Energie: la Norvège comme alternative à la Russie

Michel Prouteau, Pareto Asset Management

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La guerre en Ukraine est une opportunité unique pour toutes les énergies en provenance de Norvège qui couvre déjà 20% des besoins européens en gaz naturel.

A la suite de l´intervention militaire russe en Ukraine, l’Europe s'apprête à réduire drastiquement ses importations de gaz russe et les pays les plus dépendants vont devoir accélérer la diversification de leurs sources d´approvisionnement pour répondre au double objectif d’indépendance géostratégique et de transformation de leur mix énergétique (respect des objectifs des accords de Paris).

Cette inflexion majeure et soudaine, provoquée par la guerre en Ukraine, constitue une opportunité unique pour la Norvège.

Les norvégiens ont même «découvert le pétrole deux fois», grâce à un taux de taxation record des profits des compagnies pétrolières.

Tout le monde connait la croissance, sans égale en Europe, enregistrée par le royaume scandinave lors des 40 dernières années, alimentée par la construction d’une industrie pétrolière, suite à la découverte du gisement Ekofisk en 1969. Les norvégiens ont même «découvert le pétrole deux fois», grâce à un taux de taxation record des profits des compagnies pétrolières (78%). Cette manne fiscale est venue alimenter le «Government Petroleum Fund» qui s´est imposé au fil des années comme le fonds souverain le plus important au monde.

Grâce à ses immenses gisements en mer, la Norvège couvre d´ores et déjà 20% des besoins européens en gaz naturel contre 45% pour la Russie. Mais, dans le contexte de tensions géopolitiques actuelles, la construction du gazoduc «Baltic Pipe» vient d´être relancée et, une fois achevé en fin d´année, il devrait permettre d’acheminer 10 milliards de m3 de gaz norvégien vers la Pologne, de quoi couvrir la moitié de sa consommation annuelle.

«Vraiment gâtée par la nature»

Mais, avant même de découvrir cette manne pétrolière qui dormait offshore, la Norvège avait développé une filière énergétique «onshore» de première importance: l´hydro-électricité. Grace à des conditions géographiques idéales (côtes montagneuses sujettes à une forte pluviométrie), un véritable réseau de centrales hydro-électriques a été construit depuis le début des années 1900. Il représente à présent près de 96% de l’électricité produite dans le pays. Production qui n´a cessé de croître ces dernières années pour alimenter tout un cluster d´activités liées aux énergies renouvelables (voitures électriques, datacenters, usines de batteries, etc.). A tel point que la Norvège est devenue le premier exportateur d’électricité en Europe l´année dernière!

Plusieurs majors ont mis en place des consortiums avec des spécialistes des énergies renouvelables pour déployer des parcs éoliens offshore.
«Expertise dans l´offshore»

Par ailleurs, la Norvège dispose de la deuxième plus longue côte au monde; façade maritime qui plus exposée aux vents de l’Atlantique Nord. Une nouvelle fois, des conditions géographiques favorables qui devraient permettre de développer ce sous-segment du secteur de l’énergie: l´éolien. Les projets actuels sont encore limités: 4,5 GW soumis à appels d´offre. Mais le potentiel est énorme si on considère l´Ecosse comme une référence (25 GW de licences octroyées sur le pourtour de ses côtes septentrionales).

Surtout, la Norvège peut s’appuyer sur une longue tradition d´innovations industrielles et technologiques dans le secteur pétrolier offshore. D’ores et déjà plusieurs majors (BP, Shell, ENI, Equinor, etc.) ont mis en place des consortiums avec des spécialistes des énergies renouvelables (Orsted, Statkraft, Lyse, Parkwind, etc) pour adresser ce marché et déployer des parcs éoliens offshore, posés ou flottants.

Face à des besoins de financement sans doute considérables, là aussi, le marché Nordic High Yield a déjà démontré sa capacité à financer ex nihilo une industrie pétrolière à haute intensité capitalistique.

Au final, le «New Deal» énergétique en préparation au sein de l´Union européenne, provoqué par l´intervention des troupes russes en Ukraine, devrait profiter à la Norvège, et plus généralement à la Scandinavie, forte de sa culture entrepreneuriale.

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