Construire un portefeuille d’actions vertes requiert une discipline de long terme

Peter Garnry, Saxo Bank

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Si la diversification est clé, comme dans n’importe quel secteur, il est important de définir exactement ce qu’est une action verte.

La plupart des investisseurs souhaitent s’engager dans le secteur de la transition énergétique. Si la diversification est clé, comme dans n’importe quel secteur, il est important de définir exactement ce qu’est une action verte. De plus, un horizon d’investissement de long terme est indispensable afin de capter les meilleures tendances et innovations du secteur, comme par exemple dans le domaine des véhicules électriques ou des batteries.

Si les ETF peuvent couvrir l’ensemble des énergies renouvelables, les actions vertes ne se limitent pas qu’à ce seul secteur et permettent une réelle diversification dans le domaine de la transition énergétique. Les titres verts sont ceux qui tendent vers l’objectif «zéro émission nette» à l’horizon 2050/2060. Il peut donc s’agir d’entreprises opérant dans les services environnementaux (purification de l’eau, recyclage de certains matériaux…), dans la production d’énergie à faible émission de carbone (éolien, solaire…) ou dans le domaine des véhicules électriques ou des batteries entre autres.

Le secteur des énergies vertes a connu cette année une inhabituelle sous-performance par rapport au secteur des énergies conventionnelles. Celle-ci est due à un effet technique momentané lié à la transition que connaît actuellement ce secteur. Sa percée sans précédent lors de l’année écoulée s’est traduite par une valorisation importante des sociétés, contrairement à l’industrie pétrolière qui a souffert de la pandémie. De plus, la hausse des prix des matières premières en 2021 a affecté la production d’infrastructures d’énergie verte (éoliennes, panneaux solaires) dont les coûts de production sont élevés.

Il est intéressant de noter la progression de la valorisation de l’industrie automobile depuis que la voiture électrique est devenue incontournable.

Dans un futur proche, le secteur des énergies vertes devrait être l’un des principaux moteurs de la croissance économique. Dans l’histoire humaine récente, chaque grand changement qui a été initié par une innovation est devenue par la suite l’un des plus grands secteurs économiques mondiaux. Nous sommes également convaincus qu’à l’avenir, certaines des plus grandes entreprises du monde trouveront le moyen de résoudre les difficultés environnementales auxquelles notre planète fait face, de même que les plus grandes entreprises actuelles ont joué un rôle clé dans les domaines des technologies de l’information, de la technologie mobile, de l’énergie et des transports, et été à l’origine d’importantes innovations.

Il devient difficile d’investir dans le secteur des énergies vertes lorsque l’on recherche une technologie très spécifique ou que l’horizon temporel est court. Les sources d’énergie qui pourraient s’imposer sont nombreuses et variées (l’éolien, le solaire, l’hydraulique ou même le nucléaire ou la fusion), mais à l’heure actuelle, il est extrêmement difficile de prédire celle qui l’emportera sur les autres. D’un autre côté, on a vu des bulles éclater dans le secteur des énergies vertes, comme en 2007/2008. Cela pourrait se reproduire. Ainsi dans ce secteur, la prudence s’impose par la diversification et par une stratégie de long terme qui bénéficieront à l’investisseur.

L’année 2021 a été difficile pour le secteur de la transformation verte. L’énergie solaire a beaucoup souffert, principalement du fait de la hausse du coût des matières premières qui, d’une manière générale, a affecté tous les secteurs de la production énergétique. Les domaines ayant le mieux tiré leur épingle du jeu cette année sont ceux des services de transformation verte et ceux des batteries et du stockage d’énergie – un constat logique, dans la mesure où ces secteurs sont liés au développement des véhicules électriques.

Si l’on se fie aux études portant sur les avoirs des particuliers qui investissent, il ne fait aucun doute que Tesla figure habituellement dans le top cinq de leurs actifs. À partir de là, il y a comme un effet de propagation vers les autres fabricants de voitures électriques. Il est intéressant de noter la progression de la valorisation de l’industrie automobile depuis que la voiture électrique est devenue incontournable, même si les résultats n’ont pas suivi. Si le marché a raison, cela signifie que les constructeurs de voitures pourront générer davantage de profits en fabriquant des voitures électriques plutôt que thermiques.

Ce sont les fabricants de batteries qui ont de bonnes chances de tirer le plus grand profit de l’industrie de la voiture électrique.

D’après des entreprises comme Tesla ou Volkswagen par exemple, la voiture tout électrique serait la voie de l’avenir. Cependant, on note avec intérêt que Toyota, premier constructeur automobile du monde, semble privilégier le développement de voitures hybrides plutôt qu’intégralement électriques. Aujourd’hui, 26% des véhicules vendus par Toyota sont hybrides. L’intérêt de Toyota pour les véhicules hybrides plutôt qu’entièrement électriques indique une situation financière plus solide que celles des entreprises ayant misé sur le tout électrique. Et il semblerait d’ailleurs que la plupart de ces dernières devront essuyer des pertes au début. Mais en même temps, Toyota est de plus en plus isolé à l’heure où les constructeurs automobiles sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les véhicules électriques.

Le secteur des batteries offre également d’intéressantes opportunités d’investissement. Les constructeurs automobiles détiennent traditionnellement les brevets à partir desquels la voiture a été construite. Mais cela va changer à mesure que les véhicules électriques gagneront du terrain, car la technologie de la batterie sera la propriété du fabricant de batteries, et non celle du constructeur automobile. Tout investisseur doit être conscient qu’il n’y aura au bout du compte que trois ou quatre entreprises qui produiront des batteries dans le monde, car leur fabrication est extrêmement sophistiquée et les barrières à l’entrée extrêmement élevées. Cela limite le nombre d’entreprises capables de rivaliser à ce niveau de complexité.

C’est pourquoi nous pensons que ce sont les fabricants de batteries qui ont de bonnes chances de tirer le plus grand profit de l’industrie de la voiture électrique.

Les prochaines grandes tendances dans le secteur des énergies vertes intègreront le nucléaire. Si l’éolien a encore un bon potentiel de croissance, ses limites devrait être rapidement atteintes. De même pour l’hydroélectrique qui occupe déjà la plupart des meilleurs emplacements de la planète. Côté énergie solaire, les opportunités de développement sont nombreuses et les technologies pourraient encore progresser. Il y a là un immense potentiel, même s’il souffre actuellement du prix des matières premières. Dans l’avenir, le nucléaire devrait gagner du terrain; l’UE commence à s’ouvrir à l’idée de l’utiliser comme source d’énergie verte, parce qu’il ne génère pas de CO2. De plus, la fusion nucléaire pourrait être l’une des solutions de demain.

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