Investir dans un contexte de hausse des taux

Philippe G. Müller, UBS

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La hausse des taux sur le marché monétaire amène certains investisseurs à s'interroger sur leur positionnement.

Fin septembre, la Réserve fédérale américaine a relevé ses taux d'intérêt de 25 points de base, passant de 2 à 2,25%. Cette décision était largement attendue, c'est pourquoi elle n'a guère eu d'impact sur la plupart des marchés financiers. Néanmoins, elle a eu pour conséquence immédiate une hausse des taux d'intérêt sur les liquidités et sur le marché monétaire en USD.

Cela signifie que, sur une base corrigée des risques, détenir des liquidités devient plus intéressant que d'investir dans d'autres actifs tels que les actions, les obligations et l'immobilier. Par ailleurs, la hausse des taux sur le marché monétaire amène certains investisseurs à s'interroger sur leur positionnement.

La conjoncture économique et la croissance des bénéfices
des entreprises restent solides.

UBS table sur une croissance de l'économie mondiale de 4% cette année et de 3,7% pour l'an prochain. A l'échelle mondiale, les bénéfices se dirigent vers une croissance d'environ 15% en 2018 et de 10% en 2019. Et divers scénarios laissent entrevoir une croissance encore plus forte.

Dans les marchés développés, les clignotants sont au vert du côté des ménages: les niveaux d'épargne ont été revus à la hausse et le dynamisme du marché de l'emploi pourrait se traduire par une augmentation de la consommation. 

Tout cela suggère que, même si le potentiel de rendement à long terme des actions semble plus limité par rapport aux liquidités, sur l’horizon d'investissement à six mois, les investisseurs peuvent raisonnablement s'attendre à ce que les actions génèrent un rendement plus élevé que celui des liquidités.

La surpondération tactique des actions reste d'actualité.

Il convient également de rester à l'affût d'opportunités d'arbitrage sur la valeur relative, d'où la suggestion de surpondérer les actions canadiennes par rapport aux actions australiennes.

Quant aux marchés obligataires, la hausse des taux sur le marché monétaire et l'aplatissement de la courbe des rendements indiquent que les investisseurs doivent rechercher des instruments offrant un écart de rendement substantiel ou des opportunités de diversification de leur portefeuille.

UBS a récemment accentué sa surpondération des obligations souveraines des marchés émergents libellées en dollars US. Malgré l'incertitude actuelle dans les marchés émergents, le rendement de 6,5% de l'indice EMBI Global Diversified est intéressant par rapport à celui des liquidités. Cet indice présente en outre une bonne diversification en termes d'émetteurs.

Les obligations de tout premier ordre à long terme n'offrent pas de prime de rendement significative par rapport aux liquidités en USD. Elles présentent toutefois des caractéristiques intéressantes du point de vue de la diversification de portefeuille. Les obligations de tout premier ordre telles que les bons du Trésor américain devraient bien se comporter dans les scénarios de risque tels qu’en cas de ralentissement de l'économie chinoise et d'agitation politique ou économique dans les marchés émergents. 

UBS surpondère les bons du Trésor américain à dix ans, dont le rendement devrait atteindre 3% d'ici douze mois, et recommande d'acheter des obligations de tout premier ordre à long terme libellées en USD.

Etre attentif à l’immobilier et à une hausse significative des taux d'intérêt.

En ce qui concerne l'immobilier, il convient de guetter une hausse significative des taux d'intérêt car ce facteur a, par le passé, contribué à des corrections.

Par exemple, l'Autorité monétaire de Hong Kong a emboîté le pas de la Fed en relevant son taux directeur de 25 points de base, une première depuis mars 2006. Le marché immobilier de Hong Kong est le plus surévalué au monde et donc le plus vulnérable à un éclatement de la bulle immobilière, selon l'indice UBS Global Real Estate Bubble publié la semaine dernière. 

La hausse des taux d'intérêt peut réduire encore l'accessibilité de l'immobilier pour les emprunteurs, à moins d'une baisse des prix. Cela dit, même si la prudence est de mise sur les marchés immobiliers en proie à la spéculation, UBS ne constate pas d'excès au niveau du crédit et de la construction.

L'encours des prêts hypothécaires augmente nettement moins vite que dans les années qui ont précédé la crise financière mondiale, ce qui devrait limiter les dégâts économiques en cas de correction des prix.

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