L'attrait des actions britanniques malgré le risque économique

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L’économie évolue sous son potentiel sans que la Banque d’Angleterre ne puisse diminuer les taux.

L’inflation reste toujours élevée au Royaume-Uni. Celle-ci atteint 8,7% sur un an soit un niveau bien supérieur aux 5,5% de la zone euro. La différence réside principalement dans le fait qu'au Royaume-Uni, la pénurie de main-d'œuvre s'est aggravée en raison du Brexit. Le nombre de postes vacants est supérieur à un million. Surtout, les salaires s'envolent malgré une baisse de la productivité du travail liée au Brexit. Cette situation, accélérée par la sortie de l’Union européenne, explique cette forte inflation.

Par conséquent, les taux d'intérêt au Royaume-Uni sont supérieurs à ceux dans la zone euro. La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé son taux directeur à 5% fin juin. Le principal taux de refinancement de la BCE est de 4%. L’inflation élevée pénalise la demande. Les taux élevés freinent les investissements. Le Brexit a réduit les exportations vers l’Union européenne de 23% par rapport au niveau sans Brexit et réduit les importations de 13%.

L'inflation dépassera encore longtemps et nettement l'objectif de 2% de la banque centrale britannique.

Selon les estimations de l'OCDE, l'économie britannique ne croîtra que de 0,3% en 2023 et probablement de 1% en 2024. Au premier trimestre 2023, le PIB a augmenté d'à peine 0,1%. Par conséquent, l’écart de production est négatif (-2,3%). L’économie évolue donc sous son potentiel sans que la banque centrale ne puisse diminuer les taux. Le risque de récession est désormais de 82%.

Ces prochains mois, la Banque d'Angleterre devra continuer à relever ses taux directeurs. L'inflation dépassera encore longtemps et nettement l'objectif de 2% de la banque centrale britannique et s’affichera en moyenne à 3% en 2024, selon ses propres prévisions. Selon les marchés d’options, cette perspective est largement partagée par les investisseurs. Ces derniers anticipent une hausse du taux BoE de 120 points de base d’ici mars 2024 à 6,10%.

En dépit de cet environnement macro-financier alarmant, le marché des actions britanniques offre des opportunités. L’indice vaut 15 fois les bénéfices soit moins que les indices européens (20), suisses (25) et américains (28). L’indice se compose pour un tiers de valeurs défensives (consommation de base, santé), et pour 20% de titres cycliques (industrielles, matériaux et immobiliers), «value» (financière et énergie) ou de croissance (technologiques, discrétionnaires). Nous considérons surtout opportun d’imposer des filtres de qualité, notamment un faible endettement, un bilan solide et des revenus davantage tributaires des marchés internationaux. Par ce processus, nous considérons opportuns d’investir dans un petit nombre d’entreprises au Royaume-Uni.

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