L’effet domino

Cédric Dingens, NS Partners

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La hausse de l’inflation déclenche des réactions en chaîne. Avec une seule certitude: l’été sera chaud.

En mars 2022, nous avions intitulé l’un de nos articles «La seule certitude, c’est l’incertitude». Trois mois plus tard, ce titre semble plus que jamais d’actualité. De fait, face à l’inflation galopante et aux pressions politiques qui s’accroissent, les banques centrales des pays développés ont entamé leur hausse de taux. Même si cela reste pour le moment mesuré, ce mouvement s’accompagne d’un retour à des politiques monétaires conventionnelles, avec la fin du «Quantitative Easing» – à l’exception de la Chine – ce qui implique une contraction des liquidités sur les marchés.

Ce phénomène pourrait être moins douloureux en ce qui concerne l’impact sur la valorisation des marchés s’il ne se déroulait pas dans le contexte d’une croissance économique qui marque le pas de façon plus prononcée actuellement. Ainsi, le spectre d’une entrée en stagflation de l’économie mondiale est désormais bien présent et cela se ressent de façon plus pressante sur les marchés.

La forte volatilité traduit le stress des investisseurs

Prenons l’exemple du VIX, l’indice qui représente la volatilité implicite des actions américaines. Malgré le fort rebond des marchés depuis 2 ans, il n’a jamais retrouvé son niveau pré-COVID, indiquant un stress accru des investisseurs. En termes de performance, à l’exception des deux mois fortement baissiers d’avril et juin, les autres mois de l’année ont eu tendance à finir presque «flat», mais après avoir connu une forte volatilité au cours du mois. Le mois de mai est assez illustratif à cet égard, puisque l’indice S&P 500 a clôturé le mois en hausse de 1 point de base, après avoir connu une baisse de 11.5% pendant le mois. Cela s’appelle les montagnes russes.

Les colosses de la Tech ont des pieds d’argile

Après avoir été le chouchou des investisseurs pendant une décennie, l’indice des valeurs technologiques américaines, le Nasdaq, perd désormais plus de 30% de sa valeur depuis le début de l’année et si nous y regardons de plus près, certains segments de la technologie, comme l’illustre le fameux ETF «ARK Innovation», retracent fidèlement le dégonflement de la bulle internet des années 2000.

Il est probable que certaines sociétés annoncent des chiffres orientés à la baisse et une compression des marges, mais la question déterminante sera surtout l’ampleur de ces révisions et les secteurs touchés.
La contagion atteint toutes les classes d’actifs

Il n’y a d’ailleurs pas que les marchés actions qui s’effritent: depuis mai, les marchés du crédit commencent également à être attaqués, avec des spreads qui s’écartent fortement et qui touchent tous les segments du marché. Et que dire du marchés des cryptos qui subit un «deleveraging» massif et qui vit en quelque sorte non pas son quart d’heure de gloire à la Warhol, mais son moment «Lehman», avec le crash de certaines cryptomonnaies, la défaillance de quelques opérateurs et les premières faillites de gérants.

Les annonces de bénéfices vont influencer la tendance

Alors, que penser de ces marchés à la fin du premier semestre 2022? Et surtout quelle sera leur évolution au cours des prochains mois? Un élément de réponse résidera dans l’annonce des bénéfices trimestriels, qui vont débuter la semaine prochaine et qui donneront le ton pour la suite de l’année. Il est probable que certaines sociétés annoncent des chiffres orientés à la baisse et une compression des marges, mais la question déterminante sera surtout l’ampleur de ces révisions et les secteurs touchés.

La sélectivité est à l’ordre du jour

Contrairement à ce que nous pourrions imaginer intuitivement, la corrélation entre les secteurs et les actions a augmenté ces derniers temps de façon significative par rapport à il y a 6 à 9 mois. En conséquence, un investisseur en actions se doit donc d’être encore plus sélectif qu’à l’accoutumée, s’il souhaite commencer à ajouter du risque en investissant sur certaines valeurs qui sont devenues attractives en comparaison historique en termes de valorisation. Cela étant dit, on constate que la majorité des gérants Long/Short demeurent très défensifs à ce stade, avec des expositions aux marchés historiquement faibles. Les seules petites éclaircies proviennent de la Chine, dont le marché actions semble avoir touché un plus bas récemment avec le support des autorités monétaires.

Cet été, ne sortez pas sans votre parapluie

L’été n’est traditionnellement pas enclin à des marchés euphoriques, notamment le mois d’août plus propice à une certaine léthargie estivale. Mais il y a fort à parier que, même si le calme revient durant certaines périodes, des à-coups vont survenir. Dans ce contexte, la prudence reste de mise. C’est ainsi que de conserver du cash peut faire du sens, de même que privilégier une gestion active avec un accent sur les traders, ces gérants capables de générer du P&L de façon rapide et qui, grâce à leur recours aux options, présentent un profil de rendement avec une convexité positive.

En résumé, le comportement actuel des marchés financiers nous rappelle que l’investissement demeure un métier de professionnels et qu’une fois de plus, quand votre chauffeur de taxi vous parle de cryptomonnaies, cela n’est pas forcément un signal d’achat. A bon entendeur!

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