La paradoxale revanche des énergies fossiles

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Faute de vues à long terme et coordonnées de la transition énergétique, le prix des énergies fossiles s’envole. Un changement d’approche est indispensable pour gérer l’urgence climatique.

Gaz, pétrole, charbon, le prix de toutes les énergies fossiles, y compris les plus polluantes, s’envole. Depuis le début de l’année, le prix du brut léger américain a progressé de 70%, celui du gaz a plus que quadruplé et celui du charbon sur le marché de Shanghai plus que doublé.

La raison est simple: le monde a besoin d’électricité pour répondre à la réouverture spectaculaire des économies post CoVid. Et partout, les autorités rallument les centrales au gaz, au fuel et charbon. Même la très vertueuse Allemagne a dû réveiller de vieilles installations très polluantes pour ne pas risquer le blackout.

Il faut dire que, malgré les investissements massifs dans les énergies renouvelables de ces dernières années, l’Allemagne est encore dépendante du charbon pour près de 30% de sa production électrique, et la Chine pour près de 60%. L’Inde, comme la Chine, continue d’ailleurs de mettre en service de nouvelles centrales à charbon. Plus généralement, plus de 80% des besoins primaires en énergie dans le monde sont couverts par le fossile.

Pour respecter les accords de Paris, il faudrait limiter la part d’énergie couverte par le fossile à 60% en 2030 et 25% en 2050.

Or les autorités internationales, depuis la COP 21 de 2015, ne veulent plus d’énergie carbonée. Pour respecter les accords de Paris, il faudrait limiter la part d’énergie couverte par le fossile à 60% en 2030 et 25% en 2050.

Tout a donc été fait pour décourager les nouveaux flux financiers dans le domaine. Et avec succès: depuis 2015, les pressions réglementaires et les nouvelles normes financières ont fait baisser les investissements dans les énergies fossiles de 40% !

Résultat, l’offre peine à suivre la demande et les stocks mondiaux sont au plus bas: ceux de pétrole stagnent 6% en dessous de leur niveau moyen pour cette période de l’année et la situation est pire pour le gaz en Europe (14%) et surtout pour le charbon en Inde (50%).

Pour concilier transition énergétique et l’approvisionnement stable – et accessoirement éviter des explosions sociales – il importe d’abord de gérer beaucoup plus finement les horizons de temps: en attendant de pouvoir piloter et stocker longtemps le produit des énergies renouvelables, la solution de court terme est le gaz, en particulier sous sa forme liquéfiée, et la solution de moyen terme le nucléaire.

L’effort d’investissement dans ces domaines – stockage et pilotage (via des solutions de type «smartgrid») de l’énergie renouvelable, optimisation de l’utilisation du gaz et nouvelles capacités nucléaires – devra être puissamment accéléré, et les montants se chiffrent en trillions de dollars.

Et surtout, une approche internationale coordonnée est indispensable. Nul pays ne résoudra seul les problématiques climatiques. A ce jour, seule 4% de l’électricité produite est échangée entre différents pays contre 24% du gaz et 46% du pétrole. Dans l’énergie aussi, souveraineté n’est pas synonyme d’autarcie. Et les énergies fossiles montrent paradoxalement l’exemple.

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