réussite de ce type de solution», insiste Julien Morizot. Celle-ci dépend à son tour des capacités internes de l’émetteur en termes d’accès aux classes d’actifs et de fonds éligibles en tant que sous-jacents, mais également en termes de mode d’exécution. L’accès transparent, aisé et peu coûteux aux dérivés et produits à levier permet notamment de gérer le risque de marché en combinant des instruments long et short dans le cadre d’une approche de marché neutre (market neutral).

Il est important de noter qu’un AMC étant un produit structuré, la banque émettrice en est également la contrepartie pour son client. Ce risque est accentué du fait que, en fonction de la nature du certificat, l’émetteur est également l’acheteur du dérivé inclus dans le certificat. «Le risque de contrepartie est géré à travers la création d’un compte ségrégé qu’Exane Derivatives ouvre chez BNP Paribas Securities Services, et où il y place du collatéral, de sorte que le détenteur sera remboursé en cash en cas de défaut de l’émetteur».

Enfin, un certificat AMC ne constitue pas un fond de placement au sens de la Loi fédérale sur les placements collectifs de capitaux (LPCC). Ils ne sont donc pas soumis à la surveillance de la FINMA. Toutefois, en Suisse, en vue d’assurer la formation transparente des prix, les AMC sont soumis à des exigences particulières, dont celles relatives à la Directive sur les Instruments de Dette avec Structure Spécifique (DDSS) de la SIX Swiss Exchange, entrée en vigueur en mai 2019.

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