Impact is the new green

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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Les COP se suivent et se ressemblent: peu d’avancées significatives à cause du blocage des grands émetteurs de gaz à effet de serre. Mais des progrès dans le secteur financier.

Un communiqué de trois pages et peu d’avancées concrètes: le bilan est maigre pour la 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) à Charm el-Cheikh. Document de travail pour la période allant jusqu’en 2026, nouveau fonds pour le climat – pour le moment pas alimenté – et refus catégorique des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre d’adopter tout programme contraignant: Face à ce constat, le retard continue donc de se creuser et les objectifs climatiques pour 2050 paraissent de moins en moins atteignables.

La finance n’attend pas

De son côté, le secteur financier progresse. Avec sa fameuse «taxonomie», l’Union européenne (UE) a adopté un ensemble exhaustif de règles visant à rendre la place financière plus durable et lutter contre le «greenwashing». Elle définit ce qu’est l’économie durable et fixe des règles de divulgation et de transparence pour les entreprises et les intermédiaires financiers. Cela dit, garder une vue d’ensemble n’est pas chose facile: rien que l’annexe à la réglementation contient 593 pages. Et même si la taxonomie de l’UE n’est pas contraignante pour la Suisse, notre secteur financier a commencé à adapter ses pratiques aux nouvelles prescriptions. Les solutions de placement durables sont ainsi en plein essor, plus compréhensibles et transparentes.

Le secteur financier peut jouer un rôle décisif dans l’incitation au changement et à l’amélioration du comportement des entreprises en matière ESG.
L’exclusion ne suffit plus

Ce n’est un secret pour personne dans le secteur financier: en matière de placements durables, il n’y a pas qu’une seule école. Parmi les approches pratiquées, on retrouve les critères d’exclusion. Pourtant, à eux seuls, ils n’ont qu’une influence limitée sur le comportement des entreprises. Et ceci pour une raison très simple: qui vend des titres sur le marché secondaire doit trouver un acheteur. Si une personne vend ses actions BP en raison des émissions polluantes, quelqu’un d’autre – avec une considération moindre pour l’environnement – les achètera. Bilan écologique: nul. De même, les apurements de portefeuille n’ont également aucun impact sur les émissions globales de CO2. Par exemple, lorsque Holcim a cédé ses usines en Inde et au Brésil – améliorant ainsi son bilan CO2 – ces usines ont tout de même poursuivi leur exploitation sous un autre nom, ne changeant rien en fin de compte sur le plan écologique. Il faut donc aller plus loin.

Le rôle décisif de l’engagement et de l’impact

C’est pourquoi l’engagement et la recherche d’impact concret sont si importants. Le secteur financier peut jouer un rôle décisif dans l’incitation au changement et à l’amélioration du comportement des entreprises en matière ESG. Sur le marché primaire – principal levier d’action – les acteurs de la finance peuvent produire un fort effet «régulateur» partout où des fonds sont soulevés, qu’il s’agisse de l’octroi de crédits aux entreprises, de nouvelles émissions obligataires ou d’introductions en bourse.

Quiconque souhaite avoir un impact direct en matière de durabilité par le biais de placements, doit donc faire un pas de plus. Grâce à des investissements directs dans des placements qui produisent des effets mesurables – par exemple dans des infrastructures du secteur des énergies renouvelables ou dans la microfinance – l’«impact investing» permet de produire des changements concrets en matière de durabilité. Jusqu’à présent, ces stratégies étaient essentiellement réservées aux investisseurs institutionnels. Elles le sont maintenant également pour tout un chacun, démultipliant ainsi l’impact des investissements durables.

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