Deux changements sur les marchés financiers

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L’assouplissement monétaire sera moins fort qu’attendu et les marchés actions deviennent moins concentrés. Un chevauchement inhabituel.

Nous assistons actuellement à une double évolution sur les marchés financiers: l’assouplissement monétaire sera moins fort qu’attendu et les marchés actions deviennent moins concentrés. En termes de dynamique monétaire, les acteurs du marché pensaient fermement que l'inflation pourrait être rapidement vaincue, d'autant plus que le renchérissement des denrées alimentaires et de l'énergie avait certes entraîné une hausse des revendications salariales, mais n'avait pas déclenché de spirale prix-salaires.

Aux Etats-Unis, l'inflation est repartie à la hausse, brisant la dynamique de baisse. En mars 2024, l'inflation est passée à 3,5% en glissement annuel contre 3,2% en février. En zone euro, la désinflation s’est poursuivie mais celle sous-jacente reste encore à 2,9% sur un an.

Des risques continuent d'émaner de l'évolution des salaires, et la récente hausse du prix du pétrole à environ 90 dollars le baril est de nouveau source d'incertitudes. Ramener l'inflation en dessous de l'objectif à moyen terme de 2% n’est pas simple pour la BCE et la Fed. Par conséquent, entre 2 et 3 baisses des taux directeurs aux Etats-Unis et en zone euro.

Aux Etats-Unis, la hausse des marchés actions s’est relativement élargie. En Europe, la concentration est moins importante.

Sur les marchés actions, la concentration semble derrière nous. Aux Etats-Unis en 2024, la concentration de la performance de l’indice S&P500 s’est prolongée mais certaines valeurs ont baissé (Tesla et Apple), d’autres ont continué à progresser (Nvidia, Microsoft, Meta) et de nouvelles sont apparues (Eli Lilly, Broadcom). Cela signifie que la hausse des marchés actions s’est relativement élargie.

En Europe, la concentration est moins importante. Le principal contributeur au Stoxx600 en 2024 est le producteur de semi-conducteurs ASML, l'entreprise pharmaceutique danoise Novo Nordisk et l'expert allemand en logiciels SAP. Des entreprises comme LVMH, Shell ou Unicredit figurent également parmi les sept premiers contributeurs en Europe.

Pour l’investisseur, cela signifie que la fin de la vague des 7 Magnifiques est passée, qu’il est temps de diversifier davantage. Cela ne signifie pas qu’il faut se désinvestir des valeurs technologiques. Celles-ci profitent de la numérisation et de l'intelligence artificielle. Mais d'autres tendances - par exemple les changements de comportement des consommateurs ou les innovations dans le domaine de la santé et de la pharmacie - vont également, selon nous, fortement influencer les marchés financiers.

Les évolutions sont récurrentes sur les marchés financiers mais il est inhabituel que deux changements de ce type se chevauchent dans le temps. Nous restons ainsi neutres sur la pondération des actifs et restons sélectifs au sein des marchés actions et privilégions les valeurs selon le modèle économique, le niveau de cash-flow et la valorisation des entreprises.

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