La géopolitique est l’étude de l’influence de la géographie et de l’économie sur la politique ainsi que sur les relations entre les nations. L’implication de n’importe quelle nation dans les affaires internationales l’expose à de potentiels risques politiques, économiques, militaires et sociaux. C’est ce que l’on appelle les risques géopolitiques.
Divers événements géopolitiques, tels que le vote de sortie du Royaume-Uni hors de l’Union européenne, l’épidémie de COVID-19 ou l’invasion de l’Ukraine par la Russie, exercent un impact sur les prix des actifs. Dans la plupart des cas, à mesure que le risque géopolitique augmente, l’investissement diminue, ce qui impacte négativement l’emploi et les prix des actifs.
Le Bitcoin peut-il contribuer à préserver l’épargne des investisseurs dans un monde géopolitiquement incertain? Tâchons de répondre à cette question.
Le risque géopolitique
L’incertitude géopolitique est un risque géopolitique. Les investisseurs peuvent l’estimer en examinant l’indice de risque géopolitique (GPR) de Caldara et Iacoviello, qui est actuellement calculé en déterminant le nombre d’articles que dix journaux différents (Chicago Tribune, The Daily Telegraph, Financial Times, The Globe and Mail, The Guardian, The Los Angeles Times, The New York Times, USA Today, The Wall Street Journal et The Washington Post) publient concernant des événements géopolitiques défavorables.
Illustration 1: Indice de risque géopolitique (GPR) de Caldara et Iacoviello
Source: https://www.matteoiacoviello.com/gpr.htm. Du 1er janvier 2014 au 1er septembre 2024. Données mensuelles. Vous ne pouvez pas investir directement dans un indice. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
L’illustration 1 (ci-dessus) présente l’indice de risque géopolitique (GPR) de Caldara et Iacoviello, qui a été conçu pour évaluer les événements géopolitiques défavorables et les risques associés. Lorsque cet indice augmente, la plupart des investisseurs s’attendent à ce que les prix des actions diminuent. En revanche, existe-t-il un lien entre cet indice et le prix du Bitcoin?
Corrélation
Pour explorer la relation entre le prix du Bitcoin et l’indice GPR, nous examinons leurs corrélations suivantes:
- -0,03 durant la période du 1er janvier 2014 au 7 octobre 2024
- 0,01 durant la période du 8 octobre 2023 au 7 octobre 2024
Ceci indique clairement que le prix du Bitcoin n’est pas corrélé avec les événements géopolitiques. Par ailleurs, l’illustration 2 (ci-dessous) présente les corrélations journalières sur une période d’un an entre le Bitcoin et l’indice GPR. Elle représente parfaitement l’absence de relation entre le prix du Bitcoin et les événements géopolitiques défavorables.
Illustration 2: Corrélation journalière avec l’indice GPR sur une période d’un an
Sources: WisdomTree, GlassNode, https://www.matteoiacoviello.com/gpr.htm. Données journalières. Vous ne pouvez pas investir directement dans un indice. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
Bien que le Bitcoin et l’indice GPR ne soient pas corrélés à long terme, la plupart des investisseurs adoptent une vision beaucoup plus court-termiste. Lorsqu’ils constatent qu’un important événement géopolitique évolue, ils souhaitent comprendre son impact immédiat sur leurs portefeuilles.
Illustration 3: Prix du Bitcoin en périodes d’événements géopolitiques majeurs
Source: WisdomTree, GlassNode, https://www.matteoiacoviello.com/gpr.htm. T = le jour de l’événement. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
L’illustration 3 (ci-dessus) présente trois exemples d’événements et leur impact à travers le prix du Bitcoin la veille de l’événement (T-1), au jour de l’événement (T), ainsi que 3, 7 et 30 jours après l’événement (T+3, T+7 et T+30). Dans deux cas sur trois, le prix du Bitcoin baisse le jour de l’événement, et ne se rétablit pas dans les 30 jours suivant les deux événements. Il s’agit simplement d’illustrer ici que le Bitcoin ne constitue pas une couverture contre le risque géopolitique.
L’histoire du Bitcoin
Le Bitcoin est à la fois un réseau et une monnaie:
- En tant que réseau, il fonctionne sans intermédiaire centralisé. Il permet ainsi de transférer de la valeur entre deux parties différentes de manière non censurable. Fort de plus de 15 années d’existence, le Bitcoin en tant que réseau s’est révélé particulièrement utile dans les régions en voie de développement aux systèmes financiers peu fiables/corrompus, et/ou appliquant des contrôles discriminatoires sur les capitaux.
- En tant que monnaie, le Bitcoin présente une offre limitée, plafonnée à 21 millions de jetons, ainsi qu’un calendrier d’émission clair et codifié. La «politique monétaire» du Bitcoin est par conséquent transparente, contrairement aux monnaies émises par les banques centrales. Le Bitcoin en tant que monnaie est rare et présente des caractéristiques similaires à celles de l’or, mais il offre la possibilité d’effectuer des paiements et des règlements presque instantanément, sans avoir besoin d’une contrepartie centralisée.
Comme expliqué ci-dessus, le Bitcoin n’est pas corrélé à l’indice GPR à long terme. Le Bitcoin est par ailleurs très faiblement corrélé aux actifs traditionnels. Au cours de la période du 31 décembre 2013 au 30 septembre 2024, les corrélations entre le Bitcoin et la plupart des actifs traditionnels se situaient aux alentours ou en dessous de 20%. Il semble par conséquent constituer un excellent actif de diversification à la fois dans des conditions normales de marché et dans des environnements soumis à des contraintes géopolitiques.
Conclusion
En résumé, à long terme, le Bitcoin offre aux investisseurs une réserve de valeur alternative qui transcende les systèmes économique et financier actuels. Bien qu’historiquement le long parcours de réussite du Bitcoin et son absence de relation avec les risques géopolitiques en fassent un actif sûr, il ne constitue pas une couverture contre les événements géopolitiques.