Le baromètre de l’emploi – Automne 2022

Neil Tredinnick, Lotus Partners

2 minutes de lecture

Quelle est la situation sur le marché de l’emploi en Suisse en cette fin d’année?

Les données économiques ne sont pas bonnes et les perspectives pour 2023 ne sont pas réjouissantes. La guerre en Ukraine, les taux d’intérêt qui augmentent avec une rapidité inouïe, l’inflation qui peine à inverser sa courbe croissante et les marchés financiers ayant perdu entre 20 et 35% de leur valeur sont autant de facteurs d’incertitude.

Rien de très positif donc et pourtant le marché de l’emploi reste dynamique. Nous n’assistons pas ou pas encore au même sentiment négatif sur le marché de l’emploi avec un nombre de recrutements de nouveaux collaborateurs de la part de nos clients bancaires et financiers qui est toujours très élevé.

Le secteur trust et fiduciaire n’est pas en berne non plus et notre activité dans ce secteur bénéficie d’une croissance très forte cette année. Mon Associé, Fabrice Tredinnick, qui est en charge de ce secteur, voit 3 principales raisons à ce phénomène de croissance:

  1. La résilience dont a fait preuve la Suisse dans la gestion de la pandémie et plus récemment face à l’inflation, ainsi que sa stabilité politique et la qualité de vie qu’elle offre, contribue à n’en pas douter à renforcer l’attrait des clients fortunés pour notre place financière.
  2. Au même titre que les gérants de fortunes, les trustees sont également soumis à l’obligation d’obtenir une autorisation de la Finma pour continuer d’exercer leur activité à titre professionnel. Les trustees, devant satisfaire à des exigences en termes de situation financière, de personnel et d’organisation, ont dû procéder à de nombreux recrutements ces douze derniers mois, ce qui a également contribué à redynamiser le marché de l’emploi dans ce secteur qui avait été très calme ces dernières années.
  3. Enfin, nous avons pu observer que les gros acteurs du secteur continuent de se développer par acquisition, que ce soit de plus petites structures ne souhaitant pas se lancer dans le processus de demande d’autorisation Finma ou de portefeuilles dont certaines banques souhaitent se dessaisir.
Il y a également pénurie de candidats dans les domaines des crédits, des opérations et dans les domaines du support de façon générale.

Nous constatons qu’un nombre toujours très élevé de nos candidats trouvent rapidement un nouvel emploi en ce moment. J’ai évoqué précédemment cette année la difficulté que les employeurs ont pour aboutir un processus de recrutement que ce soit en raison d’une difficulté à trouver des candidats due à la pénurie de talents ou en raison d’offres refusées par les candidats ayant de nombreuses autres opportunités sur le marché.

Et bien nous assistons encore à cette même dynamique actuellement avec autant de difficulté pour les employeurs à recruter certains profils.

Parmi les secteurs touchés par la pénurie de candidats nous pouvons citer les domaines de la finance avec très peu de candidats disponibles dans les domaines de la comptabilité et de l’audit notamment.  Il y a également pénurie de candidats dans les domaines des crédits, des opérations et dans les domaines du support de façon générale.

Comment expliquer cette situation de marché de l’emploi en 2022 qui est à contre-courant des marchés financiers et indicateurs économiques?

Nous entendons beaucoup parler cette année du phénomène de la «grande démission» qui touche notamment les Etats-Unis. Nous ne pensons pas que ce phénomène touche la Suisse pour le moment. La difficulté pour les entreprises à recruter cette année vient selon nous des raisons suivantes:

  • Rattrapage post Covid: il y a eu peu de démissions en 2021 en raison des incertitudes liées au Covid. Les collaborateurs qui envisageaient de changer d’emploi en 2021 ont tous démissionnés cette année.
  • Il y a un déficit de personnel sur le marché lié aux départs en retraite des baby-boomers qui n’est pas compensé par l’arrivée de jeunes travailleurs qualifiés. Nous parlons d’un déficit sur le marché du travail en Suisse de 500'000 collaborateurs d’ici à 2030 qu’il va falloir combler.

D’autre part certaines entreprises moins attractives sur le marché peinent à attirer les talents. En effet, depuis le Covid, les attentes des collaborateurs ont changé et donc leurs exigences également. Nous assistons à un changement de paradigme sur le marché de l’emploi avec dorénavant des candidats qui choisissent leur employeur et non plus l’inverse. La guerre des talents va être un sujet important ces prochaines années pour les employeurs car ceux qui ne revoient pas leur attractivité auront le plus de peine à recruter en faveur de celles qui proposeront par exemple une flexibilité de home office, une flexibilité au temps partiel, une meilleure rémunération, plus de formations, un environnement de travail équilibré et sain, etc.

A quoi pouvons-nous nous attendre pour les prochains mois et 2023?

Nous sommes positifs et pensons que la dynamique observée cette année devrait se poursuivre mais avec un peu moins de vigueur car l’effet rattrapage post Covid va s’atténuer. Selon notre estimation un employé sur 5 envisagerait de démissionner en 2023 et le nombre de poste à pourvoir devrait continuer à être plus important que le nombre de candidats disponibles sur le marché.

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