Concilier durabilité et performance: guide pour les investisseurs multi-actifs

Laurens Swinkels, Robeco

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Les nouvelles directives de l'AEMF sur les fonds durables apporteront aux investisseurs davantage de transparence sur les opportunités d'investissement.

Au cours des six dernières années, les acteurs du marché ont assisté à l'un des changements les plus profonds de la politique d'allocation d'actifs au cours du siècle dernier: la durabilité des entreprises et des pays est devenue un critère important pour évaluer l'attractivité globale des investissements potentiels. Cette situation découle de la prise de conscience croissante que nous épuisons les ressources de la planète à un rythme insoutenable et potentiellement désastreux, alors que de nombreuses personnes voient leur bien-être menacé par le manque d'accès aux services de base. En réponse à ces défis, les gouvernements, les régulateurs et les investisseurs individuels ont été à l'avant-garde d'une transition vers un avenir plus vert et plus équitable.

Si les arguments moraux et l'enthousiasme pour ce changement de politique d'allocation d'actifs sont souvent convaincants, on peut s'interroger sur le manque de considération et de transparence sur la manière dont la durabilité et les notations ESG peuvent affecter les résultats des clients dans une perspective plus large de parcours d'investissement et de rendement. Si nous partons du principe qu'il n'y a pas de repas gratuit, quels sont les coûts associés à la poursuite d'une approche d'investissement plus durable dans un contexte multi-actifs (actions et obligations d'entreprises)? Il s'agit d'une question complexe qui nécessite une approche multidimensionnelle. Cela devrait permettre de tirer des conclusions plus tangibles et plus crédibles.

A l'avenir, les règles établies par l'Autorité européenne des marchés financiers devraient permettre une plus grande harmonisation des conditions requises pour qu'un fonds puisse utiliser des termes liés au développement durable dans son nom.

L'offre et la demande pour les investissements axés sur la durabilité

Comme dans tout marché, l'offre et la demande d'investissements durables peuvent varier selon le marché et le type d'actifs, mais l'appétit pour ces investissements est clairement en hausse. Cela peut devenir une prophétie auto-réalisatrice, car si la demande pour les entreprises ayant des références plus solides en matière de durabilité augmente, cette demande accrue peut à son tour profiter au prix de leurs actions. Sur le marché de la dette, cela pourrait entraîner une baisse des coûts de financement, comme le montrent les rendements légèrement inférieurs des indices d'obligations d'entreprises ayant de meilleures références en matière de durabilité.

Historiquement, l'utilisation du terme «durable» dans le nom d'un fonds était quelque peu «ouverte à l'interprétation», car il n'existait pas de norme sectorielle clairement définie. A l'avenir, les règles établies par l'Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) devraient permettre une plus grande harmonisation des conditions requises pour qu'un fonds puisse utiliser des termes liés au développement durable dans son nom. Il sera ainsi plus facile de distinguer les opportunités disponibles et de fixer une norme plus élevée pour le choix des investisseurs dans le domaine des fonds de développement durable.

Déterminer un score de durabilité: devons-nous adopter une perspective rétrospective ou prospective?

Un point de départ raisonnable consiste à définir un cadre qui détermine dans quelle mesure une entreprise peut être classée comme ayant un impact positif ou négatif sur la société du point de vue de la durabilité. Deux méthodes sont possibles: une notation qui analyse la manière dont les facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) affectent le profil risque/rendement d'une entreprise, ou un score qui mesure l'impact d'une entreprise sur la société et l'environnement.

L'évolution des directives de l'AEMF offrira transparence et normalisation des investissements

La demande croissante d'investissements durables a été une source de dynamisme au cours des six dernières années, et l'évolution des lignes directrices de l'AEMF sur les fonds liés au développement durable devrait offrir aux investisseurs une plus grande transparence et une normalisation dans la définition de la gamme des opportunités d'investissement disponibles.

Les divergences de performance révèlent les déséquilibres des univers durables entre régions

Cependant, les investisseurs doivent être conscients d'un certain nombre d'éléments lorsqu'ils réfléchissent à l'équilibre entre durabilité et rendement dans une perspective multi-actifs. Notre analyse montre que l'exclusion des parties les moins durables de l'univers d'investissement augmente généralement l'écart de suivi par rapport à l'ensemble du marché et peut conduire à des périodes de divergence significative des performances - à la fois positives et négatives. Ceci est en partie évident pendant les périodes de divergence significative des performances entre les secteurs ou les régions, lorsque les univers plus durables sont surexposés ou sous-exposés par rapport au marché.

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