Et si on achetait des obligations en couronnes?

Sophie Marquevielle, Pareto

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Des taux d’intérêt élevés, une économie florissante et une devise sous-évaluée: c’est le moment d’investir dans le crédit norvégien.

© Ennio Leanza
Bientôt la fin du resserrement monétaire en Norvège?

La Banque de Norvège a relevé jeudi dernier son taux directeur de 50 points de base à 2.25%, une hausse largement attendue. La Norges Bank a également indiqué que sa politique de resserrement monétaire, bien que nécessaire pour lutter contre l’inflation sortie en août à 6.5% sur un an, commençait à peser sur l’économie norvégienne et qu’elle pourrait envisager une approche plus modérée à l’avenir. L’institution prévoit en effet d’augmenter son taux directeur à 3% dans les prochains mois puis dans le maintenir proche de ce niveau, niveau d’ailleurs inférieur à celui anticipé par la majorité des analystes.

La banque centrale norvégienne a été l’une des premières du monde occidental à relever son taux directeur longtemps maintenu à zéro. La BCE et les banques centrales suédoise et suisse l’ont suivi mais moins agressivement, avec des taux directeurs actuels de 1.25%, 1.75% et 0.50% respectivement. 

De manière contre-intuitive, la couronne a tendance à se déprécier en période d’aversion au risque en raison de sa faible liquidité.

L’économie norvégienne a moins souffert de la pandémie que la plupart des pays développés et a depuis profité de la hausse des prix des énergies fossiles, en tant que principal fournisseur de gaz naturel à l’Europe à la suite des sanctions à l’égard de la Russie. Oxford Economics prévoit ainsi une croissance du PIB norvégien de 3% en 2022 puis 2.3% en 2023. 

Impact de la crise actuelle sur la couronne

Une inflation inférieure à celle de la zone euro, un taux directeur largement supérieur aux voisins européens et la robustesse de l’économie du pays devraient être autant de facteurs de soutien pour la devise norvégienne. Ce n’est pourtant pas le cas. De manière contre-intuitive, la couronne a tendance à se déprécier en période d’aversion au risque en raison de sa faible liquidité, les investisseurs lui préférant des devises d’économies plus larges. En outre, le fonds souverain norvégien convertit des montants considérables en devises étrangères pour investir en dehors du pays lorsque les rentrées d’argent issues des ventes d’hydrocarbures sont importantes comme actuellement. Le 31 août, la Banque de Norvège a annoncé sa volonté de convertir quotidiennement un montant record de 3,5 milliards de couronnes norvégiennes au mois de septembre. L’EURNOK se traite actuellement quasiment deux écarts types au-dessus de la moyenne des vingt dernières années alors que fondamentalement la couronne devrait s’apprécier face à l’euro. Le cours actuel pourrait donc représenter un bon point d’entrée.

Le cours de change EURNOK depuis 2000

Les obligations d’entreprise norvégiennes plus attractives que jamais

Grâce à leur structure de coupon flottant qui permet de profiter de la montée des taux, à leur maturité courte (typiquement entre trois et cinq ans) et à des primes de risque au plus haut depuis avril 2020, le marché obligataire corporate norvégien est un bon véhicule d’investissement pour s’exposer à la couronne norvégienne sans nécessairement avoir une conviction forte. Le marché primaire high yield nordique a retrouvé son dynamisme depuis la fin de l’été et l’entreprise Hospitality Invest a par exemple lancé une nouvelle émission la semaine passée pour un montant de 700 millions de couronnes. L’obligation, d’une échéance de trois ans, paie un coupon flottant Nibor 3 mois plus une prime de 700 points de base, ce qui représente un rendement actuel de 9.85%, à comparer à une LTV (ratio emprunts/valeur des actifs) de 13% uniquement. Hospitality Invest est une société d'investissement privée contrôlée par les frères Roger Adolfsen et Kristian A. Adolfsen. Depuis son siège social à Oslo, la société gère des investissements dans les segments suivants: crèches, EMS, foyers d’accueil, recrutement, hôtellerie et immobilier. On peut également trouver des opportunités sur le marché secondaire, telles que l’obligation de Lakers Group AB, leader scandinave de l’approvisionnement en eau et du traitement des eaux usées, qui mature en juin 2025 et offre un rendement de 9.20%. Modex AS, fournisseur de conteneurs offshore, dispose quant à lui d’un emprunt échéance mars 2026 qui rapporte également plus de 9% de rendement.

Plus généralement, les rendements obligataires deviennent à présent plus attractifs que les rendements offerts par les actions, ce qui devrait inciter les investisseurs à s’intéresser de plus près au marché obligataire.

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