La reprise des économies occidentales reste vigoureuse

Erik Fruytier, Gonet & Cie

2 minutes de lecture

Il faut faire confiance aux investissements de qualité et avoir une vision à moyen terme. Et mieux vaut éviter les changements d’allocation fréquents.

Les marchés financiers sont pris dans la tourmente et il est difficile de faire abstraction de la crise humanitaire quand il faut songer aux investissements.

La guerre en Ukraine occupe en priorité les investisseurs. Toutefois, les conséquences de la crise géopolitique seront nombreuses et, à ce jour, les scénarios sont multiples. La crise a accentué les risques inflationnistes et a de nouveau déstabilisé les chaînes de logistique qui se remettaient peu à peu de la pandémie. La flambée des prix de l’énergie et des matières premières agricoles commence à peser sur le moral et le pouvoir d’achat des ménages occidentaux. Plus la crise ukrainienne perdure, plus le risque de stagflation, voire de récession, augmente. Les gouvernements européens ont commencé à mettre en place des mesures de soutien à travers des subventions pour les consommateurs et en proposant des plans d’investissement pour augmenter la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Le gouvernement allemand a franchi un pas supplémentaire en annonçant des investissements massifs pour renforcer son armée. La prise de conscience tardive de la dépendance de l’Europe à l’énergie russe va finir par accélérer la transition vers des énergies renouvelables et celles disponibles à l'intérieur de nos frontières. Il est regrettable que nous ayons dû attendre une crise géopolitique aux portes de l’Europe pour accélérer cette transition malgré tous les rapports accablants qui ont été publiés sur le réchauffement climatique.

Les gouvernements ont la capacité, et la volonté, d’offrir du soutien à leurs économies. Toutefois, les banques centrales ont moins de marge de manœuvre par rapport à 2020. En effet, la forte hausse de l’inflation leur force la main et les oblige à relever les taux d’intérêt pour éviter que cette spirale inflationniste ne s’installe durablement. La Réserve fédérale devrait augmenter ses taux 6 à 8 fois à partir du mois de mars. La Banque centrale européenne devrait lui emboîter le pas en fin d’année. L’exercice va être difficile pour les autorités monétaires car le risque est grand, notamment en Europe, que le ralentissement économique s’accélère suite à la crise ukrainienne. Une baisse des prix du pétrole durant le conflit refléterait ce risque de ralentissement.

A ce stade, il est extrêmement difficile pour l’investisseur de privilégier un scénario plutôt qu’un autre, mais il est certain que la phase de «normalisation» à laquelle s’attendaient les économistes ne se produira pas comme prévu. En effet, les conséquences indirectes des sanctions occidentales contre la Russie vont mettre du temps à se matérialiser dans le système financier et dans les échanges commerciaux. Malgré la taille assez limitée des économies russe et ukrainienne, elles occupent des places importantes dans certains secteurs comme l’énergie et les matières premières alimentaires. Les entreprises occidentales vont avoir besoin de temps pour réorganiser leur approvisionnement et les chaînes logistiques.

La croissance des profits des entreprises va devoir être ajustée pour les éléments cités ci-dessus. A ce jour, on peut toujours tabler sur une progression des bénéfices mais l’investisseur doit s’attendre à une amélioration plus modeste que les scénarios de début d’année.

En ce qui concerne la pandémie, nous pouvons nous réjouir de la fin de la plupart des mesures restrictives dans le monde à l’exception notable de la Chine. Officiellement, la Chine maintient sa politique de zéro covid. Toutefois, elle a perdu le contrôle de la situation épidémiologique à Hong Kong. De nombreux cas d’Omicron ont également été signalés sur le territoire chinois, ce qui a forcé les autorités chinoises à reconfiner certaines grandes villes. L’expérience des autres pays montre qu’il est quasiment impossible d’arrêter le variant Omicron. Malheureusement, le taux de vaccination en Chine n’est pas très élevé et des études semblent indiquer que le vaccin chinois est peu efficace. Si le gouvernement persiste avec sa politique zéro covid, il faut s’attendre à une période de plusieurs semaines, voire plus, pendant laquelle il y aura des confinements plus ou moins stricts. Cela aura de fortes conséquences sur la production chinoise et la logistique mondiale. Par contre, il y a une possibilité que le gouvernement juge le moment venu de vivre avec le virus en relâchant graduellement les mesures restrictives. À ce stade, il est difficile d’émettre des hypothèses, mais les conséquences pour la politique de placement à moyen terme seraient majeures.

En dépit de ces challenges, nous constatons que la reprise des économies occidentales est toujours assez vigoureuse. Les consommateurs et les entreprises disposent encore de bonnes réserves d’épargne et de profit. Si la crise ukrainienne ne perdure pas trop, on peut espérer que cette vigueur suffise pour éviter un ralentissement économique trop fort.

Dans ces phases de volatilité, il faut faire confiance aux investissements de qualité et avoir une vision à moyen terme, il faut absolument éviter d’opérer des changements d’allocation fréquents. Début février, nous avons réduit l’exposition aux actions pour diminuer l’impact de la volatilité sur les portefeuilles. Nous attendons que la situation s’éclaircisse avant de déployer les liquidités que nous avons constituées. La baisse des marchés va permettre d’obtenir de meilleurs points d’entrée pour les investisseurs qui ont une vision à moyen et long terme.

A lire aussi...