La crise a (re)mis en évidence le potentiel des emprunts convertibles

Stephanie Zwick, Fisch Asset Management

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Les marchés se redressent mais l’incertitude reste vive. Les convertibles offrent une possibilité intéressante de constituer une exposition aux actions.

Le premier semestre de l’année 2020 qui s’achève aurait difficilement pu être plus turbulent. Les marchés financiers ont déjà comblé une grande partie des pertes massives subies, mais l’incertitude reste vive. Dans ce contexte, les emprunts convertibles offrent une possibilité intéressante de constituer une exposition aux actions.

Au premier trimestre, les emprunts convertibles ont une nouvelle fois prouvé leurs qualités de protection par rapport aux actions. Ils se sont comportés de manière quasiment exemplaire, limitant significativement leurs pertes par comparaison avec les marchés boursiers. Les emprunts convertibles ont certes subi des pertes de cours conséquentes entre le point haut du 12 février et le creux du 23 mars. Mais durant cette période, l’indice Refinitiv Global Vanilla hedged USD CB a cédé 19%, soit une baisse beaucoup moins importante que l’indice MSCI World Total Return USD, qui dévissé de 34%.

Les emprunts convertibles ont déjà renoué avec les chiffres noirs en 2020.

Même pendant le rebond de reprise qui a suivi, leur évolution a été impressionnante: au 31 mai, les emprunts convertibles, qui partaient certes de moins bas, avaient déjà renoué avec des performances positives sur l’année 2020, alors que les actions internationales n’avaient pas encore totalement comblé leur retard (2,4% contre -8,2%).

Un rendement plus élevé à long terme pour une volatilité moindre

Aussi impressionnants ces résultats soient-ils sur le court terme, les emprunts convertibles représentent avant tout un investissement stratégique qui exprime son plein potentiel sur le long terme: sur les 27 dernières années, ils ont ainsi dégagé des rendement similaires à ceux des actions internationales, mais avec une volatilité beaucoup plus faible. Fin mai, l’indice Refinitiv Global Vanilla hedged USD CB affichait un rendement annuel de 7,4% et une volatilité de 9,8% depuis sa création en 1994. En comparaison, l’indice MSCI World Total Return USD, qui mesure les marchés actions internationaux, atteignait un rendement de 6,8% p.a. pour une volatilité de 14,8%. Il faut savoir qu’il existe toujours des périodes de rebonds boursiers conséquents au cours desquels les portefeuilles d’emprunts convertibles ne peuvent pas rivaliser avec les actions, comme ce fut le cas en 2016-2017. Mais les emprunts convertibles constituent une composante défensive intéressante pour les portefeuilles diversifiés à l’international, comme les chiffres le montrent.

Ce profil rendement/risque si favorable à long terme par rapport aux actions tient notamment aux caractéristiques suivantes:

  • Combinée au plancher obligataire (valeur de l’emprunt), la sensibilité aux actions plus faible atténue la volatilité et les pertes des portefeuilles d’emprunts convertibles en phases de correction.
  • L’option d'achat, qui permet d’exercer le droit de conversion, donne une asymétrie positive. Les convertibles progressent donc plus fortement pendant les rebonds qu’ils ne perdent en phase baissière, ce qui correspond à un effet de timing automatique.
  • Les échéances relativement courtes et les nouvelles émissions continues garantissent le renouvellement permanent de l’univers des emprunts convertibles, notamment dans le secteur des entreprises de croissance.
Outre les entreprises de croissance, les entreprises fragilisées
par la crise offrent des points d’entrée intéressants.
Un marché primaire encore plus actif qu’en 2019

L’évolution des nouvelles émissions sur le marché des emprunts convertibles est également intéressante. Malgré la pandémie, 71 milliards de dollars ont été placés entre le 1er janvier et la fin mai, soit une nette augmentation de l’activité par rapport aux années précédentes. La raison de ce dynamisme est simple: les emprunts convertibles permettent aux émetteurs de réduire le coût du capital à un niveau minimum dans la mesure où le coupon est inférieur à celui des obligations d’entreprises habituelles. Les entreprises de croissance en particulier ont profité de cet avantage, si bien que les secteurs de croissance classiques tels que les technologies de l’information et la biotechnologie sont éminemment présents sur le marché des emprunts convertibles. Dans le contexte actuel, les entreprises particulièrement fragilisées par la crise ont (re)découvert l’attrait de cet instrument financier. En font notamment partie les compagnies de croisières, les concepteurs et distributeurs d’équipements de sports et de loisirs ainsi que les compagnies aériennes. 

Cette évolution est positive pour les investisseurs. En effet, ces émissions leur permettent de s’engager directement dans les secteurs les plus durement touchés et de participer à une reprise qui pourrait être supérieure à la moyenne. En outre, les émissions dans ces secteurs offrent une possibilité de diversification supplémentaire dans la mesure où ceux-ci n’étaient jusqu’à présent que peu représentés dans l’univers des emprunts convertibles.

Une allocation stratégique sans concessions sur le rendement

Pendant la correction du marché provoquée par le coronavirus, les emprunts convertibles ont donc une nouvelle fois démontré leurs qualités défensives par rapport aux actions et dégagé des rendements. Malgré tout, les emprunts convertibles ne servent pas à mettre en œuvre des attentes de marché à court terme. Bien au contraire: ils démontrent toutes leurs qualités en tant que composante défensive et stratégique d’un portefeuille diversifié. Ils en renforcent la stabilité sans porter préjudice au rendement sur un cycle de marché d’actions.

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