Des opportunités sur les marchés obligataires émergents

Cosmo Zhang, Vontobel

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A l'exception de la Chine la croissance économique globale des marchés émergents asiatiques reste forte.

© Keystone

Les marchés financiers restent compliqués. D'une part, les rendements des bons du Trésor américain ont continué à grimper au cours du troisième trimestre, les taux d'intérêt nominaux et effectifs atteignant leurs plus hauts niveaux depuis 2003. Cela signifie que les taux commencent à devenir restrictifs et, par conséquent, nous ne pensons pas que la Fed les augmentera davantage. Pour les marchés émergents, la volatilité devrait ainsi commencer à diminuer. D’autre part, le secteur immobilier chinois est toujours sous pression. Toutefois, nous pensons que les valorisations actuelles sont attrayantes pour les investisseurs à moyen terme.

Nous continuons à observer de près l'évolution de l'inflation. Les marchés émergents ont été les premiers à lutter contre l'inflation et constatent aujourd'hui qu'elle diminue rapidement, même dans des régions comme l'Europe de l'Est, confrontée à la guerre en Ukraine. En Asie, l'inflation a atteint les niveaux pré-Covid. Nous nous attendons à ce que la désinflation s'accélère encore sur les marchés émergents lors des 12 prochains mois. Cela devrait permettre aux banques centrales des marchés émergents d'assouplir davantage leurs politiques monétaires pendant le reste de l'année (le Brésil, le Chili, la Hongrie et plusieurs autres pays ont déjà commencé à le faire). Actuellement, l'écart d'inflation entre les marchés émergents et les marchés développés est faible. C’est un signe positif car cela montre que les monnaies des marchés émergents ont su traverser l’inflation.

L'économie chinoise semble avoir enfin passé le creux de la vague, les ventes au détail et la production industrielle ayant surpris à la hausse ces derniers mois et les indices PMI s'étant stabilisés. Bien que la crise immobilière risque de perdurer pendant encore quelques années, il semble que le pire soit passé. Si la Chine ne devrait plus être le moteur de la croissance mondiale, il est peu probable qu'elle la freine. Entre temps, les perspectives d'autres grands marchés émergents, tels que l'Inde, le Brésil et le Mexique, ont continué à s'améliorer, ce qui montre que les perspectives des marchés émergents ne sont finalement pas si tributaires de la Chine.

Se concentrer sur la qualité d'un portefeuille, être sélectif et ajouter des sources de diversification permettent de naviguer sur les marchés et de trouver des opportunités attrayantes.

La croissance globale des marchés émergents asiatiques (hors Chine) reste robuste, soutenue par de grandes économies tournées vers le marché intérieur, comme l'Inde et l'Indonésie, qui sont moins affectées par le ralentissement de la croissance chinoise. L'Inde, qui a été un phare en Asie grâce à sa demande intérieure qui continue de soutenir la croissance, devrait devenir l’économie à la croissance la plus rapide au monde en 2023 et en 2024. L'inclusion récente de l'Inde dans l'indice JPMorgan des obligations mondiales en monnaie locale (GBI-EM) devrait également soutenir une position du compte extérieur qui s'améliore déjà structurellement. La participation accrue des investisseurs étrangers sur les marchés locaux devrait améliorer les conditions de financement déjà solides sur les marchés intérieurs de l'Inde. En conséquence, les bilans des entreprises devraient bénéficier d'un accès au financement plus facile et bon marché.

A l'instar de l'Inde, l'Indonésie se trouve également dans une situation favorable par rapport à d'autres économies émergentes d'Asie. L'économie indonésienne, axée sur le marché intérieur, s'est montrée moins vulnérable au ralentissement des exportations que ses voisins, alors que la demande mondiale s'est affaiblie cette année. Grâce aux investissements substantiels du gouvernement dans les infrastructures avant les élections de 2024, le FMI projette une croissance du PIB indonésien de 5% en 2023 et du même ordre en 2024. Les nouvelles économies, comme la chaîne d'approvisionnement des batteries de véhicules électriques, ont entraîné une forte demande de matières premières, comme le nickel, dont l'Indonésie possède d'énormes gisements. Nous pensons que cela pourrait conduire à des investissements importants dans le pays et offrir aux investisseurs soucieux des critères ESG de nouvelles opportunités de diversification pour s’éloigner du charbon.

Pour un investisseur obligataire, les perspectives favorables de ces pays peuvent également constituer un défi, car les bonnes nouvelles sont largement connues de la communauté des investisseurs, ce qui rend plus difficile la recherche d'obligations présentant des valorisations attrayantes dans ces pays.

Dans le secteur souverain, nous continuons à trouver des obligations indiennes en monnaie locale avec des valorisations décentes. En ce qui concerne les devises fortes, les obligations souveraines indonésiennes sont parmi les plus chères par rapport aux fondamentaux, même dans le sous-ensemble «investment grade» de la classe d'actifs. En revanche, plusieurs entreprises indonésiennes offrent encore des valorisations raisonnables et attrayantes. Dans l'ensemble, il ne suffit pas de s'assurer d'investir dans des régions où les perspectives sont bonnes ou les risques minimes, mais plutôt de vérifier que les risques sont correctement rémunérés, et cet équilibre risque-récompense peut varier considérablement entre les différentes sous-classes d'actifs des marchés émergents, même à l'intérieur d'un seul et même pays.

Alors que l’univers d'investissement reste exigeant, il convient de rappeler que se concentrer sur la qualité d'un portefeuille, être sélectif et ajouter des sources de diversification permettent de naviguer sur les marchés et de trouver des opportunités attrayantes. Une fois que les incertitudes sur la fin du cycle de hausses auront disparu, nous pensons que le marché se sentira plus à l'aise avec des positions longues, ce qui signifie que 2024 pourrait être un marché plus favorable aux obligations que les 12 derniers mois.

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