La croissance mondiale restera fragile

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Le FMI et l’OCDE anticipent une croissance mondiale entre 2,5% et 3% cette année et à peine mieux l’an prochain.

L’environnement macro-économique reste difficile

La baisse insuffisante de l’inflation et l’accélération des composantes durables de l’inflation conduiront les banques centrales à poursuivre leur durcissement monétaire. Nous attendons une nouvelle hausse du taux Fed en juillet, puis possiblement en septembre. La BCE restera proactive, dans le sillage de la BNS qui augmentera son taux de 25 points de base en septembre. La faillite des banques américaines de moyenne taille conduira à une moindre croissance du crédit qui pénalisera l’activité économique américaine. La dynamique des crédits consommation aux ménages américaines faiblit déjà et les conditions d’octroi de crédit aux entreprises se durcissent. L’affaiblissement de la croissance américaine s’ajoutera à une reprise moins forte que prévu de l’activité en Chine. Pour cette dernière, la dynamique du crédit indique qu’un ralentissement de la consommation pourrait être attendu ces prochains mois. Enfin, l’activité en Europe stagne depuis deux trimestres.

Par conséquent, le FMI et l’OCDE anticipent une croissance mondiale entre 2,5% et 3% cette année et à peine mieux l’an prochain. Nous anticipons une croissance de 2,7% et 2,5% respectivement expliquée notamment par une croissance en Chine sous les 5% l’an prochain et une croissance européenne toujours atone (0,4% en 2023 et 0,6% en 2024). La croissance mondiale reste donc fragile.

Nous identifions 3 risques

Premièrement, le climat géopolitique va favoriser les élans protectionnismes et les sanctions économiques. C’était le cas pour la Russie mais surtout pour les Etats-Unis et la Chine dans le cadre de la guerre froide du numérique. Secondement, la politique des banques centrales pourrait avoir un effet négatif sur l’activité plus prolongée en 2024 ce qui réduira davantage la dynamique du crédit, en particulier dans l’immobilier. Troisièmement, la Chine souffre de difficultés structurelles (démographie et immobilier) similaires à celles rencontrées par le Japon dans les années 90, ce qui pourrait alimenter la spirale déflationniste et surtout affaiblir la croissance mondiale à moyen terme. Un plan de relance budgétaire peut certes être attendu pour stabiliser la situation. Néanmoins, la contribution de la Chine à l’activité mondiale deviendra moins significative.

Dans cet environnement, la résilience suisse restera déterminante

L’inflation reste légèrement au-dessus des 2% ces deux prochaines années, selon la BNS. L’activité économique suisse, positionnée sur le haut de gamme, pourrait donc davantage résister. Une croissance de 0,8% en 2023 et 1,4% en 2024 sont attendus. Ces niveaux sont 2 à 3 fois supérieurs aux niveaux de croissance attendus pour la zone euro. Plus que jamais, le profil défensif de notre économie est un atout dans un contexte macroéconomique toujours difficile.

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