Investir dans le recyclage des déchets plastiques

Charles-Henry Monchau, FlowBank

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L’UE intensifie ses efforts pour se débarrasser des déchets plastiques. Comment se positionner sur cette thématique d’investissement?

La crise sanitaire liée au COVID-19 nous rappelle la fragilité de notre condition humaine et la réalité des dangers imminents qui affectent notre santé et l’environnement depuis un certain temps.

Alors que les effet négatifs du plastique sur la vie marine sont connus depuis longtemps, les scientifiques ont démontré ses effets néfastes pour les êtres humains.

En effet, les nanoplastiques ont de graves impacts sur notre santé. Ils agressent les constituants des cellules du corps humains, peuvent provoquer des inflammations et du stress physique. Des études ont également démontré que ces nanoplastiques peuvent perturber la composition et la diversité de la flore intestinale. Ils peuvent également avoir un impact négatif sur la fertilité.

Au vu des dégâts majeurs que la plastique peut engendrer sur la biodiversité et notre santé, les gouvernements ont décidé d’agir. 

L’Union européenne à la manœuvre

Il y a deux ans, une directive européenne interdisait la mise sur le marché de plusieurs produits en plastique à usage unique. Les pailles, les couverts et assiettes, les touillettes à café ou encore les cotons-tiges: tous ces produits plastiques seront bannis de l'UE à compter du 3 juillet 2021. Les plastiques oxo-dégradables, récipients pour aliments et gobelets en polystyrène expansé seront aussi interdits à cette date.

La contribution sur les déchets d’emballages
plastiques doit inciter les Etats à mieux recycler.

Plus récemment, l’UE a mis en place une contribution plastique. En effet, pour financer son plan de relance économique post-COVID, l’Union européenne a prévu un ensemble de nouvelles ressources propres. Première d’entre elles à voir le jour, la contribution sur les déchets d’emballages plastiques doit inciter les Etats à mieux recycler.

Son mode de calcul est simple: chaque kilogramme de déchet d’emballage plastique qu’un Etat membre n’a pas recyclé (pot de yaourt, bouteille d’eau, etc.) lui coûte 80 centimes d’euros. C’est du moins le cas pour les 10 pays les plus riches de l’Union. Les autres, dont le revenu national brut par habitant est inférieur à la moyenne européenne, bénéficient d’une réduction annuelle forfaitaire sur ce montant. Ces sommes sont ensuite reversées par les Etats au budget de l’Union, à côté des autres contributions habituelles (TVA, droits de douane, etc.).

Ce processus débuté en juillet 2020 s’est achevé le 27 mai 2021, après sa ratification par l’ensemble des parlements nationaux. La contribution s’applique alors rétroactivement sur l’ensemble de l’année 2021.

Le «Green deal» (Pacte Vert) européen, qui vise un objectif zéro carbone d’ici à 2050, exhorte les entreprises à faire un gros effort en matière de recyclage. Il s’agit notamment de recycler plus de 55% des déchets d'emballages plastique d'ici à 2030, de privilégier la durabilité à tous les niveaux et de réduire considérablement les déchets marins.

Les méthodes de recyclage 

Mais au fait, quelles sont les techniques de recyclage? Il en existe deux sortes. 

La première est relativement simple: il s’agit du recyclage mécanique. Tout d'abord, les déchets sont triés par type de plastique, couleur et qualité. Ils sont ensuite lavés, broyés et fondus en paillettes qui seront ensuite transformées en résine. Cette dernière peut ensuite être utilisée comme composant pour fabriquer d'autres objets.

Les nouvelles technologies devraient devenir de plus en plus rentables
au fur et à mesure que des efforts y sont déployés.

La deuxième technique est le recyclage chimique. Il s’agit d’utiliser différentes technologies dans le but de transformer les déchets plastiques en matériaux de qualité vierge. Certaines techniques comme le recyclage des monomères décomposent la matière en ses molécules, tandis que le recyclage des matières premières convertit les déchets plastiques en ses précurseurs pétrochimiques d'origine: le naphta ou le diesel. Seul problème avec ces techniques: elles sont relativement coûteuse et difficiles à appliquer à grande échelle. Néanmoins, ces nouvelles technologies devraient devenir de plus en plus rentables au fur et à mesure que des efforts y sont déployés, permettant également d’économiser une partie des coûts liés au tri des déchets. 

Comment investir dans le recyclage du plastique? 

Cette transition vers le plastique durable et de nouveaux emballages a bien entendu des impacts sur différents secteurs et titres cotés en bourse, qu’il s’agisse des pollueurs ou de ceux qui sont le mieux placés pour tirer profit de cette mégatendance. 

Rappelons que 20 entreprises sont à elles seules à l'origine de plus de la moitié des objets plastiques à usage unique jetés dans le monde. Selon une étude menée par un consortium qui inclut la London School of Economics, le géant pétrolier ExxonMobil est le plus grand producteur de plastique à usage unique, suivi de Dow Chemical, Sinopec, Indorama Ventures, Saudi Aramco et PetroChina. Cette classification est très intéressante car l’étude prend en compte le parcours du plastique tout au long de la chaine de valeur, de la production à l’utilisation finale. A noter une prise de conscience de la part de ces grands pollueurs. Au mois de mai de cette année, Exxon Mobil a déclaré sur son site web travailler au recyclage chimique du plastique.

Qu’en est-il des entreprises dont les revenus sont en partie générés au travers le recyclage du plastique?

Un rapport récemment rédigé par Kepler Chevreux a mis en évidence certains secteurs et entreprises exposés à cette thématique.

Les services publics en Europe

Taxer le plastique devrait inciter davantage d'entreprises à recycler, ce qui devrait bénéficier aux entreprises de recyclage. Par exemple, Veolia (VIE.EURONEXT) est l'un des leaders du marché de la gestion des déchets que cela soit la collecte, la mise en décharge, le recyclage, etc.

Carbios (ALCBR.EURONEXT) est un pionnier dans la conception et le développement de procédés enzymatiques pour repenser la fin de vie des plastiques et des textiles. Au mois d’avril 2021, la société base à Clermont-Ferrand a signé une lettre d’intention avec l’un des plus gros producteurs de PET au monde. 

Danone est relativement bien placé
pour répondre à la tendance du sans-plastique.

Tomra (TOM.NOMX) propose des solutions de récupération. Reconnu pour avoir développé le premier capteur NIR (infrarouge proche) à haute capacité dédié aux applications de tri des déchets, TOMRA Sorting Recycling est considéré comme le pionnier du secteur. Les applications développées par la société norvégienne permettent d‘extraire des flux de déchets des fractions de la plus haute pureté, permettant d’améliorer les rendements et les profits des activités de recyclage.

Les fournisseurs de solutions alternatives au plastique

Dans les années à venir, les matériaux de substitution (papier, verre, etc.) devraient jouer un rôle prépondérant. Les entreprises qui proposent des solutions d'emballage renouvelables devraient en bénéficier.

La société suédoise BillerudKorsnans (BILL.SOMX) est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits et de matériaux d'emballage à base de fibres vierges. Les emballages incluent ceux en papier «kraft», des sacs en papier destinés aux secteurs agroalimentaire, industriel et pharmaceutique. Elle commercialise également des cartons d'emballage destinés au conditionnement de boissons et de produits alimentaires réfrigérés et surgelés.

En Suisse, Vetropack SA (VETN.SWX) produit, vend et distribue des emballages en verre pour les besoins locaux. La société exploite une verrerie depuis leur site de St-Prex, dans le canton de Vaud. Ils offrent une gamme complète d’emballages optimisés pour les besoins régionaux. En tant que seul fabricant en Suisse, Vetropack est le premier fournisseur d’emballages en verre pour l’industrie nationale alimentaire et des boissons.

Secteur de la consommation

Pour les acteurs de cette industrie, il s’agit de se porter garant d'un contenu 100% recyclable d'ici 2025. Certains sont mieux préparés que d’autres. 

Ainsi, Danone (BN.EURONEXT) est relativement bien placé pour répondre à la tendance du sans-plastique. L'entreprise a réalisé des améliorations considérables en réduisant son utilisation de polystyrene. Elle est en train de remplacer certains de ses emballages non recyclables par du papier afin d’atteindre un objectif 100 % réutilisable, recyclable et compostable d'ici 2025.

Le leader mondial des cosmétiques L'Oréal (OR.EURONEXT) a depuis plusieurs années mis en place un processus permettant de remplacer autant que possible les composants plastiques de ses produits par des alternatives renouvelables. Le groupe vise à recycler ou substituer 50 % de son utilisation plastique d'ici à 2025. 

 

NB: Il ne s’agit pas de recommandations d’investissement 

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