La santé de plus en plus connectée

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Regard sur le futur – Partie 4: De gadgets à dispositifs médicaux, les appareils connectés sont en passe de bouleverser la médecine.

Credit: UC San Diego

Prédictive, proactive, personnalisée: la médecine du futur contrastera avec la façon dont les patients sont habituellement pris en charge. C’est possible grâce à l’évolution des appareils connectés qui, en l’espace de quelques années, sont passés de simples gadgets «Wellness» à de véritables dispositifs médicaux. Une révolution s’opère avec l’alliance des mondes de la technologie et de la santé. Le point avec Roberto Magnatantini, gestionnaire de portefeuilles chez Decalia.

Démocratisation des technologies médicales

Du laboratoire aux objets connectés, la technologie devient enfin accessible à tous à moindre coût, pour autant de disposer d’un smartphone. Les sociétés technologiques du créneau «Wellness» amènent sur le marché des produits de qualité de plus en plus médicale. «Le CEO d’Apple, Thomas Cook, estime que la médecine sera la plus grande contribution de Apple au bien-être de l’humanité», relève Roberto Magnatantini.

Certains appareils de dernière génération sont munis
d’un électrocardiogramme certifié par la très sérieuse FDA.

Les montres et les bracelets connectés que les sportifs arborent à leur poignet depuis quelques années ont réussi à atteindre un degré de technologie autrefois réservé aux cliniques. A côté des produits pionniers de Garmin, Apple et Withings qui mesurent le rythme cardiaque, certains appareils de dernière génération comme la iWatch 6 de Apple sont munis d’un électrocardiogramme certifié par la très sérieuse FDA (Food and Drug Administration): «En plus d’un capteur de son qui aide à préserver la santé des tympans, la dernière montre d’Apple est capable de détecter une arythmie puis d’alerter son utilisateur. Tout comme d’autres garde-temps connectés, la Apple Watch referme des accéléromètres et notifient un tiers en cas de chute du propriétaire, un événement hautement probable auprès des personnes les plus âgées», cite-t-il à titre d’exemple.

Inspirés directement des technologies utilisées en laboratoires, les capteurs de sommeil permettent d’identifier les différents cycles à domicile: un capteur à côté du lit observe les mouvements et reconnait des bruits tels que ronflements, alors qu’un autre deuxième glissé sous le matelas détectera les vibrations corporelles. Ne reste plus qu’à analyser les données recueillies sur une application dédiée pour smartphone afin de comprendre et aider à soigner les troubles du sommeil.

La nouvelle médecine «sur mesure»

Armé de senseurs et de détecteurs, la médecine franchi le pas de la personnalisation des soins. «Le secteur médical généralement lent et lourd avec son système de patentes devient subitement plus innovatif grâce à l’arrivée de capteurs de qualité. La disponibilité de ces millions d’analyses en temps réel permet d’effectuer des études à très large échelle pour ensuite parvenir à des solutions plus personnalisées», analyse Roberto Magnatantini. La «malbouffe» mais aussi le vieillissement de la population, ont multiplié les cas de diabète de type 2 traditionnellement traités par des injections standardisées d’insuline. «Dans ce grand marché rentable, nous trouvons des sociétés telles que Dexcom et Insulate qui proposent des patchs à connecter à la peau des patients qui détectent le taux de glucose dans le sang. Puis les données relevées s’affichent en temps réel sur leur smartphone», explique-t-il. Le patch connecté d’Insulate fait aussi office de pompe à insuline en injectant la quantité d’insuline nécessaire.

Les grandes marques comme Adidas, Nike, Apple et Google
s’empressent de racheter des start-up comme Fit Bit ou Beddit.
Vers l’intégrations des capteurs sous la peau?

Insérer des capteurs dans le corps humain ne relèverait ainsi plus vraiment de la science-fiction. Et dans ce domaine, la technologie est en train de se déployer à grande vitesse. «L’on développe des systèmes intraauriculaires qui servent d’électro-encéphale du cerveau et qui permettent d’analyser les troubles du sommeil», explique le spécialiste convaincu que l’on se dirige progressivement vers plus d’intégration de la technologie dans l’être humain. «D’ici peu, l’on insérera des puces dans l’organisme, ce qui existe déjà actuellement sous la forme d’un moyen de paiement sous cutané accepté par certaines discothèques», poursuit-il.

Les seules barrières à ces prouesses futuristes sont le coût mais aussi l’acceptation sociale. «La société est ouverte au progrès et moins sensible aux fuites de données possibles. Notons que ces dernières sont moins sujettes à des attaques de hackers que des applications de paiement en ligne par exemple», poursuit-il.

Comment jouer la thématique?

Véritable phénomène de rachats tous azimuts, les grandes marques comme Adidas, Nike, Apple et Google s’empressent de racheter des start-up comme Fit Bit ou Beddit. Pour cette raison, Roberto Magnatantini estime qu’il est pour l’instant difficile de miser sur les jeunes pousses: «Dès que les start-up passent dans le radar de ces grands groupes, elles se font régulièrement racheter. Il n’y a pas beaucoup de moyens d’acquérir des sociétés très performantes et pures permettant de s’exposer à la thématique», regrette-il.

Il joue la thématique avec la société Phillips Healthcare qui s’attaque au segment hospitalier et aux caméras de surveillance: «Il s’agit d’une convergence entre le monde médical et celui de la consommation». Ainsi que les sociétés innovatives Dexcom et Insulate très bien positionnées sur le marché du diabète. Enfin il rappelle que les généralistes, comme Apple ou Google, représentent une possibilité imparfaite pour s’exposer car «l’activité de santé connectée reste très modeste même si elle est en forte croissance».

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