La Suisse profitera d’une économie US plus forte

Emmanuel Garessus

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Le franc restera fort et les entreprises suisses bénéficieront d’une demande globale plus forte, selon Samy Chaar, de Lombard Odier. L’UE souffrira de son faible leadership.

Le franc s’est apprécié face à l’euro (+0,6%) à l’annonce de la victoire de Donald Trump et des Républicains, mais il a nettement baissé vis-à-vis du dollar (-1,6%). Les actions suisses se sont envolées initialement, comme les titres des autres principaux marchés. Le programme «America First» ne devrait-il pas réduire les prévisions bénéficiaires des groupes suisses? «En réalité, les entreprises suisses se sont déjà ajustées. Elles sont moins dépendantes de l’Allemagne et davantage des Etats-Unis», affirme Samy Chaar, chef économiste et CIO Suisse du groupe Lombard Odier, lors d’un Webinar, mercredi matin. L’élection de Donald Trump devrait s’avérer «positive pour les entreprises suisses parce que celles-ci sont avant tout dépendantes de la croissance globale, et l’impact sur les consommateurs suisses devrait également être positif», poursuit-il. Quant au franc, il restera fort, soutenu par ses vertus de valeur refuge.

«Les marchés financiers aiment qu’une économie présente un système de contrôles et d’équilibres».

En revanche, l’UE devrait sous-performer les Etats-Unis sur le plan de l’économie et des actions, avance Samy Chaar. «Il n’y a rien de positif pour l’Europe», résume-t-il. En effet, les Etats-Unis exerceront de fortes pressions sur ses partenaires s’ils entendent mettre en oeuvre le programme «America First» de Donald Trump. Si un accord commercial entre l’UE et les Etats-Unis pouvait être signé, et si les droits de douane augmentaient modestement, l’UE pourrait être partiellement épargnée par ces mesures protectionnistes. Dans ce cas, l’économie européenne pourrait sous-performer les Etats-Unis en termes relatifs mais tout de même croître en termes absolus.

Le problème de l’Europe réside dans «la faiblesse de son leadership», lance Michael Strobaeck, CIO du groupe Lombard Odier. Le gouvernement allemand est affaibli tandis que la situation est incertaine en France. Il reste à savoir si la Banque centrale européenne pourrait baisser davantage les taux et compenser le coup de frein représenté par le protectionnisme américain.

La dette publique est certes aussi élevée aux Etats-Unis qu’en Europe, mais les marchés financiers apprécient davantage les Etats-Unis parce qu’ils dirigent la dette vers des investissements productifs, note Samy Chaar.

Mauvaise nouvelle pour les émergents

L’impact de l’arrivée de Donald Trump n’est guère positif pour les marchés du reste du monde. Selon Michael Strobaeck, les marchés émergents ne devraient pas profiter de cette élection, en raison de l’agenda protectionniste de Donald Trump. Les valeurs chinoises en particulier ne sont pas recommandées à l’achat.

«L’économie européenne pourrait sous-performer les Etats-Unis en termes relatifs mais tout de même croître en termes absolus».

Aux Etats-Unis, l’expansion va continuer et la désinflation également, selon la banque privée. Les valeurs américaines paraissent soulagées par la fin des incertitudes électorales et par la victoire des Républicains. L’investisseur apprécie la victoire de Donald Trump et semble même avoir peur de rater le train de la hausse (FOMO, disent les professionnels).

La croissance américaine sera renforcée, mais l’inflation sera également plus élevée, selon Lombard Odier. Si les relèvements de droits de douane sont introduits comme prévus, il s’agirait de la plus forte hausse des tarifs douaniers depuis les années 1930, note Samy Chaar. Cela signifierait un frein aux échanges et une inflation de 1,5 à 2 points supérieure si bien que, dans le pire des cas, celle-ci dernière pourrait atteindre 3,5 à 4% en 2025. Des accords commerciaux pourraient toutefois, selon les négociations à venir, limiter cette hausse des tarifs.

Si l’optimisme est de mise, il ne faut céder à l’euphorie. «Les marchés financiers aiment qu’une économie présente un système politique qui comprend des contre-pouvoirs. Si les Républicains gagnaient la présidence, le Sénat et la Chambre des représentants, il y aurait moins de «Checks & Balances», indique Michael Strobaeck.

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