Correction significative non exclue

Chris Iggo, AXA Investment Managers

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La croissance est certes ralentie, mais elle n’est pas immobilisée. Septembre et octobre seront sans doute les mois les plus volatiles.

  • L’économie mondiale lutte contre le variant Delta, les pertes du pouvoir d’achat, l’inflation grandissante, la baisse de la production industrielle et le ralentissement économique en Chine 
  • Mais tout ceci n’est que provisoire: certes la croissance est ralentie, mais elle n’est pas immobilisée 
  • On ne peut cependant exclure une grande correction, et septembre et octobre seront sans doute les mois les plus volatiles 

En Europe, l’économie s’est remise plus tard des diminutions importantes du PIB de l’année dernière que la Chine et les USA. Désormais, après avoir fait face à la première demande de rattrapage, l’Europe est stable alors que la croissance diminue fortement ailleurs. Nous assistons à un regroupement de plusieurs facteurs négatifs qui se renforcent mutuellement et diminuent la croissance. 

Toutefois, cette situation ne durera pas: ainsi, la vague du variant Delta semble avoir atteint son pic aux USA et devrait lentement perdre de sa puissance. Il est vrai que le pouvoir d’achat a diminué. Mais dans les pays industrialisés, les budgets des ménages sont performants du fait des économies réalisées l’année dernière. Les problèmes des chaînes logistiques persisteront sans doute pendant encore un certain temps mais il y a des signes indicateurs, annonçant une diminution progressive de la hausse des prix. Le ralentissement économique en Chine est réversible car il est principalement dû aux décisions politiques qui ont été prises. Le gouvernement va renoncer à des mesures trop radicales afin d’assurer la stabilité sociale. Nous croyons donc que Pékin va rétablir une politique plus centrée sur la croissance d’ici la fin de l’année. 

Néanmoins, la situation sur les marchés n’est pas simple étant donné que tous avaient compté sur la fin de la pandémie et des temps calmes. L’optimisme conjoncturel de la Banque centrale européenne (BCE) et les discussions concernant une augmentation éventuelle de l’inflation étaient prématurées. Dans notre scénario de base, la croissance n’est pas suspendue même si elle est freinée. Et les attentes d’une normalisation modérée de la politique monétaire ont peu changé. Toutefois, la situation pourrait devenir plus turbulente sur les marchés dans les semaines et les mois à venir. 

Bonnes données fondamentales mais évaluations onéreuses 

D’un côté, les classes d’actifs à risques – crédits (emprunts obligataires) et les actions – ont profité au cours des 18 derniers mois avant tout de la politique monétaire et fiscale très expansionniste, du développement des vaccins et enfin de la normalisation de la conjoncture. Tout ceci a entraîné des rendements très supérieurs à la moyenne. Vu les données fondamentales, il n'y a donc aucune raison d'être véritablement pessimiste.

D’un autre côté, sur les marchés il n’y a pas que les données fondamentales qui comptent. De nombreux marchés et catégories d’actifs, surtout les obligations, sont devenus assez chères. Les rendements mais aussi les écarts créditeurs ont atteint un niveau très bas, une situation rare depuis la crise financière internationale, et sur les marchés des actions, les PER de marché ont continué d’augmenter bien que les attentes concernant les bénéfices aient aussi été à la hausse. De grands défis s’imposent à ceux qui désirent investir maintenant. 

La recherche de bénéfices pourrait déclencher une forte correction du marché 

Les problèmes d’offre persistants, l’augmentation massive du prix de l’énergie, les difficultés sur le marché des capitaux chinois et les tensions politiques internationales mettent la croissance en danger, ce qui rend les investisseurs nerveux et contribuent au pessimisme des banques d’investissement. Certes, de nombreux problèmes actuels pourraient être résolus en améliorant l’offre ou en prenant des mesures politiques. Toutefois, on pourrait assister à une correction prononcée du marché du fait de la volonté croissante de réaliser des bénéfices, même si elle reste peu affichée. Les rendements des obligations souveraines des Etats-Unis pourraient alors diminuer d’environ un pour cent, les écarts créditeurs pourraient augmenter et les cours des actions continueraient de baisser. Les devises comme le franc suisse, le yen du Japon ou le dollar des Etats-Unis pourraient en profiter. 

Dans les prochains mois, il faudra compter sur une volatilité supérieure à maintenant 

Malgré les risques de ce scénario négatif que l’on ne peut exclure totalement, on ne devrait pas oublier que ceci pourrait constituer une opportunité. Si la volatilité augmente, les banques centrales pourraient poursuivre leur politique monétaire expansionniste pendant encore un certain temps. La Fed pourrait même retarder le tapering si la liquidité du marché diminue. Si la politique fiscale reste expansionniste, la croissance n’est pas en danger. 

Toutefois, une correction du marché dans les mois de septembre et d’octobre traditionnellement volatiles pourrait déclencher des opportunités d’achat, d’autant plus que l’année prochaine, il faudra compter sur une baisse de l’inflation et une amélioration des chaînes logistiques. D’ici là, nous devrions compter sur une volatilité supérieure à celle des huit premiers mois de cette année. Les très gros bénéfices sur les actions devraient faire partie du passé et sur les marchés des capitaux, on prend lentement conscience de certains risques sur le moyen terme. La plus grande surprise serait d’apprendre que les rendements des Etats-Unis sur dix ans sont aussi bas qu’au début de l’année, autrement dit d’un pour cent. Les pessimistes concernant les titres obligataires auraient alors encore une fois de plus misé sur le mauvais cheval.

 

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