Est-ce la fin du facteur valorisation?

Joan Lee, Unigestion

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Ce style d’investissement connu comme générateur de performance à long terme n’aurait pratiquement pas généré de gain depuis 2014.

L’achat d’actions «bon marché» et la vente d’actions dont le prix est jugé comparativement trop élevé par rapport aux fondamentaux des sociétés concernées est la pratique qui se trouve au coeur du facteur «valorisation» dans les marchés d’actions. Les investisseurs détenant de telles positions ont été mis à mal ces dernières années: ce style d’investissement pourtant reconnu comme générateur de performance à long terme n’aurait pratiquement pas généré de gain depuis 2014.

De nombreux investisseurs se posent donc désormais la quesiton suivante: est-ce la fin du facteur valorisation?

Depuis le début de l’année 2018, la perte maximale en capital pour la prime de risque valorisation sur les marchés d’actions a dépassé les 6%, et certains gérants d’actifs ont souffert de pertes encore plus importantes.

Le comportement récent de cette prime de risque
n’a rien de nouveau et est caractéristique lors de la fin des phases de croissance.

Plus tôt dans l’année, la recorrélation inattendue entre les facteurs valorisation et momentum (technique consistant à combiner des positions longues dans les actions ayant surperformé dans le passé récent et vice-versa) a encore aggravé la situation pour les fonds d’actions neutres au marché basés sur la collecte de primes de risque.

Par conséquent, un examen des chiffres isolés peut sembler assez inquiétant. Le mois dernier et les parallèles historiques peuvent-ils toutefois donner une image différente?

En réalité le comportement récent de cette prime de risque n’a rien de nouveau et est caractéristique lors de la fin des phases de croissance. Parmi les exemples notables de sous-performance persistante, on peut citer la période 1998-2000 au cours de laquelle le facteur a subi des pertes maximales de plus de 10%. 

Il reste néanmoins important de noter qu'à maintes reprises, la prime de risque de valorisation a par la suite surperformé après des périodes douloureuses de sous-performance. Ainsi, plutôt que de nous demander si les primes de risque fondées sur ce type d’actions ont dépassé leur date de péremption, ne devrions-nous pas réellement nous demander si nous sommes sur le point de con-naître une résurgence dans les mois et les années à venir?

Il est important que les investisseurs envisagent de diversifier
l’éventail des primes de risque alternatives auxquels ils s’exposent.

A titre d’exemple, le facteur valorisation était en hausse de 1,2% sur le mois au 11/10/2018, pen-dant une période de turbulences sur les marchés où le MSCI World Net TR (USD) était en baisse de 6,3%. Par ailleurs, la corrélation entre les facteurs valorisation et momentum qui pesait auparavant sur les performances revient aujourd’hui à des niveaux normaux, ce qui devrait profiter aux gé-rants cherchant à exploiter cet effet de diversification.

Dans l’ensemble, la prime de risque valorisation sur les actions a fait ses preuves depuis de nom-breuses décennies, et on pourrait être convaincu que les facteurs fondamentaux qui la sous-tende signifient qu’elle a encore de beaux jours devant elle. En outre, il est important que les investis-seurs envisagent de diversifier l’éventail des primes de risque alternatives auxquels ils s’exposent, de sorte à ne pas dépendre trop de l’une d’entre elle en particulier. On pourrait croire fortement à la combinaison d’un certain nombre de facteurs actions avec d’autres primes de risque alternatives implémentées dans de multiples classes d’actifs et qui présentent des sensibilités différentes aux régimes macroéconomiques.

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