Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La peur d’une crise financière 2.0 s’estompe, ce qui donne des ailes aux bourses. Le danger n’étant toutefois pas pour autant écarté, les investisseurs doivent rester prudents.

Les bourses terminent le mois en beauté. La crainte des investisseurs face à une crise financière 2.0 s’est quelque peu estompée. Les raisons sont dues d’une part au fait que la banque américaine First Citizens reprend tous les dépôts et les crédits de la banque Silicon Valley Bank qui s’est effondrée. D’autre part, UBS a créé la surprise: Sergio Ermotti, le président du CA de Swiss Re, rejoint de nouveau la grande banque le 5 avril en tant que chef du groupe. Il possède de l’expérience dans la restructuration et doit diriger l’intégration du Credit Suisse (CS). Les marchés des actions ont donc largement été orientés à la hausse durant la dernière semaine de mars. Il est néanmoins encore trop tôt pour sonner la fin de l’alerte. Le cours de l’action Deutsche Bank s’est certes stabilisé après sa chute, mais sans toutefois entamer un véritable contre-mouvement. Les primes pour les couvertures de défaillance de crédits (CDS) restent à un niveau élevé. En outre, le marché anticipe les premières baisses de taux d’intérêt par les banques centrales, ce qui comporte un certain risque de déception. En ce qui concerne l’exercice 2022, Skan et Accelleron ont entretemps communiqué de bonnes nouvelles. Le fournisseur pharmaceutique a pu nettement augmenter son chiffre d’affaires ainsi que son carnet de commande. Le fabricant de turbocompresseurs a quant à lui dépassé ses propres prévisions an un après sa scission d’ABB et veut verser un dividende. Grâce à un partenariat stratégique, le groupe de soins de santé Galenica et Shop Apotheke créent la plus grande pharmacie en ligne de Suisse.

Les actions suivantes étaient demandées au premier trimestre. Le Swiss Market Index (SMI) est en hausse de plus de 3% depuis le début de l’année. Ce trimestre a toutefois été marqué par des hauts et des bas. Encouragé par la fin du confinement dû au coronavirus en Chine, l’indice directeur a d’abord grimpé jusqu’à près de 11’500 points en janvier, soit son plus haut niveau depuis l’été 2022. Son élan a ensuite été freiné par les inquiétudes concernant les taux et la conjoncture. A la mi-mars, le SMI a chuté à 10’395 points à la suite du choc bancaire. Depuis, les bourses se sont quelque peu ressaisies. En Suisse, ce sont les actions du cimentier Holcim (+22%) qui ont principalement eu la faveur des investisseurs. Malgré la hausse du cours, le rendement du dividende s’élève toujours à 4,5%, ce qui est nettement supérieur à la moyenne du SMI (3,3%). Les titres du spécialiste des appareils auditifs Sonova et du groupe de biens de luxe Richemont étaient également demandés, affichant respectivement une hausse de 21% et de 20% par rapport au début de l’année. La lanterne rouge est tenue par le fabricant d’accessoires informatiques Logitech (-9%), le géant pharmaceutique Roche (-10%) et la grande banque Credit Suisse (-71%).

Entre stabilité des marchés financiers et stabilité des prix. Les dépôts à vue de la Banque nationale suisse (BNS) ont augmenté de 51,9 milliards de francs au cours de la semaine du 24 mars. Il s’agit de la plus forte hausse depuis août 2011. A l’époque, les autorités monétaires s’étaient opposées à l’appréciation du franc à la suite de la crise de la dette de la zone euro. La raison est due aux aides en liquidités accordées dans le cadre du sauvetage du CS. A première vue, cela semble être en contradiction avec la récente hausse des taux d’intérêt par la BNS. Mais les deux instruments visent des objectifs différents: Le premier vise en effet à assurer la stabilité des marchés financiers, tandis que le second vise à garantir la stabilité des prix. En outre, la BNS continue de vendre des devises afin de renforcer le franc et de lutter contre l’inflation importée.

Des bouchons et des grèves syndicales. Samedi, neuf heures et demie à Kreuzlingen. Une colonne de voitures se faufile à travers la frontière germano-suisse en direction de Constance. L’objectif: les nombreux supermarchés. Le tourisme des achats risque toutefois de perdre de plus en plus de son attrait à cause de l’inflation. Les prix des denrées alimentaires ont ainsi grimpé de 22,3% de l’autre côté de la frontière en mars par rapport à l’année précédente. En Suisse, le pain, le fromage et autres n’ont en revanche augmenté que de 6,5% récemment (février). Au vu de l’inflation élevée et persistante en Allemagne (mars: 7,4%), les revendications des syndicats locaux concernant des augmentations de salaires allant jusqu’à deux chiffres de pourcentage, ainsi que la grève d’avertissement de cette semaine qui les accompagne, semblent tout à fait justifiées. Pour de nombreuses personnes, il est en effet question de leur existence. Le revers de la médaille: La hausse des salaires alimente à son tour l’inflation.

Graphique de la semaine

Cette année, les rendements obligataires évoluent en dents de scie. Cela est dû aux préoccupations des investisseurs liées à l’inflation et à la conjoncture et, plus récemment, aux turbulences dans le secteur bancaire. Cette situation se reflète dans l’indice MOVE, qui mesure la volatilité implicite des obligations d’Etat américaines de différentes durées. Contrairement à son équivalent boursier VIX, le MOVE est actuellement coté non seulement au-dessus de sa moyenne à long terme, mais aussi à son plus haut niveau depuis la crise financière de 2008. Le durcissement de la politique monétaire des banques centrales va probablement encore faire jouer les marchés obligataires au yoyo.

GROS PLAN

La fin du moteur à combustion. A partir de 2035, plus aucun nouveau véhicule à moteur à combustion ne pourra être vendu dans l’UE, à l’exception des voitures qui consomment des carburants synthétiques neutres en CO2. Ce qui semble être une bonne chose à première vue, ne l’est cependant pas forcément. En effet, cette décision ne correspond pas à une transformation rapide et conséquente vers une mobilité durable.

LE PROGRAMME

Inflation en Suisse. La semaine prochaine, l’Office fédéral de la statistique (OFS) publiera les données de l’inflation pour le mois de mars. Nous tablons sur une pression sur les prix toujours élevée du côté des consommateurs.

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