Le consommateur imperturbable aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La prévision d’inflation globale annuelle est abaissée à 1,8%. Au Royaume-Uni, les risques d’accélération de la hausse des prix devraient être limités.

©Keystone

La détérioration du conflit commercial et les craintes de récession sur les marchés financiers semblent laisser insensible le consommateur américain. D’après les données mensuelles disponibles, les ventes au détail ont même accéléré au second trimestre, et les indicateurs du moral des ménages évoluent à des niveaux très élevés. Comme ailleurs dans les pays industrialisés, le secteur tertiaire reste imperméable à la faiblesse persistante du secteur manufacturier. La position plus rassurante de la Fed et une baisse probable des taux directeurs en 2019, comme «assurance» contre le conflit commercial, devraient soutenir la consommation et le marché résidentiel à court terme. Le PIB croîtrait alors autour de son potentiel sur le reste de l’année. Cela étant, les risques de récession à moyen terme ont augmenté selon nous. 

L’escalade du conflit commercial et l’incertitude qui en découle pourraient commencer à peser sur les instincts des entreprises. Avec les pressions croissantes sur les marges, traduites par une inflation atone persistante et des coûts salariaux en hausse, les créations d’emploi et l’investissement pourraient souffrir davantage et l’expansion américaine record s’essouffler. Nous surveillons donc de près la croissance de l’emploi, le crédit bancaire et les enquêtes économiques, tous en recul depuis des niveaux très favorables.

La faiblesse persistante de l’inflation sous-jacente américaine a créé la surprise.

Le plus surprenant cette année a été la faiblesse persistante de l’inflation sous-jacente américaine, des biens comme des services. D’autres mesures de cette inflation ainsi que la croissance des salaires sont restées longtemps au beau fixe, mais ont aussi amorcé un ralentissement dernièrement. Au vu également de la forte chute des cours du brut (probablement excessive au vu des risques politiques actuels au Moyen-Orient), nous avons abaissé notre prévision d’inflation globale annuelle de 1,9% à 1,8%.

Retour à la réalité au Royaume-Uni

Nous l’avons dit plusieurs fois : les chiffres du premier trimestre peignaient un portrait trop flatteur de l’économie, la hausse des stocks améliorant la croissance. Cela dit, nous avons été surpris par l’ampleur du revers essuyé par l’activité en avril et par la plongée en territoire négatif de l’indice des directeurs d’achat. Nous avons donc baissé notre prévision de PIB annuel de 1,4% à 1,2%. Selon l’enquête des agents de la Banque d’Angleterre, les intentions d’investissement dans les secteurs secondaire et tertiaire sont à leur plus bas depuis 2008 et ne devraient pas s’améliorer de sitôt en raison du Brexit. 

Un nouveau report du Brexit, potentiellement
suivi d’élections anticipées, est le scénario le plus probable.

Tous les candidats à la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur ont promis de renégocier un accord avec l’UE. En cas d’échec, certains menacent de quitter l’UE sans accord le 31 octobre prochain, choisissant la mesure draconienne de suspension du Parlement s’il reste opposé au «no deal». Nous pensons toujours qu’un nouveau report, potentiellement suivi d’élections anticipées, est le scénario le plus probable. Nous estimons à environ 30% la probabilité d’une sortie sans accord, en deçà du consensus actuel à 32%.

Nous avons abaissé notre prévision 2019 de 1,9% à 1,8%, en intégrant les chiffres de l’inflation légèrement décevants depuis le début de l’année et le récent repli des prix du pétrole. La trajectoire de l’inflation repose sur les évolutions de change et donc le Brexit. La livre semblant avoir absorbé une forte négativité, nous n’attendons pas de dépréciation significative dans notre scénario de base, ce qui devrait limiter les risques de hausse de l’inflation.

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