COP27: des paroles et des actes

Nick Parsons, ThomasLloyd Group

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Le grand défi en ces temps de guerre et de forte inflation est de placer la résilience, la sécurité énergétique et la lutte environnementale au cœur de tout plan économique.

Près d'un an s'est écoulé depuis la conférence COP26 ; il est temps de réfléchir à sa portée et aux mesures à prendre. Son plus grand succès – qui ne doit pas être sous-estimé en ces temps troublés et divisés - a sans doute été la manifestation d'un objectif commun et d'une solidarité internationale sur la question du changement climatique.

Alors que de nombreux commentateurs avaient prédit un échec, la diligence et la détermination du président de la COP, Alok Sharma, ont permis de mener des négociations intenses et complexes entre 120 dirigeants mondiaux.

Le résultat n'a certes pas été parfait. Le manque d’urgence à agir était profondément préoccupant et les promesses de parvenir à des émissions nettes de CO2 nulles d'ici à 2070 dépassaient de loin les délais requis par les climatologues.

De même, l'abandon prévu des combustibles fossiles s'est finalement révélé être un compromis décevant. Au lieu d'un engagement à «éliminer progressivement» l'utilisation du charbon dans la production d'énergie, la formulation a été modifiée à la dernière minute en «réduction progressive».

Malgré ces lacunes, des succès plus tangibles ont été obtenus, comme la clarification des détails opérationnels de la mise en œuvre de l'accord de Paris, et 30 pays ont exprimé leur détermination à ce que toutes les nouvelles ventes de voitures et de véhicules utilitaires soient des véhicules zéro carbone d'ici à 2040 au niveau mondial et à 2035 sur les principaux marchés.

En outre, l'initiative Mobilist du Foreign and Commonwealth Development Office (FCDO) du Royaume-Uni a été très bien accueillie. Ce programme vise à catalyser des flux de capitaux importants et durables, nécessaires à la réalisation des ambitions des pays en développement en matière de développement et de politique climatique.

Mobilist est un exemple notable du type d'initiative de capital public-privé nécessaire pour combler le déficit de financement des infrastructures d'énergie durable dans les régions à croissance rapide où la demande d'énergie continue de croître de manière exponentielle. Le gouvernement britannique envoie un signal fort à ses homologues, faisant preuve de leadership en fixant des ambitions climatiques soutenues et en plaçant la barre plus haut pour les initiatives de financement climatique.

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Alors que le ralentissement de la croissance économique, la hausse des prix de l'énergie et la hausse des taux d'intérêt pèsent sur les budgets des gouvernements du monde entier, il sera encore plus difficile d’atteindre l'objectif de 100 milliards de dollars par an pour le financement climatique dans les pays en développement.

Le fait est que les pays développés ont externalisé et délocalisé des capacités de production polluantes dans les pays en développement et importé des produits finis, tout en s'attribuant le mérite de la réduction des émissions de CO2 sur leur propre territoire.

Le résultat net de ces délocalisations, ainsi que de la forte progression de la demande intérieure dans certaines des économies à la croissance la plus rapide au monde, est que l'Asie produit désormais plus de la moitié des émissions de CO2 de la planète. En fait, nos recherches montrent que l'intensité carbone du PIB des huit plus grandes économies d'Asie est plus de quatre fois supérieure à celle des plus grands pays d'Europe.

Les pays du G7 ont tous connu leur propre révolution industrielle, du Royaume-Uni au XVIIIe siècle aux Etats-Unis, au Japon et à l'Allemagne au XIXe siècle. Toutes ces périodes ont été marquées par une croissance rapide de l'innovation, de la production et du niveau de vie, au prix d'une dégradation et d’une pollution extrêmes de l'environnement.

Que ces pays donnent aujourd’hui des leçons aux nations en développement ou qu’ils leur refusent leur propre transformation économique relève de la pure hypocrisie. Au lieu de cela, ils devraient travailler en partenariat et contribuer à fournir les capitaux et les technologies nécessaires à une transition énergétique équitable et juste.

Le plus grand défi en ces temps troublés de guerre et de crise du coût de la vie est de placer la résilience, la sécurité énergétique et la protection de l'environnement au cœur de tout plan économique.

Cela signifie le développement d'une électricité propre, produite localement, et d'infrastructures d’énergie durable. Chaque mégawatt d'énergie renouvelable produit réduit la dépendance à l'égard des combustibles fossiles importés et renforce la sécurité économique.

Dans l'attente de la COP27, le grand espoir est que les parties joignent les gestes à la parole et tiennent les promesses faites jusqu'à présent.

Il ne fait aucun doute que d'importantes pressions concurrentes pèsent sur les finances publiques, mais comme l'a fait remarquer l'ancien premier ministre français Pierre Mendes-France, «gouverner, c'est choisir». Les pays développés sont confrontés au choix d'honorer leurs engagements - ou y renoncer -, de travailler dans le cadre d’un partenariat mondial ou dans un isolement unilatéral.

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