France: bonnes surprises sur le climat des affaires

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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Les choses ne vont pas si mal pour l’économie française. Les récentes enquêtes signalent une forte capacité de rebond.

© Keystone

Si on fait l’effort d’oublier juste un instant: a) l’épidémie de coronavirus qui cause environ 250 morts chaque jour; b) une campagne vaccinale qui depuis trois mois enchaîne les ratés; c) un gouvernement qui cherche l’issue de la crise sanitaire en faisant des zigzags incessants, un œil sur les sondages d’opinion politiques et l’autre sur le nombre de réanimations; d) l’épuisement psychologique d’une population enfermée à des degrés divers depuis une année. Bref, si l’on veut bien oublier tout cela, l’économie française ne va pas si mal.

Le focus de la quinzaine

Selon les dernières estimations de l’INSEE et de la Banque de France, le niveau d’activité économique se situait à la mi-mars environ 4% à 5% au-dessous du niveau constaté avant la crise sanitaire. Pour mesurer le chemin parcouru en un an, il faut rappeler que l’activité avait chuté de 30% sous la normale au printemps dernier, et même de 50% pour le seul secteur privé. Au choc négatif du confinement a fait suite le choc positif de la réouverture, accompagné d’un rebond très fort mais incomplet. Après un nouveau léger redressement à la fin 2020, l’économie française est désormais installée dans un régime de quasi-stagnation ou, au mieux, de croissance molle. Cette situation ne peut pas vraiment changer s’il n’y a pas un assouplissement permanent des contraintes sanitaires, décision qui dépend d’une myriade de paramètres – la santé bien sûr, mais aussi la politique, l’économie, l’éducation, la situation sociale – dont on peine à comprendre, il faut l’avouer, la subtilité du dosage. Chaque semaine ou presque, il y a de nouveaux ajustements.

Tout le monde sait qu’une issue prochaine existe grâce aux vaccins.

Si nul ne se hasarde à dater avec précision la fin de la crise sanitaire, tout le monde sait qu’une issue prochaine existe grâce aux vaccins. On ne pouvait pas en dire autant il y a seulement six mois. Restriction sanitaire d’une part, espoir de normalisation d’autre part, quelle part jouent ces deux paramètres dans les perspectives? Les enquêtes de climat des affaires suggèrent que les facteurs positifs tendent à prendre le dessus. Les derniers indices de confiance des entreprises ont rebondi bien plus qu’on ne pouvait l’espérer compte tenu de l’ambiance morose. Qui plus est, l’embellie touche l’ensemble des secteurs, et pas seulement l’industrie qui est portée par des facteurs globaux. Le climat des affaires se reprend dans le bâtiment, le commerce et même les services. La seule exception notable est sans surprise l’hébergement-restauration, une branche qui représente 11% des services et 7% des dépenses des ménages.

Les prochains rendez-vous

Chaque semaine, la séquence est immuable. Le mercredi a lieu le Conseil de Défense où en toute opacité Emmanuel Macron décide des ajustements de la politique sanitaire. Le jeudi, lui-même ou un de ses ministres vient en rendre compte devant la presse. Commence alors la phase exégétique où fourmillent communicants, politiciens et experts médicaux, vite suivie d’une phase où la presse nous régale des rumeurs et fuites jusqu’à la semaine suivante. L’autre point d’attention concerne la vaccination. Les objectifs annoncés le mois dernier sont maintenus (10 millions d’ici mi-avril, 30 millions d’ici mi-juin), malgré les cafouillages autour du vaccin AstraZeneca (suspendu le 15 mars, puis ré-autorisé trois jours plus tard) et les retards de livraison. Il est prévu de multiplier les centres de vaccination dans les prochains jours pour tenir les objectifs.

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