Coup de projecteur sur l’expertise

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C’est autour de profils très différents de ce que l’imaginaire projette du banquier suisse que tournait la conférence de presse de Vontobel, avec Andreas Utermann.

Président du Conseil d’administration de Vontobel depuis 6 semaines, Andreas Utermann donnait mercredi une conférence de presse à Genève, accompagné de Caroline Knöri, responsable des ressources humaines du groupe.

Peu d’emphase sur la stratégie d’investissement ou les produits financiers, place au profil des employés, bien différent de l’imaginaire ordinairement associé au banquier suisse. Il est vrai que Vontobel est très centré sur la technologie et que Caroline Knöri, arrivée chez Vontobel il y a quatre ans, vient de chez Google.

Un modèle multiboutique très digitalisé

«Les activités de l’AM se sont développées, du ‘one trick pony’ au ‘multi trick pony’ avec pour moteurs une croissance organique et des acquisitions ciblées» explique Andreas Utermann. Vontobel a rationalisé son réseau de succursales étrangères et concentré la tenue des transactions sur deux centres, l’un en Suisse et l’autre en Allemagne. Parallèlement, le wealth management s’est étendu en Asie, aux Etats-Unis et en Italie. Au-delà de la croissance organique, un certain nombre d’acquisitions ont renforcé l’emprise du groupe mais surtout, Vontobel a beaucoup investi dans les outils digitaux, des investissements qui selon Andreas Utermann ont porté leurs fruits.

Moins de RM, plus d’ingénieurs

Si Vontobel continue, bien évidemment, à recruter des Relationship managers (RM), le groupe cherche depuis plusieurs années à attirer des expertises de nature bien différente pour construire et faire évoluer ses nombreuses plateformes digitales dont VOLT, son application d’investissement.  Data scientists, digital experts, spécialistes de la cybersécurité et analystes quantitatifs sont donc en demande. Des denrées finalement assez rares car ces profils ont souvent tendance à préférer les entreprises de tech ou les startups à la finance. Quant aux RM, leur profil a aussi changé. Ils doivent être dotés d’une meilleure connaissance des marchés et se montrer «capables de naviguer dans un environnement hautement réglementé» explique Caroline Knöri.

Nouvelles exigences

Certes la rémunération reste un critère important mais les candidats placent d’autres aspects parmi leurs priorités. Pouvoir «faire la différence», avoir accès aux dirigeants de haut niveau, évoluer dans un cadre collaboratif, voir son travail reconnu et investir en conformité à des normes ESG sont devenus des paramètres de choix important. Sans oublier d’autres aspects plus prosaïques comme la flexibilité sur les jours de travail, le travail à distance … et des conditions intéressantes sur l’accès des services de banque en ligne et de trading. Il n’y a toutefois pas de règles générationnelles rigides. «Tous les jeunes ne veulent pas travailler à distance et tous les plus âgés ne sont pas forcément adeptes de la présence au bureau» estime Caroline Knöri.

Un travail à distance pas si évident

Les modèles flexibles et en particulier le télétravail sont très demandés depuis la pandémie et Vontobel reconnait ce besoin mais … il existe toutes sortes de problématiques liées au permis de séjour et de travail des employés citoyens de pays tiers résidant dans un canton autre que leur canton d’emploi et plus encore associées aux employés frontaliers, notamment résidant en France avec laquelle l’accord à l’amiable conclu1 durant la pandémie arrive à échéance le 30 juin. Pour les Suisses et les permis C, le télétravail devrait être possible en Suisse, la pandémie ayant démontré que les modèles flexibles n’avaient pas d’impact négatif sur la productivité.

20% de femmes dans les postes d’encadrement supérieur

Un chiffre qui laisse pensif même si la proportion est à la hausse, avec trois femmes au Global Executive Board. L’émulsion «finance suisse/femmes» ne prend décidément toujours pas. Pas plus chez Vontobel qu’ailleurs, malgré un taux de retour des femmes après leur congé maternité de 100% dont s’enorgueillit le département des ressources humaines, un congé paternité d’un mois et une initiative mentorat pour favoriser le retour des salariées. Les structures d’accueil des petits enfants restent insuffisantes en Suisse et une certaine idée de la famille continue probablement à prévaloir.

 

1 Selon cet accord temporaire, le travail à distance n’avait pas d’incidence sur le régime d’imposition ou de protection sociale des frontaliers.

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